Login

Champs détrempés, maïs couchés : la campagne d’ensilage prend l’eau

« La saison va être longue et éprouvante » résume Yannick Tempereau, entrepreneur dans les Deux-Sèvres.

Les intempéries des derniers jours challengent encore un peu plus la résilience des éleveurs. Entre la verse et les problèmes de portance, les Pays de la Loire sont particulièrement touchés. Ailleurs en France, la situation est moins préoccupante, mais les entrepreneurs restent contraints de travailler dans des conditions non optimales.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

D’après un sondage réalisé sur Web-agri entre le 8 et 11 octobre, 40 % des éleveurs n’ont pas encore débuté les ensilages de maïs, et 26 % ont des chantiers en cours. Une récolte tardive, qui promet d’être périlleuse compte tenu des cumuls de précipitations.

Des maïs à terre dans les Pays de la Loire

Dans les Pays de la Loire, l’heure est au tour de plaine après le passage de la tempête Kirk. Pour Yannick Tempereau, gérant d’une entreprise de travaux agricoles, c’est la tempête de trop. « Nous avions déjà eu le coup de massue la semaine dernière, avec des pluies qui ont achevé de coucher les maïs. Mais alors avec la tempête de mercredi, c’est le coup de grâce ».

Sur les réseaux, les images de maïs à terre se multiplient. « Dans le nord Deux-Sèvres, on a beaucoup de maïs versé. On essaie de les avoir avec des releveurs. Mais si le sol ne porte pas, on ne peut pas faire grand-chose », tranche Yannick, qui estime à seulement 50 % la proportion de maïs ensilé sur son secteur.

Il y a des exploitations dans des situations très graves

L’entrepreneur insiste « le moral est bas dans les campagnes. Il y a des éleveurs qui auront du mal à tenir financièrement. Nous sommes une région de polyculture. Il faut du fourrage, de la paille… Toutes les cultures ont été impactées cette année, et les semis promettent d’être compliqués. Je ne pense pas que les trésoreries permettent de supporter deux années comme celles-ci ». Depuis le 10 octobre 2023, l’entrepreneur a enregistré 1 600 mm sur sa structure. C’est deux fois plus qu’une année normale.

Mais tout n’est pas perdu. « Les champs vont ressuyer », tempère Yannick « nous avons installé des becs releveurs, fait quelques petites adaptations maison pour faire passer les machines ». À défaut de pouvoir ensiler, des éleveurs envisagent de moissonner le maïs pour pouvoir en sauver le grain.

Si certains misent sur les chenilles, difficiles d’y voir une solution miracle. « Ça n’est pas tout de faire passer la machine, il faut aussi un tracteur dans le champ pour transporter le fourrage ».

Des parcelles gorgées d’eau à l’est de Paris

L’est de Paris a également été touché par les pluies. Thibaut Flament, à la tête d’une entreprise de travaux agricoles, tente de se rassurer : « ça n’est pas la catastrophe, nous ne sommes qu’au 10 octobre, mais nous venons quand même de prendre 150 mm en 15 jours… ». Si les volumes de précipitations restent importants, l’est de la France est passé à côté des forts coups de vent. « Je préfère vraiment avoir des parcelles dans l’eau que du maïs couché », poursuit l’entrepreneur. « On peut toujours attendre que ça réssuie. Par contre quand on en est rendu à ensiler 5 ha par jour parce que tout est à terre, c’est une autre histoire ».

Dans le secteur, les ensilages ont à peine débuté « il y a peut-être 10 % de rentrés », estime le gérant de l’ETA Solu’Agri, qui travaille essentiellement pour des méthanisations, à côté de Meaux.

Le nord-ouest relativement épargné

La partie nord-ouest de l’hexagone est davantage épargnée. Si les chantiers sont peu avancés, les entrepreneurs sont plus optimistes. « Les terres sont mouillées, c’est compliqué par endroits, mais nous n’avons pas de maïs couchés comme dans les Pays de la Loire », lance l’ETA Normandie, située dans l’Orne. « Cela fait 4 ou 5 jours que les machines tournent. Il y a peut-être 15 % des maïs d’ensilés. Il faut le temps que ça se fasse », résume l’entrepreneur.

Même constat en centre Bretagne, chez l’ETA LF Jaffré. « On est sur une année très tardive. Les maïs ont été semés tellement tard que nous ne sommes pas étonnés de démarrer seulement maintenant ». Champs humides, maïs parfois abîmés… Le tableau n’est pas catastrophique, mais la récolte promet d’être compliquée. « Nous avons déjà mis les releveurs sur les coupes », conclut le gérant.

Sur Twitter, Laurie confirme les dires de l’entrepreneur. L’éleveuse a débuté les ensilages hier en Ille-et-Vilaine. « On est les seuls du secteur paraît-il ». Et la récolte ne se fait pas sans peine : « premier tour, ça passe. Deuxième tour, tracteur enlisé. Troisième tour, deux tracteurs enlisés ». Mais en remplissant un petit peu moins les bennes, le maïs parvient tout de même à rentrer à la ferme.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement