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MORALITÉ DE VEAUX: DES ROBOTS RESPONSABLES

GILLES HOERNER, VÉTÉRINAIRE (MOSELLE)

Le dysfonctionnement d'une électrovanne a entraîné le passage de l'eau de lavage des robots de traite dans le Dal des veaux.

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EN FÉVRIER DERNIER, UNE CURIEUSE ÉPIDÉMIE DE GRIPPE a sévi dans un lot de veaux prim'holsteins de deux à dix semaines, allaités au Dal, dans un élevage familial de cent vaches laitières en traite robotisée. En première intention, l'éleveur a consciencieusement soigné les veaux pour ce problème, classique en cette saison. Mais les veaux s'affaiblissent progressivement.

Un premier animal meurt trois jours plus tard. L'éleveur nous signale cette grippe atypique avec plusieurs signes cliniques : respiration accélérée, température entre 38,5 et 39,3°C, hypersalivation et refus de buvée. Ces symptômes sont surprenants : ils ne concernent que les veaux d'un seul lot.

DES DIFFICULTÉS POUR TROUVER LA CAUSE

Malgré le traitement classique réalisé par l'éleveur pour broncho-pneumonie, trois veaux meurent rapidement, ce qui l'amène à nous faire intervenir. Le lendemain, nous observons sur place que les animaux ont une muqueuse buccale très enflammée avec des signes respiratoires discrets, mais pas d'autres symptômes. Nous ne constatons aucun signe sur le lot voisin distant de 2 m. Ceci nous semble curieux et pas classique !

La mortalité se poursuit pendant le week-end suivant. À l'autopsie, aucune lésion particulière n'est observée, en dehors de la congestion buccale et de beaucoup de sérosités au fond de la gorge. Des signes insuffisants pour orienter notre diagnostic. En particulier, les poumons sont sains, ce qui exclut formellement la première hypothèse d'infection respiratoire aiguë. Deux nouveaux veaux introduits dans le lot malade déclenchent des symptômes similaires en deux jours. Les lots voisins ne manifestent toujours rien d'autre qu'un peu de toux. L'enquête continue, tout le monde s'inquiète parce que la cause n'est pas élucidée et que les conséquences deviennent alarmantes.

Finalement, l'inspection du tank tampon montre qu'il contient un lait d'aspect dilué qui ressemble à l'eau de lavage des robots de traite. Le pH de 5, mesuré immédiatement, confirme l'acidité du contenu.

DES EAUX DE LAVAGE INJECTÉES DANS LE CIRCUIT DE LAIT DES VEAUX

La piste est enfin trouvée : les eaux de lavage, avec détergent, du robot de traite, alternant acide phosphorique et hypochlorite de sodium, ont été injectées accidentellement dans le circuit de lait des veaux. Le dysfonctionnement d'une électrovanne de la tuyauterie situé entre les deux postes du robot de traite et le tank à lait tampon, qui contient le lait d'allaitement des veaux, est à l'origine de cet accident. Deux semaines avant le début des symptômes, un composant de cette électrovanne avait été changé. La mortalité s'est arrêtée dès que les veaux ont été à nouveau allaités avec du lait normal, sauf pour trois d'entre eux qui mourront quelques jours après à cause de lésions de la bouche et de la gorge trop importantes. L'alternance des eaux de lavage acides puis alcalines dans la buvée explique très bien les lésions de la bouche et l'intoxication progressive des veaux.

Pour conclure, lors d'un épisode de grippe, seule l'augmentation de la température en début d'évolution permet de diagnostiquer la maladie de manière fiable. Malgré la simplification du travail par la robotisation, le rôle de l'éleveur est de rester particulièrement vigilant et réactif. La même remarque peut être faite par rapport aux robots de traite : le temps gagné à la traite doit servir à surveiller les indicateurs d'alerte de traite et les manifestations de chaleurs.

De l'eau de lavage contenant du détergent a été accidentellement injectée dans le circuit de lait des veaux et les a progressivement intoxiqués.

© JEAN-MICHEL NOSSANT

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