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LA GESTION DU PARASITISME DANS UN ÉLEVAGE BIOLOGIQUE EST COMPLEXE

PIERRE KIRSCH VÉTÉRINAIRE DANS LES ARDENNES

Une gestion raisonnée des traitements anti-parasitaires, favorable à l'acquisition d'une immunité protectrice, n'a pas permis d'éviter le traitement systématique à la rentrée.

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UN ÉLEVAGE CERTIFIÉ BIO, COMPOSÉ DE 45 HOLSTEINS, est confronté à de l'amaigrissement associé à de la diarrhée chez ses veaux de l'année en première saison de pâture. Une à deux mortalités sont à déplorer tous les ans. La cause est connue : les strongyloses digestives. De plus, à l'automne 2012, trois veaux sont morts en septembre de bronchite vermineuse. Dans sa logique, l'éleveur réalisait un traitement à base de benzimidazole en cours de saison de pâture et sur quelques sujets plus maigres à la rentrée. La conséquence systématique était, dans le meilleur des cas, une première année de pâture peu profitable en termes de croissance. Nous avons proposé à l'éleveur un protocole lui permettant de répondre au cahier des charges en élevage biologique. Pour l'organisme de contrôle, il est souhaitable d'éviter des traitements systématiques et il est indispensable de justifier la nécessité de ces traitements.

À la mise en pâture, les veaux de l'année sont répartis dans deux parcelles différentes. Ils ne quitteront ces pâtures qu'à la rentrée à l'étable. Il nous faut gérer le fort parasitisme digestif sur des animaux naïfs, c'est-à-dire n'ayant jamais développé d'immunité contre les strongles digestifs. Or, nous souhaitons favoriser l'acquisition de cette immunité pour limiter les traitements tout au long de la vie de l'animal.

JUSTIFIER LA NÉCESSITÉ DU TRAITEMENT

Un traitement antiparasitaire de longue action est administré à tous les veaux au lâcher, fin avril et début mai que nous avons justifié auprès de l'organisme certificateur par les antécédents pathologiques. Les deux lots sont rentrés à l'automne, le 2 novembre pour le lot traité dans l'oreille et le 20 novembre pour le lot traité par bolus. Pour contrôler notre protocole et rechercher l'acquisition de l'immunité par ces animaux, des prises de sang sont réalisées pour doser le pepsinogène sérique. L'inflammation provoquée par les larves enkystées d'Ostertagia ostertagi dans la paroi de la muqueuse de la caillette augmente sa perméabilité. Par conséquent, le passage du pepsinogène présent dans la caillette vers le sang est augmenté et cela est corrélée au niveau de l'infestation parasitaire de la caillette. Les résultats des deux lots nous indiquent un parasitisme digestif trop important pour ne pas agir. L'infestation était telle que nous avons dû prescrire un traitement à base d'une lactone macrocyclique en pour-on avec une efficacité proche de 100 % sur les larves enkystées et les vers adultes. Nous ne pourrons donc pas maintenir un parasitisme résiduel pendant la période de stabulation hivernale qui nous aurait permis de renforcer l'immunité acquise en cours de pâturage. Les deux lots recevront un traitement au lâcher du type lactone macrocyclique en pour-on.

Cet « échec » nous pousse à proposer à l'éleveur de ne plus utiliser ces parcelles lourdement contaminées pour les veaux de première année de pâturage, les plus sensibles au parasitisme digestif.

La seule solution a été de proposer à l'éleveur de ne plus utiliser les parcelles lourdement contaminées pour les veaux de première année de pâturage très sensibles au parasitisme digestif.

© WATIER-VISUEL

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