CONGRÈS DE LA FNPL Du concret, et vite !
Débats. Les promesses des États généraux de l’alimentation ont animé l’essentiel des échanges publics lors du congrès de la FNPL. Les responsables veulent croire à un vrai changement.
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L’esprit de filière souffle à nouveau », s’est félicité André Bonnard, secrétaire général de la FNPL, à l’occasion de son congrès les 14 et 15 mars à Vannes (Morbihan). Car deux tables rondes ont rassemblé des représentants de la transformation et de la distribution. Tous pensent qu’il existe des pistes de création de valeur pour le lait.
Certes, mais après des négociations commerciales tendues et à l’heure où la différenciation des produits laitiers s’accroît, on décèle des tensions. Des industriels reprochent aux distributeurs de ne soutenir que leurs propres marques. « On sent un double discours et c’est gênant », souligne Magali Sartre de chez Bel, refusant de nommer les distributeurs qui ne jouent pas le jeu.
Harmoniser les démarches de segmentation
Pour la FNPL, la multiplicité des initiatives de différenciation rend urgente l’élaboration d’un socle commun « pour éviter la surenchère ». Avec peut-être le risque de diluer, voire de perdre la valeur créée. Michel Nalet, porte-parole de Lactalis, a rappelé que l’export donne aussi des cartes pour ramener de la valeur, regrettant que les EGA soient restés centrés sur les questions françaises. Mais ne nous leurrons pas, la prise en compte du coût de production ne concernera au mieux que les 60 % du lait qui reste en France.
Les débats avec la salle ont fait ressortir les doutes quant au respect des promesses des EGA. Les attentes sont énormes en matière de valorisation et de visibilité. Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, s’est appuyé sur les EGA et le plan de filière pour interpeller le ministre, Stéphane Travert. « Le secteur laitier revendique la moitié des 5 md€ promis par l’État. » Pour lui, il faut mettre des euros en face de chaque effort consenti par les éleveurs (alimentation sans OGM, bien-être animal…).
La loi doit être améliorée et risque d’arriver trop tard
Concernant les négociations commerciales, « il faut acter la fin de ce jeu de dupe », affirme-t-il, tout en indiquant que le projet de loi le laisse sur sa faim. « Je n’y vois aucune automaticité du retour de valeur à l’éleveur. Et je crains que la loi n’arrive trop tard pour peser sur les prochaines négociations commerciales. »
En réponse, Stéphane Travert a réaffirmé le souhait de l’État d’aboutir à une rémunération juste des producteurs « en prenant le problème à la racine ». Sa volonté de voir le cadre législatif évoluer vite laisse dubitatif puisque depuis, l’examen du texte a été repoussé de deux mois ! Il a aussi tenu à avertir les producteurs : « La loi ne fera pas tout : les éleveurs doivent se donner les moyens de peser en se regroupant. » Le discours est bien huilé, mais les éleveurs attendent les actes. Curieusement, la Pac a pris peu de place dans les débats, même si beaucoup ont souligné l’importance des enjeux. Thierry Roquefeuil s’inquiète d’un risque de recul du budget agricole en raison du Brexit.
Pascale Le CannPour accéder à l'ensembles nos offres :