LA PRÉCISION DU DIAGNOSTIC : LE B.A.BA DU BON TRAITEMENT
Le coût d'un diagnostic est souvent très inférieur aux pertes engendrées pour l'éleveur et la collectivité, notamment en matière d'antibiorésistance.
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PRÉCISION DU DIAGNOSTIC, QUALITÉ DE LA PRESCRIPTION par le vétérinaire et respect par l'éleveur conditionnent la réussite de la maîtrise des maladies animales. Ce schéma de fonctionnement en partenariat respecte non seulement les attentes de la réglementation (absence de résidus), mais surtout les besoins de la société civile, en particulier sur la prise en charge de l'antibiorésistance.
Alors qu'il devrait s'imposer rapidement et durablement dans nos pratiques, ce schéma optimal n'est malheureusement pas opérationnel. Voici quelques exemples concrets recueillis dans notre clientèle.
• À la mi-août, un double actif appelle la clinique vétérinaire afin de se faire prescrire, hors examen clinique, une spécialité antibiotique pour soigner une épidémie de toux atteignant tout son troupeau (21 charolaises). Ce client ne souhaitant pas la mise en oeuvre d'un bilan sanitaire et d'un protocole de soin, nous sommes dans l'impossibilité réglementaire de prescrire un médicament vétérinaire hors examen clinique. L'impact de la maladie sur la majorité des animaux impose aussi une visite sur le site afin d'établir un diagnostic clinique plus précis. Sur notre demande, les animaux sont rentrés la veille pour une visite du lot programmée le lendemain matin. Dix adultes dont un taureau, sept veaux et quatre animaux de seize mois sont présents dans la stabulation entravée. Le troupeau n'a pas fait l'objet de plan de maîtrise du parasitisme lors de la mise à l'herbe. L'examen clinique des animaux montre une température normale entre 38,5 et 39°. Certains toussent spontanément, d'autres le font lors de manipulations, en particulier les jeunes veaux non entravés laissés en liberté à proximité de leurs mères.
UNE COPROSCOPIE CONFIRME LA PRÉSENCE D'UN PARASITE
Face à ce syndrome respiratoire atteignant l'ensemble des animaux sans fièvre, une suspicion d'infestation par Dictyocaulus viviparus, agent de la bronchite vermineuse, apparaît la plus probable. Des prélèvements fécaux sur plusieurs animaux toussant de façon récente confirment le diagnostic. Après la mise en oeuvre d'une coproscopie à la clinique, des larves L1 sont identifiées. Un traitement antiparasitaire est décidé et mis en oeuvre à la place d'antibiotiques dont l'utilisation aurait été ici aussi inutile qu'inefficace.
• Autre cas vécu. Après une série d'échecs de différents traitements antibiotiques par voie générale pour soigner des panaris interdigités, un éleveur nous sollicite.
PAS D'ANTIBIOTIQUE PAR VOIE GÉNÉRALE POUR CONTRER LA MORTELLARO
L'examen méthodique et attentif des pieds de ses laitières met en évidence la dermatite digitée (maladie de Mortellaro). Ce diagnostic aurait dû être fait avant. On sait en effet que l'utilisation d'antibiotique par voie générale n'est pas recommandée pour lutter contre la Mortellaro. Et cela d'autant plus qu'elle fait appel généralement à des antibiotiques dits critiques au regard du risque d'antibiorésistance, en particulier les céphalosprines de troisième génération.
• Troisième exemple. Lors d'un épisode de diarrhées sur de jeunes veaux, l'un de nos clients demande une prescription d'antiparasitaire, pensant qu'il s'agissait de giardiose sur les recommandations d'un technicien d'une firme d'aliments. Malgré notre insistance à proposer des examens complémentaires et à analyser les conditions d'alimentation, l'éleveur finit par obtenir gain de cause. Le traitement « miracle » tant attendu a été réalisé mais n'a eu aucun effet sur la pathologie en cours.
Sans prescription de qualité par le vétérinaire et sans respect du protocole de traitement par l'éleveur, l'animal n'est qu'à moitié ou pas soigné. © CLAUDIUS THIRIET
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