Race locale « Je produis ma référence avec la race rouge flamande »
Race bovine. Jeune installé, Dominique Vaesken a choisi de conserver la race rouge flamande dans son troupeau. Il a même doublé ses effectifs afin de réaliser son droit à produire dans un système conventionnel associant robots de traite et pâturage.
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Au Gaec Vaesken, la rouge flamande est une tradition qui se transmet de génération en génération. Comme son père, son grand-père et son arrière-grand-père avant lui, Dominique a fait le choix de conserver cette race locale, résistant ainsi à la « holsteinisation ».
Pourtant, lorsqu’il s’installe en 2015 en Gaec avec sa mère Maria, il bénéficie d’une rallonge de 300 000 l qui porte son droit à produire à 660 000 l chez Danone. « Dans ce contexte, certains m’ont conseillé de changer de race, explique-t-il. J’ai préféré augmenter le nombre de vaches pour faire plus de lait et conserver une race plus facile à élever, plus rustique et plus solide. » Le déficit de productivité de la rouge flamande par rapport à la holstein est en effet de 3 000 kg de lait. Mais même dans le cadre d’un agrandissement sans reprise de terres, plus encore que la volonté de prolonger une tradition, il faut voir dans ce choix une vraie pertinence technique.
« La sélection est centrée sur les taux et les pis »
L’installation de Dominique comprend l’investissement dans une stabulation de 115 logettes sur caillebotis intégral (+ 15 places en aire paillée), opérationnelle en 2017. Deux ans plus tard, pour pallier le départ de son salarié, deux robots de traite BouMatic MR-S2 sont mis en route (180 000 €, pour un robot neuf et un d’occasion). Parti de 55 vaches traites, l’objectif consiste alors à accroître rapidement la taille du troupeau jusqu’à 100 laitières. Un effectif qui doit laisser de la souplesse pour évoluer vers un système pâturant, tout en visant un objectif élevé de 6 500 à 7 000 l/VL.
L’accroissement du cheptel se fera par renouvellement interne, tout en appliquant une politique de réforme surtout axée sur la mamelle, « soit environ 10 % des vaches, dont l’orientation des trayons était mal adaptée à la traite robotisée ». Dans un élevage habitué aux podiums des concours, Dominique hérite d’un troupeau de haut niveau génétique : dans le top 20 des meilleures lactations de la race, huit vaches sont issues du Gaec dont les deux premières, avec 9 903 kg et 11 992 kg de lait ; même constat chez les dix premières génisses, avec six primipares à plus de 7 000 l. « Le lait est là, on se concentre désormais sur la qualité des taux et des pis. » L’éleveur s’appuie sur un catalogue de 70 taureaux confirmés, plus trois à cinq nouveaux taureaux mis en test chaque année avec Gènes Diffusion, dont six taureaux disponibles en doses sexées. Concerné par la sélection des mères à taureaux, Dominique utilise très ponctuellement des embryons frais prélevés dans son troupeau, « un moyen d’accélérer le progrès génétique sur quelques souches vraiment faibles en lait ».
Avec la mise en route des robots, les éleveurs ont aussi dû faire face à une explosion des comptages cellulaires due à des défauts de réglage, aujourd’hui en partie réglés. Le troupeau avait heureusement une base de 90 % de vaches saines. Malgré la persistance de quelques « vaches à millions », les derniers comptages à 230 000 cellules sont encourageants (170 000 en salle de traite). Ainsi, en cinq ans seulement, l’objectif de 90 vaches traites a été atteint en juin.
Une moindre ingestion et des aplombs plus solides
La présence de deux stalles assure une fréquentation de 2,4 traites/VL/jour pendant la saison de pâturage : à cette période, les vaches ont accès, via deux portes de tri, à 13 ha d’herbe gérés en pâturage tournant. Cette pratique assure 60 % de la ration pendant la pleine pousse de l’herbe, et 20 % en été. À l’auge, la ration comprend 8 kg MS de maïs + 2 kg de betterave + 4,5 kg de méteil (16 % de MAT et 40 % de MS), avec une complémentation moyenne au robot de 2 kg de correcteur et 1,2 kg de concentré de production. Sur ce principe, le troupeau a produit près de 600 000 l de lait lors de la campagne 2020-2021, soit une moyenne de 25,3 l/j, avec un niveau d’ingestion inférieur à celui des holsteins (- 3 kg MSI) qui permet de limiter les besoins de stocks. L’exploitation dégage un EBE de 120 000 €, dont les trois quarts issus de l’atelier lait.
Les élevages de flamandes n’affichent évidemment pas tous ce niveau de performance. Les éleveurs démontrent néanmoins que la race est capable de bien valoriser le pâturage, mais aussi de s’exprimer dans une logique plus intensive. Elle conforte même sa place dans une stabulation où les holsteins ne sont pas épargnées par les problèmes de pieds et surtout par des écartèlements consécutifs à des glissades. « Les flamandes ont des aplombs plus solides et, à la différence des holsteins, sont capables de se relever », témoigne Dominique.
Reste qu’avec près de 80 000 € d’annuités, le jeune éleveur admet que c’est la marge des cultures légumières qui a permis de passer le cap économique de cette transition.
Jérôme PezonPour accéder à l'ensembles nos offres :