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DES CONTAMINATIONS EN MYCOTOXINES INQUIÉTANTES

YANN MARTINOT, ORNE CONSEIL ELEVAGE

Une série d'analyses sur les ensilages maïs 2014 alerte sur des pratiques agronomiques à risque favorisant les fusarioses.

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DES CHUTES DE PERFORMANCES INEXPLICABLES sur quelques troupeaux laitiers que nous suivons avaient semé le doute sur la présence de mycotoxines. Nous avons alors décidé de réaliser une soixantaine d'analyses sur les ensilages maïs 2014, sans cibler particulièrement les exploitations à risque. La méthode Elisa a été choisie pour mesurer les contaminations au DON (une trichothécène) et au ZEN (zéaralénone), deux mycotoxines produites par un fusarium qui se développe au champ sur la culture. La première peut provoquer des baisses de production et des désordres digestifs, la seconde agit sur les performances de reproduction. Il n'y a pas de seuils officiels en ruminants pour évaluer la dangerosité du niveau de contamination du fourrage. C'est en s'inspirant de la bibliographie scientifique que nous avons déterminé quatre niveaux de risque, en prenant la précaution de balayer large. Le résultat de cette enquête montre un très fort niveau de contamination dans les élevages ornais : une moyenne à près de 1 800 ppb (parts per billion) par kilo de matière sèche de DON, c'est du jamais-vu dans les publications où les moyennes sont autour de 500 ppb/kg de MS. Aucun de nos résultats ne se classe dans la zone « sans risque ». La majorité se situe dans les « risques possibles » et quelques élevages ont des niveaux de contaminations inquiétants (voir infographie). Replaçons cela dans le contexte 2014 avec un été humide et chaud et des récoltes parfois tardives, qui ont été très favorables au fusarium. Dans la majorité, ces élevages ne connaissent pas de problèmes particuliers.

BAISSES DE PRODUCTION INEXPLICABLES

Mais les troubles de reproduction directement liés aux mycotoxines sont difficiles à repérer. Nous rencontrons plus fréquemment des baisses de production ou des diarrhées inexplicables. Elles apparaissent quand la part de maïs est importante dans la ration et peuvent disparaître au changement d'un silo. Cette enquête nous indique que le risque mycotoxine est très présent et nécessite toute notre attention. La première des préventions est de mieux gérer les fusarioses sur le maïs. Les facteurs favorisant sont connus : matière sèche élevée à la récolte, résidus végétaux en surface, monoculture ou rotations trop simplifiées. Cela se vérifie dans notre échantillon : les matières sèches les plus élevées, les ensilages très riches en amidon et la pratique du non-labour présentent 25 % de DON en plus. Les solutions passent donc par l'agronomie : une meilleure gestion des résidus de récolte et des rotations intégrant des cultures non sensibles permettent de réduire le réservoir en fusarium dans la parcelle. Limiter le risque de blessures des plantes à travers la lutte contre la pyrale est un autre levier. L'idéal serait aussi d'utiliser des variétés de maïs résistantes aux fusarioses mais cette information n'est pas disponible aujourd'hui. En cas de risque avéré (été humide, présence de fusariose démontrée dans la parcelle), une récolte plus précoce, dès 32 %, de MS, limitera la contamination de la plante. L'efficacité des capteurs ou des inactivateurs de mycotoxines est aléatoire et leur coût reste très élevé. Si des troubles liés aux mycotoxines sont suspectés, on peut tenter de diminuer les quantités de maïs dans la ration journalière car l'effet dose est important. Il faut espérer aussi le développement de capteurs efficaces et d'un bon rapport qualité/prix.

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