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Éleveurs laitiers anglais « Nous n’en pouvons plus de cette incertitude sur le Brexit »

Reportage. Les éleveurs anglais disent leur exaspération et s’inquiètent des conséquences du Brexit pour le lait britannique.

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Le 12 décembre, les Britanniques iront aux urnes pour élire un nouveau Parlement. Le Premier ministre, Boris Johnson, espère une majorité en faveur du Brexit négocié avec l’Europe. « Qu’elle soit dans un sens ou dans l’autre, il faut prendre une décision. Nous n’en pouvons plus de cette incertitude sur le Brexit », s’exclament les éleveurs anglais rencontrés mi-novembre.

À la tête d’un système de type néozélandais de 300 vaches, Andrew Stevens espère que la fracture n’aura pas lieu. « C’est difficile de prendre une bonne décision, quand la question est elle-même mauvaise », ironise-t-il.

À court terme, rester focalisé sur son élevage

Comme ses collègues, plutôt que de céder au découragement, il préfère se concentrer sur son élevage, « qui doit être rentable en baissant toujours plus les coûts de production ». Dans l’hypothèse d’un Brexit, il s’inquiète des aides agricoles. « Si par chance, elles restaient au même niveau, elles seraient conditionnées à des mesures environnementales renforcées. » À 20 km d’Andrew, Becci Berry (180 vaches) craint d’être fragilisée par les accords bilatéraux que signerait son pays. « La réglementation européenne, aujourd’hui, nous protège.  » C’est que l’agriculture et l’agroalimentaire ne pèsent pas lourd dans le produit intérieur brut britannique : 1 %. Le risque est de passer au second plan des négociations, en particulier derrière les banques et assurances.

Quid de la politique alimentaire de BoJo ?

Ce risque est d’autant plus grand si le choix est fait de soutenir le pouvoir d’achat des Britanniques par les produits importés. « Trente-cinq pour cent des produits laitiers consommés sont importés. Le gouvernement va-t-il encourager la production nationale par des taxes douanières élevées ou accepter des niveaux bas favorables aux importations et aux consommateurs ? Nous n’en savons rien », pose, stoïquement, David Humphries, responsable de la ferme de l’université de Reading­ (600 vaches). Miles Saunders, éleveur bio (380 vaches), n’attend pas la réponse. Il dirige la coop bio OMSCO. « Nous voulons consolider ses réserves pour pouvoir investir et continuer d’exporter nos poudres et cheddars vers l’Europe et les États-Unis. » La coop débute par 10 €/1000 l son plan de capitalisation auprès de ses 250 membres. Quant à Mike Patch (950 vaches), il s’inquiète plus du court terme. Il craint des complications pour employer des salariés étrangers (actuellement des Roumains), ou acheter des génisses en Europe.

Claire Hue

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