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Profil laitier :les leaders à la peine sur les taux

Décalage. Les leaders laitiers sont exclus de la sélection de L’éleveur laitier par leurs taux. Ils conservent le potentiel de production de leurs ancêtres… mais aussi leur marque sur les taux qui ne répond plus au marché.

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Exit les taureaux à plus de 1 000 kg. Les meilleurs laitiers ne se retrouvent pas dans la sélection de L’Éleveur laitier. Au nombre de seize, tous ont soit le TP, soit le TB négatif… soit les deux. Même scénario pour ceux entre 800 et 1 000 kg. Sur les trente-huit dans cette tranche, seul un quart affiche des TB et TP positifs. La forte empreinte d’Upérise, neutre en taux, et celle d’Ulozon, très négatif, pèsent sur les 54 mâles à 800 kg et plus. Ils ne sont pas les seuls responsables.

Upérise et Ulozon toujours influents

Les vingt années de sélection privilégiant la protéine à la matière grasse le sont aussi. Même si le nouvel Isu lancé l’an passé favorise désormais le TB, même si les entreprises de sélection travaillent depuis plusieurs années à le remonter pour répondre à la demande en matière grasse des laiteries, cela souligne le chemin encore à parcourir pour associer potentiel très laitier et richesse du lait. « La normande est une race nationale. Nous n’allons pas trouver par miracle un nouveau courant de sang, analyse lucidement Matthieu Chambrial, d’Origen Normande. Grâce au génotypage, nous pouvons seulement créer des individus de façon plus fine qu’auparavant. » Chez Évolution, la stratégie est de retenir des index génomiques laitiers plus élevés pour assurer les performances attendues par les éleveurs. Elle tire cette stratégie de la chute des index lait des générations F, G et H (voir L’Éleveur laitier de mars 2019). Rappelons aussi qu’un taureau avec un CD lait de 70 a un risque de hausse ou de baisse jusqu’à 596 kg, contre 244 kg avec un CD de 95. « Pour contenir cet effet, nous nous efforçons de mettre en service des génomiques dont le pedigree est confirmé. Ils ne subiront pas ainsi les variations de leurs ascendants », précise Matthieu Chambrial.

Les têtes d’affiche écartées

Le numéro un laitier Neopps à 1 442 kg est dans ce cas de figure. Le TB à - 1 exclut le fils de Fylio Isy (Upérise) de notre sélection.

Évolution conseille Neopps sur Geyser Isy, Ibernatus, Holen Noz ou encore Inferno.

Le numéro 2, lui, n’avait aucune chance. Mokka (Inferno sur Fornells-Upérise) cumule un TB et un TP très négatifs. Les éleveurs ne s’y sont pas trompés. L’ex-leader laitier n’est pas dans les 19 reproducteurs normands les plus utilisés l’an passé. Origen Normande continue de le proposer pour des demandes ciblées d’éleveurs.

Origen Normande conseille Mokka sur génisses. « Il est complémentaire aux filles d’Aubray, Galbraith, Genial Isy, Hantilly et Holen Noz. »

Dans ce contexte, la sélection de L’Éleveur laitier est assez exigeante puisqu’elle met la barre des taux à 0,5. Les deux rescapés sont Orfèvre, le leader de la race, et Noirdésir. Ils ont en commun Horléans, leur grand-père maternel (Orfèvre) ou paternel (Noirdésir). Upérise et ses taux neutres se sont effacés devant Finnois (2,2 de TB, famille Uvray) pour donner un Horléans­ à 1,2 de TB et un petit 0,3 de TP. Via son père Landrover, Orfèvre bénéficie également de l’influence positive d’Holen Noz (0,5 en TB et 0,9 en TP, famille Banania) et de Dolvic (1,4 en TB, famille Redondo). Plus largement, Orfèvre est le prototype de ce que souhaitent les éleveurs de l’Ouest : une traite rapide, facilitée par la mamelle, des aplombs pour pâturer et l’aptitude bouchère (1,3 de synthèse bouchère). Attention à la fertilité des génisses (- 0,6).

Évolution conseille Orfèvre sur Fortain, Flaman Isy ou Glass et Noirdésir sur les origines Ulozon, Haliba Isy ou Havana Isy.

Se préoccuper de la variabilité génétique

L’autre Landrover sur Horléans, Oran (149 d’Isu et 936 kg), a trébuché. Son 0,3 de TB l’empêche de franchir la première étape de notre sélection. Il ne faut pas le négliger pour autant. La note de synthèse de la mamelle est supérieure à 1,1, la vitesse de traite équivalente à 0,5.

Malgré son absence de notre sélection, une autre origine assure des taux positifs. Il s’agit de Game Over via Royal Holl et Voupigny (Nelpon-Foix). Il est le troisième plus utilisé l’an passé et à l’origine de Newyork, Iganto et Nuevo.

Tous ces taureaux ont un coefficient de parenté avec la population femelle d’au moins 6,25 %. En d’autres termes, leurs produits à naître auront en moyenne des grands-parents cousins germains. La variabilité sur les allèles chromosomiques ne corrige pas cette tendance. Hormis Nuevo qui améliore son Isu de 13 points, pour tous les autres, elle fait reculer leur Isu de 2 à 12 points. « Il faut s’en soucier, dit Matthieu Chambrial. La race normande va se saisir de ce dossier dans les prochains mois. »

Claire Hue

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