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BIEN RÉGLÉE, LA MACHINE À TRAIRE LIMITE LE « REVERSE-FLOW »

Les tests dynamiques pendant la traite permettent de déceler les mauvais réglages afin de maîtriser le phénomène de reflux de lait ou « reverse-flow ». © JÉRÔME CHABANNE

Le mauvais réglage des phases de vide provoque un retour de lait à l'origine de contaminations de la mamelle.

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LES MAMMITES SONT LA DEUXIÈME CAUSE DE RÉFORME dans les élevages laitiers.Elles sont responsables de pertes économiques importantes pour l'éleveur : diminution de la qualité et de la quantité de lait produit au cours d'une lactation, associée au risque de transmission à d'autres vaches au cours de la traite et aux réformes. Comprendre cette transmission permet de les prévenir, solution bien plus simple et plus efficace que leur traitement.

On reconnaît deux modèles principaux de transmission : le modèle d'environnement (entraînant majoritairement des mammites cliniques), et le modèle de traite ou contagieux (dans lequel on retrouve principalement des mammites subcliniques).

Dans le premier modèle, les germes proviennent essentiellement des fécès - entérobactéries (E. coli) et Streptococcus uberis. Les vaches se contaminent après la traite, lorsque le sphincter est encore ouvert.

Dans le modèle contagieux, on retrouve surtout Staphylococcus aureus et Streptococcus uberis. Leurs sources sont les quartiers infectés, la peau de la mamelle, surtout au niveau des lésions du trayon (lieu idéal pour la prolifération des germes), et les mains du trayeur. Si la traite est fortement montrée du doigt dans la transmission vache à vache du modèle contagieux, elle intervient également dans celle des mammites du modèle d'environnement.

Au cours de la traite, on observe au niveau du trayon des variations cycliques et des variations acycliques de vide. Plusieurs phénomènes peuvent alors intervenir. Les variations acycliques de vide sont dues à des entrées d'air au niveau d'un manchon, qui provoquent une diminution brutale de vide sous le trayon, entraînant une remontée de lait dans celui-ci. C'est ce qu'on appelle le phénomène d'impact. Les variations cycliques de vide sont provoquées par l'écoulement du lait, et donc par la pulsation.

LE LAIT PRÉSENT DANS LE MANCHON EST ASPIRÉ PAR LE TRAYON

Une mauvaise machine et/ou un mauvais réglage peuvent provoquer une traite humide (mauvais écoulement du lait, engorgement de la griffe), mais aussi des phénomènes de reverse-flow (aspiration du lait contenu dans la griffe par le trayon). L'évolution des machines à traire a donné lieu à une évolution de la contamination des trayons pendant la traite. Avant, les machines sous-dimensionnées possédaient de petites réserves de vide avec des phases de pulsations très douces (phases A et C, ouverture-fermeture) très peu traumatisantes pour le trayon et qui permettaient de diminuer l'impact d'un vide de traite parfois élevé, surtout en fin de traite. Cependant, la taille réduite des griffes faisait que le lait n'était pas évacué assez rapidement de la griffe ou au niveau du lactoduc, entraînant une traite humide, et donc une remontée de germes dans le trayon à l'origine de mammites.

Aujourd'hui, le problème d'engorgement, et donc de traite humide, est presque totalement résolu, sauf sur les débits de vaches très élevés (les griffes ont désormais un volume suffisamment conséquent pour l'éviter). Les réserves de vide sont plus importantes (on compense l'ensemble des entrées d'air) et on travaille avec un vide de traite moins élevé, donc théoriquement moins traumatisant. Mais l'alternance rapide des phases d'ouverture A et de fermeture C du manchon, couplée à la brutalité du phénomène, provoque un retour de lait plus important qu'auparavant dans le trayon à l'origine du reverse-flow et un effet traumatisant plus marqué des vides de traite élevés.

Le reverse-flow se produit en fin de traite, lorsque le vide dans le trayon devient supérieur au vide dans la griffe. En effet, en fin de traite, la pression intramammaire (normalement due à la présence du lait) chute fortement, surtout lors de surtraite ou d'égouttage. Le vide dans la mamelle est alors plus important qu'à l'extrémité du trayon. À l'ouverture du manchon, un gradient de pression inversé (1,5 à 7 kPa) peut s'installer pendant un laps de temps très court (0,02 à 0,05 seconde). Le lait présent dans le tuyau court à lait et le manchon est ainsi aspiré par le trayon. Cela entraîne alors la remontée de germes.

Environ un tiers du lait extrait est refoulé dans le trayon à chaque pulsation. Le réglage des phases d'ouverture et de fermeture du manchon devient indispensable pour diminuer ce nouveau phénomène.

CLÉMENCE DERNIS, ÉCOLE VÉTÉRINAIRE DE LYON VETAGRO-SUP. JÉRÔME DEFACHELLES, VÉTÉRINAIRE DANS LE PAS-DE-CALAIS

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