DIARRHÉES COLIBACILLAIRES, ÇA SE COMPLIQUE
Cet hiver, des troupeaux correctement vaccinés se sont heurtés à des diarrhées. Des leçons à tirer pour l'an prochain.
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LA VACCINATION DES VACHES EN FIN DE GESTATION AU ROTAVEC avait jusque-là permis de contenir les problèmes de diarrhées. Elle avait ainsi largement contribué à réduire leur fréquence d'apparition dans notre secteur d'activité. Certes, plusieurs cas de diarrhées dus au colibacille CS31A avaient obligé à un complément de vaccination à l'Imicolibov ou à une vaccination au Trivacton pour développer une immunité plus large et une protection contre un plus grand nombre de colibacilles. Mais la maîtrise des épisodes de diarrhées en série dans les troupeaux semblait acquise.
Les soucis rencontrés au cours de cet hiver nous ramènent à plus de modestie. Plusieurs élevages (laitiers et allaitants) ayant suivi à la lettre les protocoles de vaccination se sont à nouveau heurtés à des épisodes de diarrhées. La faute à des colibacilles non sérotypables (contre lesquels les vaccins actuels ne sont pas efficaces) isolés dans ces troupeaux. Réhydratation et antibiothérapie ont permis de soigner une grande partie des veaux. Mais la pression d'infection étant de plus en plus élevée avec l'avancée des vêlages, pratiquement tous les veaux sont tombés malades malgré la mise en place de mesures prophylactiques, telles que l'administration de Locatim à la naissance, le renforcement de l'immunité avec des apports de sélénium et d'iode aux veaux dès la naissance et la vaccination des mères.
UNE ÉPIDÉMIE DIFFICILE À STOPPER SI ELLE EST DÉJÀ VIRULENTE
Bien sûr, dans de pareils cas, il faut toujours s'assurer que le virus du BVD ne circule pas dans l'exploitation, car il diminue l'immunité des animaux qui sont plus facilement malades. Dans les cas évoqués, les PCR BVD étaient bien négatives. De plus, il s'agissait de troupeaux vaccinés contre le BVD.
Quelles leçons en retenir pour la prochaine campagne de vêlages ? Malheureusement, quand celle-ci commence avec beaucoup de problèmes de diarrhées et un nombre de vêlages assez important sur une période brève, il est difficile de stopper l'épidémie malgré les mesures de prévention. La solution idéale serait de changer de bâtiment de vêlage, ce qui est rarement possible.
Dans les cas extrêmes, où les veaux meurent malgré les soins apportés, mieux vaut les mettre dehors dès la naissance. Pour cela, improvisez, si vous n'en avez pas, des niches avec des bottes de paille pour éviter de les laisser dans le « bouillon de culture » du bâtiment.
Le curage et la désinfection peuvent être intéressants si un grand nombre de veaux sont tombés malades. Mais en cours de saison, cette mesure est souvent insuffisante pour l'arrêt de l'épidémie.
LE COLOSTRUM, UNE ÉVIDENCE POUR LA SURVIE DU JEUNE VEAU
L'idéal serait d'isoler tout de suite le ou les premiers veaux atteints de diarrhées. C'est rarement fait car on n'envisage jamais le pire dès les premiers cas. Bien sûr, la prise du colostrum en quantité (au moins 2 l) et en qualité suffisantes dans les deux premières heures suivant le vêlage est déterminante dans la défense et la survie des veaux en milieu infecté. On peut d'ailleurs tenter de les « surimmuniser » en leur faisant avaler un concentré de colostrum, en plus de celui de leur mère, dès leur naissance. En matière de colostrum, l'excès n'a jamais tué !
De plus, rappelons-nous que des parasites tels que les cryptosporidies chez le jeune veau et les coccidies chez les veaux de plus de trois semaines peuvent profiter de la destruction de la flore digestive pour s'implanter et aggraver ou raviver une diarrhée de veau. Ces parasites font des dégâts considérables sur la muqueuse digestive. Et les cryptosoridioses sont très difficiles à traiter. Seule la prévention est à peu près efficace. Dernier conseil après une année difficile : faire un bilan pour éviter que la campagne prochaine le soit autant.
Lorsqu'un jeune veau est atteint de diarrhées, l'idéal est de l'isoler immédiatement de ses congénères. © CLAUDIUS THIRIET
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