L'AMAIGRISSE MENT DES GÉNISSES DÛ À « OSTERTAGIA »
Une infestation importante d'« Ostertagia » pénalisait les croissances. Le traitement a été choisi de façon à préserver l'immunité des animaux
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FIN JANVIER, UN ÉLEVEUR NOUS SOLLICITE POUR UN LOT d'une vingtaine de génisses de renouvellement âgées de onze à quinze mois. Depuis la rentrée de pâture début novembre, l'état corporel du lot ne cesse de se détériorer, avec un amaigrissement prononcé et une croissance quasi nulle en deux mois. À l'examen général, nous constatons des génisses avec une note moyenne d'état corporel de 2 sur une échelle de 1 à 5, ce qui correspond à des animaux maigres sans dépôt de graisse sous-cutané. L'aspect du poil est piqué, le score de remplissage du rumen est de 3-3,5 sur une échelle de 1 à 5, soulignant une ingestion satisfaisante. La fibrosité des bouses est normale et leur consistance molle. Les génisses sont logées sur une aire paillée. L'abreuvement est assuré par un abreuvoir à palette dont le débit paraît un peu faible. La ration est à base de foin à volonté et d'1,2 kg d'une VL à 18 % de matière azotée. Tous les autres paramètres de l'examen général sont satisfaisants. À ce stade des investigations, les hypothèses sont peu nombreuses. Il n'y a pas, à première vue, d'entité virale ou bactérienne à l'origine de cette situation. Mais la composante parasitaire n'est pas impossible. Pour leur première saison de pâture, les génisses ont reçu, fin juillet, un traitement pour-on contenant une lactone macrocyclique (Cydectine PO®). À la suite des recommandations d'un autre intervenant de l'élevage, l'impasse a été faite sur le traitement de rentrée, l'objectif étant de favoriser l'acquisition de l'immunité contre les strongles digestifs du cheptel de renouvellement. Quant à la ration proposée, elle permet, avec du foin à volonté et un 1,2 kg de VL18, un gain moyen quotidien de 600 à 800 g/j.
QUANTIFIER L'INFESTATION
Dans un premier temps, nous avons réalisé des prélèvements de matières fécales pour effectuer une recherche coprologique. Il n'y avait pas d'oeufs de coccidies et de manière prévisible, des oeufs de strongles sont présents. Nous avons souhaité quantifier le niveau d'infestation pour déterminer le traitement le plus adapté et, si possible, compatible avec le souhait de l'éleveur de développer l'immunité des animaux. Le dénombrement des oeufs de strongles à cette époque de l'année n'est pas une technique fiable. En effet, la majorité des parasites sont sous forme enkystée dans les muqueuses de la caillette et des intestins, et ne pondent pas. Le dosage du pepsinogène sanguin, reflet du degré d'inflammation de la muqueuse de la caillette par les larves enkystées d'Ostertagia ostertagi a été proposé et accepté par l'éleveur. Cinq prises de sang sont réalisées sur les animaux du lot. La moyenne est de 1 369 mUT (milliunités) avec des écarts de 989 à 1 832 mUT sans qu'aucun dosage ne soit supérieur à 2 000 mUT. Le niveau d'infestation est important et nécessite un traitement pour ne pas pénaliser la croissance des animaux. Cependant, l'élimination totale des parasites enkystés n'est pas indispensable à ce niveau de contamination et la persistance d'une infestation résiduelle permettra de maintenir la stimulation de l'immunité pendant le reste de période hivernale. Nous avons opté pour un traitement à base de benzimidazole dont l'efficacité permet la réduction de la charge parasitaire sur les stades L4 enkystées de 85 à 95 %.
Les génisses ont été revues deux mois plus tard. Le problème est résolu avec un retour à des notes d'état corporel à 3,5. Pour la mise en pâture à venir, l'immunité ainsi acquise sera préservée et renforcée par l'absence de traitement.
Après un premier traitement contre les strongles en juillet, l'impasse a été faite lors de la rentrée à l'étable. © JEAN-MICHEL NOSSANT
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