Création d’un collectif pour les éleveurs « lâchés par Lactalis »
La FNPL veut s’engager et accompagner les éleveurs « lâchés par Lactalis » en créant un collectif.
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« Nous avons décidé de créer un collectif des producteurs lâchés par Lactalis afin de faire respecter leurs droits », s’est exclamé Yohann Barbe, président de la FNPL, le 21 janvier en conférence de presse. Après être revenu sur le blocage au sein de la Maison du lait ou encore sur les négociations commerciales, il a développé la question des éleveurs dont le contrat va bientôt s’arrêter avec Lactalis (préavis passé de 12 à 18 mois). « Au niveau de chaque département, il sera possible pour l’éleveur — s’il le souhaite — de rejoindre ce collectif. Il est encore trop tôt pour définir un appui juridique. Le but est déjà de regrouper un maximum de producteurs et de structurer la démarche. L’Unell n’est pas en mesure d’aller en justice et il ne s’agit pas de revivre un conflit Sunlait-Savencia », explique Yohann Barbe. Il revendique des contrats signés et non juste des propositions. Il s’interroge également sur la démarche du cabinet de conseil Triangle « qui demande aux industriels et aux OP de se vendre aux producteurs ». Ludovic Blin, premier vice-président du syndicat, rappelle que « la mobilité des producteurs doit être choisie et non subie ».
Ne pas rester seul face à son contrat
Ils craignent avec d’autres représentants syndicaux que l’éleveur, éloigné et sans collecteur, signe un contrat à bas coût. « "Je vais te prendre mais avec 10 €/1 000 l de moins car tu es loin", pourrait dire un industriel , lance Yohann Barbe. Il faut impérativement du cas par cas. » Il demande, par exemple, la prise en charge par Lactalis de l’investissement lié à des parts sociales dans le cas d’une reprise du lait par une coopérative, du rachat du tank à lait si nécessaire ou encore des charges supplémentaires si l’éleveur rentre dans un cahier des charges spécifiques lié à un autre acheteur. « Dans l’Est, certains se posent la question d’utiliser de l’aliment sans OGM, mais c’est un coût supplémentaire, sans savoir qui sera leur acheteur demain », cite-t-il pour exemple. Il évoque la question des jeunes installés dont le contrat, selon un décret de 2017, ne peut être rompu qu’au bout de sept ans et non cinq. « Il y a un désengagement des relations contractuelles de la part de l’industriel », souligne-t-il, dont Lactalis va devoir répondre.
La filière bio en pleine crise, Lactalis le savait
La question des producteurs de lait bio arrive également : « Au vu du contexte économique de cette filière, il y a peu de possibilités de recaser les producteurs de lait bio et Lactalis le savait. […] Nous ne sommes pas des numéros mais des producteurs ! Cela va également fragiliser certaines organisations de producteurs (OP). L’Apllage, par exemple, va perdre un tiers de ses producteurs du jour au lendemain alors qu’il est déjà difficile de se structurer en tant qu’OP. » Et changer d’OP ne se fera pas du jour au lendemain. Même si le président de la FNPL reste « persuadé que la solution miracle n’existe pas », il souhaite que son syndicat « accompagne et s’engage » auprès de ses producteurs, d’où la création de ce collectif. « Nous aurons, par la suite, le temps de trouver des avocats compétents en droit des affaires… », fait-il observer, avec un doux sourire.
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