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Génétique L’Onab s’est penché sur le phénotype « bulldog » et la maladie des os de verre

Les lèvres fendues, ici en race montbéliarde, font partie des anomalies recherchées par l’Onab dans le cadre de l'analyse des maladies génétiques.

À la suite de remontées de terrain, l’Observatoire national des anomalies bovines (Onab) met régulièrement en évidence des mutations à l’origine de pathologies. Lors de sa journée annuelle, le 8 novembre dernier, il a présenté un focus sur l’anomalie « bulldog » en race prim’holstein et la maladie des os de verre en race normande.

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L’Observatoire national des anomalies bovines (Onab) a résolu, en 2012, un vieux mystère : l’origine génétique des veaux bulldog en race prim’holstein. Cette anomalie se caractérise par un phénotype, c’est-à-dire une apparence physique issue de l’expression du génotype, de veaux nains mort-nés avec une face écrasée et une réduction des os longs. « Nous avons été mobilisés pour travailler sur cette anomalie en 2000, explique Cécile Grohs, ingénieure de l’Inrae à l’unité mixte de recherche Génétique animale et biologie intégrative (Gabi). Mais nous n’avons identifié la mutation causale qu’en 2012, grâce aux technologies de séquençage complet des génomes. » Près d’un pourcent des descendants du taureau Igale BD présentait ce phénotype « bulldog » en race prim’holstein. Les chercheurs d’Eliance, la fédération des entreprises de conseil et de service en élevage, et de l’Inrae avaient aussi constaté deux autres éléments importants : plus de 30 mères ayant eu un premier veau bulldog n’avaient pas d’ancêtre commun avec Igale BD et elles n’avaient pas eu d’autres veaux anormaux après la deuxième saillie avec ce taureau. Il était donc peu probable que cette anomalie soit récessive. L’hypothèse d’un déterminisme dominant avec mosaïcisme a alors été posée par les chercheurs. Cela signifie que la mutation a été transmise pour la première fois par Igale BD, mais une faible proportion de ses veaux était atteinte. « En 2000, nous n’avions pas trouvé la mutation dans le génome du père à cause de cette très faible proportion de ces cellules porteuses de la mutation. Dès que nous avons été en mesure de réaliser le séquençage complet des génomes de deux animaux atteints, nous avons identifié la mutation responsable de ce phénotype», continue Cécile Grohs.

© Agerholm - Un veau mort-né au phénotype « bulldog » remonté par les éleveurs à l'Onab.

Des gènes du collagène à l’origine de ces deux anomalies

Le gène portant la mutation est COL2A1. Il code pour une des chaînes du collagène de type II essentielle à la croissance en longueur des os. La mutation porte sur une substitution d’un acide aminé, entraînant une modification de la structure du collagène et une réduction de sa sécrétion. « Il y a beaucoup d’anomalies qui touchent les gènes du collagène», souligne Cécile Grohs. D’ailleurs, en race normande, une mutation dans un autre gène du collagène a été découverte avec, comme pathologie associée, la maladie des os de verre (ostéogenèse imparfaite) : les veaux présentent alors des déformations squelettiques et une fragilité importante des os. Tout a commencé lorsque 17 veaux présentant cette pathologie, et descendant d’un même taureau normand, sont envoyés à l’Onab. Des radios des veaux montrent des fractures anciennes avec des pertes osseuses et des réparations anormales, ainsi que des fractures plus récentes des côtes et des membres, sans doute à la suite de la naissance. La densité et la qualité des os sont anormalement basses. À l’autopsie, l’émail des dents des animaux apparaît transparent, friable avec des lésions et le blanc de l’œil est légèrement bleu.

© Hamelin - Ce veau, mort après sa naissance, présente une ostéogenèse imparfaite.

Une durée de gestation réduite également observée

Les chercheurs constatent également que les mères des veaux mort-nés ont une durée de gestation réduite conduisant à des mises bas prématurées. Là encore, le taureau était porteur d’une anomalie à déterminisme dominant avec mosaïcisme. L’Onab a pu prévenir rapidement les professionnels de la sélection. « Si on considère que l’excès de mortalité périnatale de ce taureau par rapport à la moyenne de la race est dû à la pathologie de l’ostéogenèse imparfaite, on peut estimer la proportion de veaux atteints à 7,7 % dans sa progéniture, ce qui représenterait 107 cas, en comparaison des 17 qui nous ont été remontés ! Cela souligne la sous-déclaration d’anomalies génétiques à l’Onab, même pour des syndromes très probablement génétiques comme celui-ci», analyse Stéphanie Minery, ingénieure variabilité génétique à l’Idele, qui insiste sur l’importance de rester en veille sur ces anomalies bovines.

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