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Ceta de mon cœur  !

Ça y est, tu te dis :« Cette fois, Pascal a pété une durite, il prône le Ceta. »

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Eh bien oui, je l’affirme haut et fort, je suis un fervent défenseur du Ceta, mais pas celui auquel tu penses. Le Ceta 35, Centre d’étude des techniques agricoles, est un organisme de formation indépendant entièrement géré par les agriculteurs. Cinq cents adhérents, répartis en groupes spécialisés lait, porcs, cultures, se réunissent neuf journées par an sur la ferme d’un des participants. Avec l’aide d’un ingénieur, les membres présents – environ une quinzaine par groupe –, échangent sur un thème technique, économique ou encore de société. Chacun témoigne de ses expériences, en toute transparence. Financés à 50 % par les cotisations et pour le reste par les fonds Vivea et quelques rentrées annexes, nous gérons notre boutique en toute indépendance. Alors oui, ce Ceta-là apporte à ses membres une formation permanente indépendante, une ouverture, des informations, des échanges d’expériences pour progresser ensemble.

Ce n’est pas le cas de l’autre Ceta (Comprehensive Economic­ and Trade Agreement). Je n’ai pas fait beaucoup d’anglais mais, en gros, cela peut se traduire par : « Il y aura des gagnants, et des baisés. » Sous couvert d’une ouverture des marchés aux produits laitiers, nous nous préparons des lendemains qui déchantent. D’abord, cet accord va flinguer le système historique canadien fondé sur une production nationale calée sur la consommation, ce qui garantissait aux producteurs un prix élevé, de l’ordre de 500 €. Ensuite, c’est un cheval de Troie pour les Américains, puisque la majeure partie des entreprises canadiennes ont aussi des capitaux américains et inversement. Si nous allons pouvoir exporter nos fromages et autres produits laitiers, eux vont nous envoyer de la viande, qui risque fort de déstabiliser nos marchés. Il est facile de comprendre que si nous gagnons quelques centimes sur le lait, nous perdrons des euros sur nos carcasses de réforme et le prix des veaux. Le calcul sera vite fait. Les grands gagnants seront les exportateurs et les industriels laitiers qui ne perdront rien sur la viande.

Comment seront contrôlées ces viandes quand on sait que plus de 200 molécules chimiques autorisées au Canada sont interdites en France ? Le député Jean-Baptiste Moreau (agriculteur qui a voté le Ceta) a beau jeu de dire que les agriculteurs français feraient mieux de s’organiser en filières AOP plutôt que de repeindre sa permanence, il devrait venir sur le terrain voir les difficultés de ceux qui souhaitent s’affranchir des gros industriels. Cinquante collègues qui œuvrent pour monter une unité de transformation, en complément de la fourniture de lait à leur acheteur historique, se heurtent au diktat de Lactalis et là, Moreau n’intervient pas.

Un Ceta international oui, mais à l’image du Ceta 35. C’est-à-dire un collectif géré par des agriculteurs pour échanger, comparer et progresser ensemble, maintenir dans chaque pays un tissu rural vivant. Un Ceta où l’humain est au centre, et non pas le commerce­ international et les exportateurs.

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