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ACIDOSE : UN MAÏS UN MAÏS-ENSILAGE 2010 BIEN COMPLÉMENTÉ

GILLES HOERNER, VETERINAIRE EN MOSELLE

Pour limiter les désordres métaboliques liés à la ration hivernale, plusieurs précautions sont à prendre.

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LA PÉRIODE VÉGÉTATIVE DES MAÏS AURA ÉTÉ PARTICULIÈREMENT PERTURBÉE cette année : démarrage tardif, puis accentuation du retard végétatif après une période de canicule, pluies tardives et excessives qui ont retardé les ensilages. De ce fait, les rendements sont moyens et les rations doivent être soigneusement ajustées en matière d'énergie, tout particulièrement pour les débuts de lactation.

Cette année, il faut s'attendre à des maïs peu fibreux avec des grains pas très murs, donc acidogènes. Il ne faut surtout pas se fier aux proportions de la ration de l'année précédente dont les ingrédients étaient très différents en qualité. Les ensilages d'herbe, qui ont un peu les mêmes caractéristiques que ceux de maïs (peu de fibres, rendements moyens), vont nécessiter des complémentations adaptées.

Un épisode d'acidose peut avoir des conséquences pendant des mois, voire définitives : fourbures et boiteries suivies de mauvaises expressions des chaleurs, déplacements de caillette, abcès du foie, endocardites avec, dans quelques cas extrêmes, un dépérissement progressif.

Si le taux butyreux du troupeau baisse après l'ouverture du nouveau silo de maïs, s'il apparaît des bouses claires, liquides, contenant éventuellement des grains de maïs non digérés, parfois des appétits capricieux et des vaches qui ruminent peu, il faut alors penser à l'acidose. Elle sera limitée si l'on prend un minimum de précautions : redémarrage progressif de l'ensilage de maïs par dix jours de transition en cas d'interruption, foin appétant mais fibreux au râtelier, foin et paille « efficaces » dans la ration mélangée (fibres assez longues et piquantes qui ne sont pas triées ou repoussées), distribution des concentrées en deux fois au minimum, adjonction de 200 g de bicarbonate de sodium ou carbonate de calcium pendant la période de changement alimentaire.

RECADRER LE NIVEAU AZOTÉ

Les sanctions encourues à cause de rations déficientes en énergie sont parfois insuffisamment prises au sérieux : on n'imagine pas toujours que chaque UFL manquante par jour cumulée sur le premier mois de lactation retarde l'insémination d'environ une semaine à cause, en particulier, d'un défaut dans le fonctionnement des follicules ovariens (ovules). Si la concentration en amidon et en sucres est faible et le taux de cellulose calculé suffisant, on pourra encore supplémenter en céréales (maïs grain aplati de préférence). Sinon, il faudra recourir aux pulpes de betteraves ou au corn gluten feed selon le marché.

Le réajustement doit se faire sentir par une remontée de TP du tank dans la quinzaine suivante, alors que la reprise d'engraissement des vaches sera plus tardive et suivie, bien après, d'une amélioration des performances de reproduction. Il faut ensuite recadrer le niveau azoté de la ration en corrigeant sur deux points :

- L'azote soluble que l'on peut ajuster en surveillant l'urée. Elle doit se tenir entre 250 et 350 mg par litre pour optimiser le fonctionnement de la flore de la panse. L'ajout d'urée pure doit être très progressif et très bien homogénéisé dans la ration (au maximum 12 g par kilo de matière sèche de maïs ensilé).

- L'apport d'azote protéique (dit non dégradable) est plus difficile à évaluer directement. On peut seulement imaginer un excès si l'urée est trop élevée et un déficit par une production laitière insuffisante.

Les premiers signes d'alerte d'une ration inadaptée sont une chute des taux sur tout le troupeau et des productions laitières en dent de scie.

© CLAUDIUS THIRIET

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