L'INTÉRÊT DE LA DÉLÉGATION DE L'ÉLEVAGE DES GÉNISSES

La délégation de l'élevage des génisses répond à différentes problématiques : temps de travail, manque de place en bâtiments, attentes environnementales. Il faut bien évaluer l'intérêt économique.

La réussite de l'élevage des génisses est un point essentiel dans la conduite de l'atelier laitier et se mesure à travers plusieurs critères (non exhaustifs) :

- l'âge au vêlage : 28 mois pour la campagne 2014-2015 pour les élevages prim'holsteins (zone BCEL Ouest) ;

- le coût de renouvellement : 14 €/1 000 l en moyenne sur la campagne 2014-2015 (zone BCEL Ouest) ;

- le coût de production : il atteint 1 300 € en moyenne (naissance-premier vêlage).

L'élevage des génisses demande un temps de travail important, que l'on peut estimer à 18 heures/génisse/an (donnée variable selon les exploitations).

Ainsi, la délégation permet de répondre au manque de main-d'oeuvre, de sécuriser les résultats techniques mais elle présente aussi d'autres atouts :

- la simplification du travail en se spécialisant sur le suivi du troupeau de vaches laitières ;

- la libération de places pour, par exemple, produire du lait supplémentaire sans investissement dans le bâtiment ;

- la diminution de la production de déjections sur l'exploitation (maîtrise des unités d'azote).

Il est cependant important de prendre en compte les éléments ci-dessous dans son choix :

- des besoins en trésorerie pour le rachat des animaux ;

- le risque sanitaire lors de l'introduction d'animaux ;

- une moins bonne connaissance des animaux.

La contractualisation sera une étape importante : bien fixer les attentes et les conditions dans le contrat afin de travailler sur des bases sereines. La relation de confiance entre le naisseur et l'éleveur qui élève les génisses est essentielle.

« Nous partons sur une hypothèse de taux de réforme en boucherie de 25 % au lieu de 27 % aujourd'hui, soit un besoin de reprise de 20 génisses par an (80 VL x 25 % de réforme). Les jours de pension sont calculés en considérant que les génisses y entrent à trois semaines et y restent deux ans et dix jours, soit 730 jours. Le coût de 1,90 €/jour correspond à la moyenne rencontrée sur le terrain ; il sera variable selon l'âge de mise en pension (3 semaines ou 2 à 3 mois), la durée de pension ainsi que les exigences en matière d'alimentation et de suivi. Le coût de pension sera donc de 1 387 €/génisse, soit un budget annuel de 30 000 € dans notre situation.

L'objectif des associés est aussi de gagner trois mois sur l'âge au vêlage. Les surfaces libérées (moins de besoins en fourrages) seront utilisées pour la production de céréales. La délégation de l'élevage des génisses permet d'éviter d'agrandir le bâtiment, un budget évalué à 20 000 € (1 000 € par place). »

« La mise en pension des génisses entraîne un surcoût de 8 759 € par an malgré la marge supplémentaire sur les cultures de vente et l'économie d'investissement. Il faut cependant prendre en compte le temps de travail économisé. Par ailleurs, les surfaces libérées pouvaient être transformées en cultures de vente avec de bons rendements (80 quintaux), ce qui n'est pas le cas dans toutes les exploitations avec, parfois, des prairies naturelles qui ne peuvent être valorisées que par les génisses. Il faudra anticiper la gestion de la trésorerie : avec un paiement régulier des frais de pension, il sera possible de gérer ce poste au plus juste. Une formule prévoyant la vente des veaux puis le rachat des génisses pleines aurait plus d'impact sur la trésorerie. Dans le cas du Gaec Rosax, deux objectifs doivent être atteints avec la solution de la délégation :

- se libérer du temps et gagner en souplesse ; ce temps libéré doit être pris en compte pour juger de l'intérêt de cette délégation à l'échelle de l'élevage ; on peut espérer se libérer une heure de travail par jour (à préciser selon les conditions de travail dans l'élevage) ;

- améliorer les résultats techniques en réduisant notamment l'âge au premier vêlage ; il sera impératif de fixer des objectifs avec l'éleveur qui conduira les génisses en faisant les choix techniques, alimentation notamment, permettant d'y arriver. »

« Déléguer tout ou partie l'élevage de ses génisses est une solution qui doit être étudiée au cas par cas. Cette décision

doit s'inscrire dans l'évolution à moyen terme de l'exploitation (par exemple, changement de la main-d'oeuvre dans les deux ou trois prochaines années). Même si, au premier abord, le chiffrage économique n'est pas favorable, il faut également étudier les impacts à l'échelle globale de l'exploitation, en tenant compte du gain en matière de travail.

La délégation de l'élevage des génisses peut être une opportunité pour se spécialiser et produire plus de lait en optimisant la charge de travail, les structures et ainsi améliorer le résultat de l'exploitation. Pour conclure, un aspect essentiel de la réussite de la mise en pension des génisses est la relation de confiance entre le naisseur et l'éleveur. Il faut la bâtir sur des éléments solides via un contrat aussi précis que possible : coût de la pension ; objectifs de croissance et mode de suivi ; ration ; conduite sanitaire (vaccins obligatoires ?) ; dispositions spécifiques (mort d'une génisse par exemple)... »

L'INTÉRÊT DE LA DÉLÉGATION DE L'ÉLEVAGE DES GÉNISSES

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