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PATHOLOGIE DIGESTIVE : GARE À L'EXCÈS D'ALIMENTS BY-PASS

L'auscultation a mis en évidence un bruit de gaz et de liquide qui indique un problème dont l'origine est digestive. © THIERRY PASQUET

Ce cas illustre la recrudescence de pathologies digestives favorisées par les pratiques alimentaires.

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ETABLIR UN DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL EST UN EXERCICE PARFOIS COMPLIQUÉ. Pourtant, ce cas clinique commence assez simplement par un appel l'après-midi pour une « vache gestante coupée en lait ». Il s'agit d'une multipare dont la date de gestation est incertaine. L'éleveur redoute qu'elle soit gestante depuis plus longtemps qu'il ne le pense, et qu'il ait oublié de la tarir. La chute de lait paraît néanmoins trop brutale pour un tarissement « naturel ». Côté appétit et ingestion, les indications sont peu précises. Tout ce que l'on sait, c'est que la vache n'est pas restée en arrière du troupeau lors des repas. L'observation de l'animal n'apporte pas plus d'indications. La vache ne paraît pas abattue, elle est en bon état corporel (Nec 4) et le creux du flanc est peu apparent. Quant à l'examen clinique, la prise de température ne révèle pas d'anomalie. La fouille rectale est normale et permet de confirmer à l'éleveur que la date présumée du vêlage est la bonne : à cinq mois de gestation, notre patiente est loin du tarissement. Les auscultations cardiaques et pulmonaires sont normales. L'auscultation digestive à gauche met en évidence un rumen atone (la panse ne se contracte pas) et aucun tympanisme (bruit de gaz) n'est décelé à la percussion à droite comme à gauche. Par contre, la succussion à droite révèle un bruit liquidien très important, un « bruit de flot » audible sans stéthoscope et à distance de l'animal.

UN CÆCUM DILATÉ ET TORDU SUR SON AXE

À ce stade, nous savons donc que l'origine du problème est digestive, le bruit de liquide audible à droite correspondant le plus souvent à une pathologie de la caillette, du cæcum ou de l'intestin.

Le bon état général de l'animal ne motive pas l'éleveur à réaliser une laparotomie exploratrice (ouverture de l'abdomen), d'autant plus que certaines des pathologies envisagées peuvent se gérer médicalement. Un traitement symptomatique est donc entrepris pour relancer le transit digestif. Mais le lendemain, l'animal est plus mal en point et son abdomen est distendu à droite comme à gauche. La percussion met en évidence la présence de tympanisme à droite, en plus du bruit de flot. Une dilatation-torsion de la caillette à droite est suspectée car c'est la pathologie la plus fréquente. Mais dans tous les cas, le traitement est chirurgical et la laparotomie s'impose. Celle-ci laisse entrevoir un cæcum extrêmement dilaté et tordu sur son axe ! Pour rappel, le cæcum est un cul-de-sac digestif qui correspond à l'appendice chez l'homme. Il se situe à la jonction de l'intestin grêle et du gros intestin. L'organe est vidangé à l'aide d'un trocart et d'une sonde avant d'être remis en place. La plaie refermée, une antibiothérapie de trois jours est mise en place et la convalescence se passe sans difficultés. Ce cas particulier permet d'illustrer deux points importants : un même symptôme peut correspondre à plusieurs affections et la laparotomie exploratrice reste un examen de choix pour aller plus loin dans le diagnostic des affections digestives n'ayant pas été résolues par un traitement médical ; en dépassant les capacités de digestion de l'intestin, l'alimentation des vaches laitières hautes productrices avec des excès d'aliments « by-pass » semble favoriser la recrudescence de ces pathologies intestinales aiguës (dilatation de cæcum, syndrome jéjunal hémorragique).

CINDY JOUVE, VÉTÉRINAIRE DANS LE PAS-DE-CALAIS

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