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NE SOUS-ESTIMEZ PAS LES RISQUES À L'INTRODUCTION

EDWIGE BORNOT, VÉTÉRINAIRE EN CÔTE-D'OR

L'introduction d'un ou plusieurs bovins dans un cheptel constitue un risque majeur d'un point de vue sanitaire. Exemples récents.

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L'INTRODUCTION DE BOVINS DANS UN TROUPEAU, ici pour avoir un taureau reproducteur, là parce qu'on manque de génisses pleines ou qu'un problème sanitaire (épidémie, tuberculose...) oblige à le reconstituer, fait prendre un risque à l'équilibre sanitaire en place. Témoins ces cas cliniques croisés récemment en Côte-d'Or.

BVD : GARE AUX VEAUX IPI

L'une des premières maladies « achetées » entraînant de lourdes pertes économiques est le BVD. En phase de reconstitution de son cheptel, à la suite d'un abattage total pour cause de tuberculose, un éleveur pensait avoir fait le nécessaire pour s'en prémunir. Il avait fait contrôler le statut BVD des vaches achetées. Ce n'est que l'année suivante qu'il a compris son erreur, lors d'une série de problèmes sur ses veaux et des troubles de la reproduction sur ses génisses. Le test réalisé sur l'un des veaux chétifs pointe l'origine du mal : il est IPI, virémique permanent, c'est-à-dire porteur à vie du virus qu'il excrète. Pour éviter que parmi les vaches pleines introduites, l'une se comporte comme un cheval de Troie, il aurait aussi fallu s'assurer par une virémie, à la naissance des veaux, qu'aucun n'était porteur du BVD. Car une vache gestante peut s'être confrontée au virus, l'avoir éliminé en développant des anticorps mais pas son veau, contaminé lui aussi.

ÉPIDÉMIE DE DIARRHÉES LIÉE AU VÊLAGE DES GÉNISSES ACHETÉES

Le deuxième cas n'avait a priori rien à voir avec l'introduction. Et pourtant ! Dans cet élevage confronté à une épidémie sévère de diarrhées mortelles sur ses jeunes veaux, la présence d'un rotavirus compliqué de colibacilles et de cryptosporidies en faible nombre est identifiée.

Comment ce virus contre lequel le troupeau n'est pas vacciné est-il arrivé, s'interroge l'éleveur devant l'ampleur inhabituelle des soucis. Si les intervenants extérieurs peuvent être une cause d'introduction dans un cheptel, cette fois, les coupables sont très probablement ces trois génisses pleines achetées cinq à six mois plus tôt. Les problèmes ont en effet débuté quand les deux premières ont vêlé. L'hypothèse retenue est que l'immuno-dépression liée au vêlage aurait permis au virus qu'elles portaient de se multiplier. La leçon à en tirer est qu'il n'est jamais trop prudent de se renseigner sur le statut sanitaire de l'élevage vendeur, pour prévenir au mieux les soucis.

ENVIRONNEMENT : UN CHEPTEL DOIT S'ADAPTER

Le troisième cas souligne l'importance de l'adaptation d'un cheptel à son environnement. Cette fois, il s'agit d'un troupeau entier acheté dans l'ouest de la Loire pour remplacer un troupeau abattu à la suite d'une vache à lésion tuberculose. Après une introduction et un hivernage gérés sans problème du fait qu'aucun cheptel n'a été mélangé, c'est le coup de massue. Après la mise à l'herbe, des cas mortels de piroplasmose et des avortements sur au moins 10 % des vaches sont à déplorer. En cause, les tiques présentes dans les prés porteuses d'une bactérie, l'ehrlichia. C'est cette dernière qui a provoqué des avortements et des fortes montées de fièvre. Cette maladie était inconnue dans le cheptel précédent, les vaches étant immunisées. Mais ce n'était pas le cas des bovins introduits qui ne l'avaient jamais croisée. Difficile néanmoins de prévenir ce genre de situation, sinon d'être vigilant sur l'écosystème de l'élevage vendeur.

Une vache gestante peut s'être confrontée au virus du BVD, l'avoir éliminé en développant des anticorps mais pas son veau. Mieux vaut donc penser à vérifier s'il est lui aussi porteur du virus.

© SEBASTIEN CHAMPION

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