DÉRAPAGE DE CELLULES DANS UN ÉLEVAGE BIO
Le plan d'action en trois points s'est adapté à l'usage limité des antibiotiques imposé par le cahier des charges bio.
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UN ÉLEVEUR BIO DE 80 PRIM'HOLSTEINS AVEC UN ATELIER DE TRANSFORMATION nous sollicite pour une perte de contrôle des concentrations cellulaires de tank. Elles sont systématiquement supérieures à 300 000 par millilitre depuis six mois, avec des pics à 450 000 cellules. Nous sommes au mois de juin, avec une forte saisonnalité des vêlages de mi-août à fin novembre.
Nous proposons à l'éleveur un plan d'action en trois parties :
- une étude des documents d'élevage pour faire le point sur la situation et déterminer l'origine environnementale et/ou contagieuse des infections ;
- des analyses bactériologiques sur les vaches infectées après identification du ou des quartiers par le CMT ;
- des plans de traitement au tarissement et en lactation adaptés à la bactérie dominante de l'élevage, associés à des mesures préventives. Il nous faudra respecter le cahier des charges de l'agriculture biologique pour ne pas compromettre la certification de l'élevage. Ces contraintes sont, pour l'essentiel, la limitation du nombre de traitements par vache et par lactation, l'impossibilité d'utiliser des produits de désinfection des trayons avant la traite, et l'interdiction d'utiliser des traitements intramammaires antibiotiques systématiquement au tarissement.
56 % D'ANIMAUX INFECTÉS ET 46 CAS DE MAMMITES
L'éleveur n'étant pas adhérent au contrôle laitier, nous ne disposons que d'une seule analyse individuelle des cellules sur des prélèvements réalisés par l'éleveur. Nous avons 44 % de CCI < 300 (norme > 85 %) et 12 % CCI > 800 (norme < 5 %), ce qui nous fait 56 % d'animaux infectés (norme < 15 %).
L'analyse du carnet sanitaire indique le traitement de 46 cas de mammites de 29 vaches, soit 58 % de cas de mammites (norme < 30 %) pour 36 % de vaches concernées (norme < 20 %). 60 % des vaches qui font de la mammite en font au moins deux. Nous recensons deux mammites au vêlage. Le traitement en lactation est réalisé s'il y a persistance pendant plus de deux traites des modifications du lait.
Le modèle contagieux, avec transmission pendant la traite, est confirmé par les résultats de bactériologie avec une dominante forte pour Staphylococcus aureus. Cette bactérie demeure la plus redoutable pour ses capacités de pénétration et d'encapsulation en profondeur dans la mamelle. Nous proposons l'analyse individuelle des cellules tous les deux mois, des critères de réforme, une d'hygiène de traite adaptée au modèle contagieux et la vaccination. L'objectif est de revenir au plus vite à une situation qui permettra de réduire l'utilisation des antibiotiques.
QUATRE MOIS APRÈS, RETOUR À MOINS DE 200 000
La saisonnalité des vêlages nous permet de miser en curatif sur le tarissement, qui est le moment privilégié pour la guérison des vaches à cellules. Toutes les laitières reçoivent une spécialité à base de cloxacilline renforcée, pour celles dont la concentration cellulaire est supérieure à 300 000/ml, par une injection sous-cutanée unique d'une spécialité à base de tylosine le jour du tarissement. Les animaux à réformer sont les vaches non guéries par le tarissement, celles ayant eu plus de deux mammites au cours de la lactation, les infectées chroniques avec plus de deux quartiers infectés au CMT et les vaches avec des lésions des trayons et/ou des sphincters, un pis décroché et/ ou des indurations. En agriculture bio, le prétrempage n'est pas autorisé. L'ordre de traite reste la meilleure solution, associée à un post-trempage désinfectant au pouvoir cosmétique puissant, car la peau et ses infractuosités sont le milieu privilégié des staphylocoques. La vaccination n'a pas été retenue par l'éleveur pour des raisons pratiques. Quatre mois après la mise en place des recommandations et une soixantaine de vêlages, les concentrations cellulaires du tank sont toujours en dessous de 200 000/ml.
La saisonnalité des vêlages nous a permis de miser en curatif sur le tarissement, moment privilégié pour guérir des vaches à cellules. © CLAUDIUS THIRIET
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