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DIARRHÉE CHRONIQUE CHEZ DES VEAUX DE SIX À NEUF MOIS

PIERRE KIRSCH VÉTÉRINAIRE DANS LES ARDENNES

Une meilleure conduite de la phase lactée et du sevrage était la solution.

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UN PRODUCTEUR DE LAIT NOUS APPELLE POUR UN LOT de quinze veaux âgés de six à neuf mois, présentant une diarrhée chronique et un retard de croissance d'autant plus grave que l'âge moyen au premier vêlage est de vingt-huit mois. Deux ans auparavant, cette exploitation de 70 vaches laitières avait déjà rencontré ce problème sur les veaux, de la naissance jusqu'à un an.

L'examen des animaux ne met pas en évidence d'autres symptômes. Le retard de croissance est majeur sur ces veaux avec un état corporel satisfaisant, un pelage lisse et plutôt brillant.

L'abdomen assez fortement développé et ferme à la palpation indique une accumulation de fibres alimentaires mal digérées. Les veaux sont logés dans un bâtiment spécifique et reçoivent de la paille à volonté avec un aliment deuxième âge à raison de 3 à 4 kg par jour. La suite de la visite montre une conduite des jeunes veaux au Dal dès l'âge de cinq jours. Ils reçoivent au maximum 5 l de lait reconstitués, de la paille et un aliment premier âge à volonté. L'objectif de cette conduite est un sevrage précoce à 40 jours pour un poids de 70 kg. Ces veaux présentent également de la diarrhée et le poids espéré est rarement atteint à 40 jours. L'éleveur observe un amaigrissement important pendant les dix premiers jours au Dal avant une reprise de poids. Un traitement anticoccidien est systématiquement réalisé à l'âge de trois semaines. Le parasitisme digestif est suspecté avec la coccidiose, les strongyloïdes et la giardiose. Hormis ces risques sanitaires, une conduite inadaptée et une inadéquation des aliments sont susceptibles d'engendrer les troubles observés. Les analyses coproscopiques en pré et post-sevrage sont négatives. Nos investigations s'orientent donc sur la conduite alimentaire. Nous recommandons une poudre de lait avec 50 % minimum de poudre de lait écrémé pour gérer l'amaigrissement pendant les premiers jours au Dal. L'éleveur utilisait une poudre de lait à base de lactosérum enrichie en matière grasse et protéine d'origine végétale, qui ne sont pas digérables par un veau de moins de trois semaines. La limitation à 5 l de lait est cohérente dans le cadre d'un sevrage précoce pour faciliter l'ingestion de l'aliment premier âge, mais il est indispensable d'augmenter de 20 à 30 % la concentration en poudre par temps froid. La température de mélange, le dosage de la poudre et le volume d'eau sont satisfaisants. Ce n'est pas le poids à un âge donné qui doit déterminer le moment du sevrage, mais la quantité d'aliment premier âge ingérée au sevrage, soit de 1,5 à 2 kg. Pour un sevrage précoce, l'aliment premier âge doit être mis à disposition dès deux jours de vie et à volonté jusqu'à un mois, suivi d'une distribution biquotidienne. Le choix de l'aliment premier âge revêt également une importance capitale. L'aliment actuel à 16 % de protéine est composé majoritairement de sous-produits. L'utilisation de matières premières « nobles » est préférable comme la luzerne, les pulpes de betterave, le maïs, les tourteaux de soja et de colza. Une teneur en matière azotée minimale de 19 à 20 % est souhaitée pour permettre la croissance des veaux et la digestion de la paille dans le rumen.

S'ASSURER DE L'INGESTION DE L'ALIMENT

Cette bonne digestion des fibres, associée à des papilles du rumen bien développées, limitera les risques de subacidose synonyme de « grosse » panse et de diarrhée. La paille de blé doit être de bonne qualité et renouvelée tous les jours. Il ne faut pas oublier des abreuvoirs à bonne hauteur, du même type avant et après sevrage sans négliger la présence d'une pierre de sel. Au sevrage, le veau subit un stress important et doit rapidement compenser l'absence du lait par une ingestion supplémentaire d'aliment premier âge (environ 1 kg). Il ne faut pas ajouter au stress alimentaire un stress social. Pour cela, évitez les sevrages unitaires et limitez la compétition alimentaire par des places à l'auge suffisantes. L'éleveur doit absolument s'assurer de l'augmentation de l'ingestion d'environ 1 kg de l'aliment premier âge dans la semaine qui suit le sevrage. Dans cet élevage, le changement de poudre de lait, l'allongement de la phase lactée à huit semaines et un nouvel aliment premier âge associé à un contrôle plus strict de l'ingestion ont permis le retour à des croissances compatibles avec les objectifs de l'élevage.

Un retard de croissance sur des veaux de sept mois à l'abdomen très développé montre une mauvaise digestion des aliments fibreux.

© PIERRE KIRSCH

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