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SAUVÉE APRÈS UNE LÉSION NERVEUSE ACCIDENTELLE

PIERRE KIRSCH, VÉTÉRINAIRE DANS LES ARDENNES

Une attelle plâtrée en résine pendant dix semaines sur le membre avant a permis à un animal de retrouver sa totale mobilité.

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UN ÉLEVEUR NOUS APPELLE POUR UNE VACHE HOLSTEIN vêlée depuis un peu plus de trois semaines. Elle se révèle incapable de se lever et de sortir de sa logette. Il s'agit d'une primipare âgée de 25 mois. Le vêlage s'était déroulé sans aide et elle avait parfaitement délivré.

Au premier contrôle de performances, deux semaines après la mise bas, sa production est de 29 kg de lait. Nous retrouvons l'animal en décubitus sternal dans sa logette (position couchée normale). Sa température rectale est de 39,1°C et celle des extrémités, tiède. Par contre, tout son pelage est très humide et sale. Nous sommes dans un bâtiment parfaitement ventilé et les autres animaux sont secs. Nous supposons que cet état est lié à une activité physique importante pendant la nuit, probablement due à une chaleur, fréquente trois semaines après la mise bas. De plus, cette primipare ne présente aucun signe de mammite, ni de métrite. Par nos présences, la vache essaie de se lever et réussit. Nous observons alors l'origine de son problème : elle ne peut plus prendre appui sur sa patte avant droite. L'ensemble du membre est affaissé en partant de l'épaule jusqu'au boulet, qui repose sur le sol. Je n'observe sur le membre aucun gonflement, ni déformation. À la manipulation, aucun crépitement, ni craquement ne sont perceptibles. J'oriente mon diagnostic sur une lésion nerveuse au niveau du plexus brachial avec un déficit majeur sur le nerf radial, le nerf des muscles extenseurs du membre. Le test de sensibilité cutané est encore légèrement positif, mais le pronostic est réservé. L'éleveur souhaite tout de même tenter un traitement. Après réflexion, je propose un traitement conservatif par la mise en place d'une attelle plâtrée en résine pour maintenir le membre en extension, tout en assurant un appui sur les onglons pour éviter l'apparition de lésions sur le point d'appui actuel : la face palmaire du boulet.

L'éleveur déplace la vache dans le box d'infirmerie où nous pouvons la tranquilliser et la coucher. Après la pose d'une « chaussette » sur la peau, une première bande plâtrée est posée sur le membre, du sabot jusque sous le coude.

DEUX PLAQUES EN MÉTAL AJUSTÉES À LA PATTE

Au préalable, un rembourrage supplémentaire de coton a été disposé sur les saillies osseuses pour éviter les lésions cutanées par compression. Deux plaques métalliques de la même longueur que le plâtre, mises en forme à la masse pour bien s'appliquer sur la patte, sont fixées sur la face latérale et médiale du membre, avant la mise en place d'une dernière bande plâtrée. La vache a été tarie et a reçu un traitement analgésique pendant les trois jours qui ont suivi. Au cours de cette période, l'éleveur a dû la relever matin et soir avec la pince. Par la suite, la primipare s'est relevée par elle-même et a conservé son attelle plâtrée pendant dix semaines. Après le retrait de l'attelle, une plaie cutanée d'environ huit centimètres de diamètre était présente entre le coude et le carpe. Un traitement local a permis une cicatrisation en quelques jours. En moins d'une semaine, l'animal prenait largement appui sur la patte et un mois plus tard, il n'y avait plus aucune boiterie visible. Les accidents traumatiques liés au comportement de chevauchement lors des chaleurs sont assez fréquents, soit chez la vache chevauchée avec des lésions dorsales allant jusqu'à la paralysie (atteinte de la moelle épinière), soit sur la vache qui chevauche et qui se tord la patte (entorse, luxation) en retombant.

L'ensemble du membre est affaissé en partant de l'épaule jusqu'au boulet, qui repose sur le sol.

© P.K.

La vache a été tarie et a reçu un traitement analgésique pendant les trois jours qui ont suivi la pose de l'attelle.

© P.K.

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