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RÉSURGENCE DE LA BVD MALGRÉ LA VACCINATION

CINDY JOUVE, VÉTÉRINAIRE DANS LE PAS-DE-CALAIS

Une erreur d'utilisation du vaccin peut causer la résurgence d'une maladie insidieuse que l'on croyait éradiquée.

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L'HISTOIRE COMMENCE EN CLIENTÈLE PAR L'EUTHANASIE d'une génisse de dix-huit mois environ dans un élevage d'une centaine de holsteins hautes productrices. Celle-ci était dans un lot avec d'autres génisses bien plus jeunes car, malgré un bon appétit, elle accusait un retard de croissance très important. À mon arrivée, l'animal est couché, incapable de se tenir debout et dans un état de grande maigreur. Les autres génisses du même âge ayant eu une croissance normale, le problème n'est pas alimentaire. Par ailleurs, ces clients sont de bons soigneurs. Il faut donc chercher l'origine du problème ailleurs. Cet animal chétif pourrait bien être un IPI (infecté permanent immunotolérant). Un prélèvement de sang est donc effectué pour rechercher le virus de la BVD (diarrhée virale bovine). Son état général étant trop dégradé, il est ensuite euthanasié puis autopsié, sans que d'autres anomalies soient détectées.

Il y a une dizaine d'années, une contamination par la BVD avait déjà été mise en évidence dans cet élevage. Après élimination des IPI, une vaccination avait été mise en place pour assainir définitivement le cheptel et elle a été poursuivie jusqu'à aujourd'hui. Cependant, même en vaccinant depuis plusieurs années, une résurgence de la maladie est possible du fait d'un échec vaccinal (vaccin inefficace) ou d'une mauvaise vaccination (injection ratée, oubli d'un rappel, vaccin mal conservé, animal malade au moment de la vaccination...). Quelques jours plus tard, les résultats de l'analyse confirment que la génisse était bien un IPI. Dans un premier temps, nous évoquons une mauvaise vaccination de la mère qui est née dans le cheptel (oubli possible d'une injection). Mais quelque temps après, un deuxième veau âgé de six mois meurt dans des circonstances similaires. Les prélèvements sanguins révèlent qu'il est lui aussi IPI. Nous avons donc désormais deux IPI issus de mères nées dans un cheptel vacciné depuis plus de dix ans contre la BVD. Il y a donc échec apparent de la vaccination. Est-ce lié à un oubli répété des rappels ou à une véritable inefficacité d'un vaccin qui a pourtant fait ses preuves sur le terrain ?

L'OUBLI DU RAPPEL EST À L'ORIGINE D'UN DÉFAUT D'IMMUNITÉ

Après le dépistage de tout le cheptel, un troisième IPI est identifié, une belle génisse de dix-huit mois, de gabarit normal et en parfaite santé apparente. Elle est aussitôt éliminée. Il est alors temps de faire le bilan : la vaccination a bien été mise en place lors du premier épisode de BVD il y a dix ans, avec utilisation d'un vaccin vivant atténué (Mucosifa) qui imposait une seule injection avant la mise à la reproduction des génisses, suivie de rappels annuels. Puis un autre vaccin a été employé en suivant cet ancien protocole, alors que ce nouveau produit nécessitait deux injections à un mois d'intervalle avant la mise à la reproduction. Comme il n'y a pas eu de soucis particuliers depuis, nous n'avions jamais rediscuté du protocole de vaccination. Or, en l'absence d'une injection de rappel un mois après la première, l'immunité induite par le vaccin utilisé dans cet élevage n'atteint le seuil de protection que provisoirement et, lors du rappel annuel, elle remonte légèrement pour s'effondrer à nouveau. Les différents rappels prévus dans le protocole vaccinal visent à maintenir cette immunité en permanence au-dessus du seuil de protection. Dans ce cheptel, les animaux vaccinés n'étaient donc que partiellement protégés, ce qui explique la résurgence de la BVD. D'où l'intérêt de prendre le temps de discuter et d'aborder les aspects qui font partie de la routine de l'élevage pour éviter les erreurs.

La BVD est une affection virale qui se traduit par des troubles de la reproduction. Elle est souvent associée à un cortège de maladies plus difficiles à soigner du fait de l'immunodépression liée à la circulation du virus.

© CHRISTIAN WATIER

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