NÉOSPOROSE ASSAINIR PASSE PAR LA RÉFORME
Face à une série d'avortements, les analyses de sang et d'avortons ont permis de diagnostiquer l'infection d'une partie du troupeau par « Neospora ».
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DANS UN ÉLEVAGE DE 70 LAITIÈRES, DANS LE CENTRE DE LA MOSELLE, à la suite de nombreux avortements non élucidés, observés après la vague de chaleur de l'été, deux nouveaux avortements rapprochés sont survenus sur des vaches à cinq et septmois de gestation. L'élevage en question avait été confronté à un passage de BVD il y a deux ans, et déclarait en moyenne un avortement chaque année. La plupart des causes d'avortement étant contagieuses, devant un tel scénario, il est toujours recommandé d'en rechercher les causes possibles pour limiter leur incidence, tant au sein d'un troupeau que d'un même secteur géographique. Or, de trop nombreux avortements ne sont pas déclarés sous prétexte du coût des analyses, alors que les frais sont pris en charge par les DDPP.
L'appui du GDS a permis dans un premier temps des recherches portant sur plusieurs agents majeurs d'avortement : fièvre Q, BVD et néosporose. Aussi bien à partir d'analyses de sang que par des prélèvements sur l'avorton. Ce protocole est issu d'un récent plan national de recherche des causes d'avortements réunissant les Groupements techniques vétérinaires, les GDS et les laboratoires vétérinaires.
UNE TRANSMISSION PAR VOIE UTÉRINE
Il est ressorti de ces analyses que les deux vaches laitières ayant avorté avaient des taux d'anticorps élevés à très élevés contre Neospora caninum, un fait peu courant dans notre secteur où les recherches de Neospora sont en général négatives. Pour aller plus loin dans le diagnostic, un sondage sur un tiers du troupeau a été entrepris en ciblant les animaux sur des critères particuliers : les vaches ayant avorté les années précédentes et les lignées familiales des deux laitières avortées récemment. Il s'est avéré que près de la moitié des sérologies sont revenues positives avec une forte prévalence familiale. En effet, la néosporose se développe dans un cheptel selon deux voies principales : tout d'abord, la transmission verticale par voie utérine pendant la gestation, c'est-à-dire de mère à fille. Dans ce cas, les avortements ne se manifestent que sur 10 à 20 % des vaches infectées et, de ce fait, la maladie se propage insidieusement dans le cheptel.
RÉFORMER LES FEMELLES DE LA LIGNÉE
La seconde voie de transmission passe par l'ingestion d'oeufs du parasite par les vaches. Ces oeufs (ou « ookystes ») sont exclusivement véhiculés par les chiens qui sont porteurs des formes adultes de Neospora. Les ookystes sont excrétés dans leurs selles puis avalés par les vaches lors de souillure des aliments par les déjections canines. Or, il n'existe pas de traitement reconnu pour assainir les chiens. La conduite à tenir dans un cheptel infecté a fait l'objet de nombreuses recherches dans d'autres régions depuis des années : faut-il dépister l'ensemble du troupeau, réformer les positifs ou seulement les vaches avortées, vacciner, traiter ?
Il semble ressortir que la technique la plus rentable et viable à long terme pour un élevage est de réformer toutes les filles issues de vaches séropositives. L'assainissement se fait alors progressivement au fil des générations sans compromettre la production laitière et la survie financière d'un élevage. Bien sûr, l'éloignement des chiens de la table d'alimentation et des silos va de soi.
Les chiens sont les principaux vecteurs de la néosporose. © CLAUDIUS THIRIET
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