Un aménagement de bâtiment passe par des choix techniques qui pèseront dans la vie quotidienne de l'exploitation. Une réflexion importante à mener notamment dans sa dimension agronomique.
S'il doit répondre aux objectifs que se fixent les éleveurs en matière de qualité de travail, le projet de bâtiment doit aussi intégrer nombre de contraintes : valorisation de l'existant, ressources financières disponibles, règles d'urbanisme, performances zootechniques recherchées, valorisation agronomique des déjections produites. Le logement des vaches laitières est aussi influencé par l'équipement de traite retenu et la nature des déjections recherchées. Cette dimension agronomique est importante pour valoriser le potentiel cultural. Faut-il prévoir du fumier parce qu'il y a peu de terres épandables ou privilégier un stockage de lisier ? Quel type de fosse retenir ? Le choix se fera en fonction de la place disponible ou de la présence de tiers à moins de 100 mètres, mais aussi en pensant à de futurs projets possibles, comme l'installation d'un méthaniseur ou d'un séparateur de phase pour traiter les déjections.
La situation de départ
- M. Lepré a une référence de 430 000 l avec 53 VL. L'objectif est de produire 650 000 l avec 70 VL.
- Aire paillée avec salle de traite en épi 2 x 6. La priorité d'une valorisation de l'existant a été retenue.
- Déjections de fumier, épandu avant l'implantation du maïs, avec stockage au champ.
- M. Lepré souhaite alléger le travail d'astreinte avec un équipement de traite robotisé.
« Si le choix du robot s'est fait rapidement, il a fallu réfléchir plus longuement sur la partie déjections. Jusqu'à présent, l'exploitation produit surtout du fumier puisque les animaux sont logés en aire paillée. Ce fumier est épandu avant l'implantation du maïs et stocké au champ. Naturellement, l'éleveur imaginait maintenir un système fumier, la disponibilité en paille le permettant. Néanmoins, le choix du robot et des logettes remet cet équilibre en cause. La surface de la fumière nécessaire dans le nouveau système s'élève à 470 m2 pour un stockage de cinq mois et demi. Cela implique d'épandre du fumier sur maïs, avant l'implantation des dérobées après céréales, et d'investir dans une table d'épandage. Le type de fumier mou ainsi produit est non stockable au champ. Le temps de paillage journalier est estimé à 20 min/j, ce qui est important au vu de la charge de travail dans l'élevage. »
L'HYPOTHÈSE RETENUE
L'autre hypothèse étudiée correspond à la possibilité d'utiliser du lisier. Elle est permise par le fait que les terres ne sont pas trop éloignées de l'exploitation.
Il n'y a ni trop de pente ni zone urbanisée, et un entrepreneur proche peut réaliser les épandages. L'apport est possible avant implantation de maïs, sur les fauches d'herbe et avant implantation des dérobées après céréales. L'installation de matelas dans les logettes permet de ne pas utiliser de paille. Le projet peut également permettre, à terme, l'installation d'un séparateur de phase pour avoir une phase liquide plus facile à épandre au pendillard et une phase solide pour les terres sans rotation avec de l'herbe.
Pour permettre le stockage du lisier, une capacité de fosse de 1 400 m3 en béton ou 1 500 m3 en géomembrane sera nécessaire. Puisque 500 m3 existent déjà sur l'exploitation, une fosse géomenbrane de 1 000 m3 serait suffisante.
« L'installation du robot et l'aménagement des bâtiments représentent un investissement de 264 000 €, sans le stockage des effluents. La capacité d'investissement de l'exploitation permet d'envisager l'achat du robot et les aménagements nécessaires en logettes. Selon les solutions retenues, la part du stockage dans l'investissement global va de 8 % (solution lisier + fosse géomenbrane) à 18 % (solution fumière couverte). La solution fumière, privilégiée au départ par l'éleveur, n'a pas été retenue car elle entraînait une charge de travail journalière importante et des investissements supérieurs. Le parcellaire assez groupé avec peu de parcelles très éloignées n'est pas un handicap pour l'épandage de lisier. Les surfaces en herbe pour les génisses et les fauches pourront recevoir également du lisier.
Pour le stockage des déjections, l'éleveur retient au final la solution d'une fosse géomembrane qui permet un prix d'équilibre à 329 €. D'un point de vue agronomique, la mise en place du système va entraîner des modifications de pratiques d'épandage. Les lisiers seront bien valorisés avant le maïs, les surfaces en herbe en fauche et les dérobées fin août pour vider en partie les fosses.
La diminution importante des volumes en fumier peut avoir quelques conséquences sur le taux de matière organique des sols à terme, s'ils ne sont pas compensés par des engrais verts enfouis entre culture de types avoine ou moutarde ou des rotations avec de l'herbe. »
« Le choix d'un système de traite, de bâtiments et de stockage est très lié aux contraintes du parcellaire et à la charge de travail. Un parcellaire peu épandable nécessitera d'avoir un système avec plus de fumier. Dans le cas d'un parcellaire avec des parcelles très éloignées entraînant un temps de transport très important de lisier, une production de fumier avec du compostage pourra être envisagée. Les logettes paillées nécessitent un travail d'astreinte supérieur aux solutions tapis ou matelas pour éviter des problèmes de boiteries. Au-delà des choix techniques, et comme pour tout investissement, la mesure du prix d'équilibre doit être vérifiée pour évaluer la faisabilité du projet et permettre à l'éleveur de garder une sécurité par rapport aux variations importantes du prix du lait. »