C'EST UNE MÉTHODE SIMPLE ET RESPECTUEUSE DE L'ENVIRONNEMENT, contrairement au gazage au PH3, dangereux pour l'homme en conditions confinées et qui nécessite un agrément. La pose de pièges demande un certain savoir-faire que nous a dévoilé Jérôme Dormion, taupier professionnel, organisateur de formations sur cette technique. Le piégeage permet de prélever les individus qui causent les dégâts sans détruire la faune du sol. Les autres méthodes naturelles sont inefficaces, chères ou fondées sur de fausses croyances. Non, la taupe n'est pas hémophile ! C'est un animal solitaire, qui se nourrit de vers de terre et creuse toutes les quatre heures des galeries pour trouver ses proies. Elle n'hiberne pas. Le piégeage se pratique donc toute l'année. Son coût est faible et la durée de vie des pièges illimitée. Alors, retrouvons les gestes de nos anciens.
DOMINIQUE GRÉMY
Le piégeage traditionnel des taupes, de Jérôme Dormion. Voir page 75.
JUSQU'À SOIXANTE TAUPINIÈRES PAR ANIMAL
- Chaque taupe a un réseau de 500 m2 et peut créer trente à quarante taupinières (beaucoup plus dans les sols légers). On peut compter entre dix et vingt taupes par hectare. Elle peut creuser 10 à 15 m de galerie à l'heure, qui font 10 à 20 cm de profondeur. En cas de sécheresse ou l'hiver, les galeries sont plus profondes (50 cm). En creusant, la taupe tasse un tiers de la terre dans la galerie et évacue le reste, qui constitue les taupinières trahissant sa présence.
DES PIÈGES ROUILLÉS ET SANS ODEUR
- Le piège traditionnel (modèle Putange). Préférez le modèle avec armement par pince. Sa fermeture est plus puissante et entraîne la mort immédiate de l'animal. Il faut le faire rouiller avec l'anneau de tension (la tente) en l'enterrant deux à trois semaine sous terre. Ainsi, la taupe, à l'odorat très sensible, se méfiera moins. Pour la même raison, il est conseillé de le stocker dehors dans un coin du jardin et de porter des gants afin de ne pas laisser d'odeur. Pour tendre le piège, on utilise une pince qui permet de placer l'anneau.
Autres techniques : les répulsifs (plantes, engrais, huiles, etc.), les appareils à ultrasons, à vibrations ou à explosion ont une efficacité faible ou nulle.
IMPÉRATIF BIEN PLACER L'ANNEAU
- On insère la pince au centre du piège pour l'ouvrir d'une seule main. On place l'anneau entre les bras du piège. C'est en passant entre ces deux bras et en poussant l'anneau que la taupe déclenchera le piège. L'anneau doit être positionné de façon à pouvoir passer un doigt entre l'anneau et l'extrémité du piège. Il doit légèrement dépasser derrière le piège.
À savoir : privilégiez la pince mobile, plus efficace, à la pince fixe souvent vendue avec les pièges.
SITUER LES GALERIES PRINCIPALES
- La galerie principale peut être fréquentée par plusieurs taupes, qui y passent plusieurs fois par jour. Elle longe souvent le bord d'une clôture ou d'une haie. Les taupinières n'y sont pas forcément fraîches, mais le piégeage y sera très efficace. Deux taupinières de part et d'autre d'une allée ou d'une route peuvent signifier un passage obligatoire, donc un bon lieu de piégeage.
À savoir : les galeries de surface sont creusées par de jeunes taupes ou par des mâles en rut. Il y a peu de chances qu'elles soient utilisées à nouveau. Inutile donc de les piéger.
CHOISIR LES TAUPINIÈRES FRAÎCHES
- C'est le signe que la taupe est passée récemment. On choisit de préférence une taupinière au centre des autres. Ce peut être un carrefour fréquenté.
À savoir : on ne piège jamais les plus grosses taupinières car les galeries y sont plus profondes. Elles peuvent aussi indiquer la présence d'un nid où la taupe sera très méfiante, donc difficile à piéger.
DÉCOUPER UNE MOTTE DE 30 CM
- Après avoir choisi la bonne taupinière, on enlève le monticule de terre pour trouver la cheminée qui descend verticalement au centre. Avec une bêche on découpe un carré d'environ 30 cm autour de la cheminée et on retire soigneusement la motte ainsi formée.
Le rat taupier (ou campagnol terrestre) creuse aussi des galeries, créant des monticules de terre. À la différence des taupes, la cheminée, au centre, descend en oblique. Il se nourrit de racines et cause de gros dégâts. Il colonise les galeries des taupes.
AUTANT DE PIÈGES QUE DE GALERIES
- Bien dégager les différentes galeries (ici il y en a trois) pour y placer les pièges. On peut s'aider d'un manche de tournevis pour en agrandir le diamètre. Les pièges tendus sont enfoncés dans la galerie (bras du piège vers le haut) en ne laissant dépasser que la boucle du ressort.
Le piège est fixé avec un bâton afin que la taupe ne recule pas avec le piège dans la galerie. Il sert également à repérer le piège.
LAISSER UNE PRISE D'AIR
- Les pièges placés, on recouvre le trou avec la motte précédemment enlevée, en évitant surtout de trop l'enfoncer de façon à laisser une prise d'air. La taupe n'aime pas les courants d'air et sera tentée de revenir reboucher cette prise d'air pour ainsi se prendre aux pièges.
- Pas de lumière. S'il ne faut pas trop tasser, il faut cependant veiller à l'absence de lumière. Dans le cas contraire, la taupe creusera à côté ou poussera de la terre sur le piège.
EN CAS DE PRISE, REPLACER AU MÊME ENDROIT
- La relève des pièges se fait 24 à 48 heures après les avoir posés. Une taupe prise peut signifier que vous avez trouvé l'une des galeries principales où d'autres taupes pourront circuler. Il est donc conseillé de remettre en place les pièges à cet endroit.
À savoir : la taupe creuse de nouvelles galeries pour agrandir son territoire de chasse. Dans un terrain très riche en vers de terre, elle pourra se contenter des galeries existantes et vivre sa vie sans que vous ne remarquiez de nouvelles taupinières.