Élagage Chantier de bûcheronnage : et si on parlait sécurité ?
Un chantier de bûcheronnage ne s’improvise pas, maîtriser quelques règles et savoir-faire techniques permet à la fois de gagner en efficacité et en sécurité. Éviter tout risque d’accident, cela passe par un équipement adapté, des outils en bon état et bien utilisés, et une bonne préparation du chantier.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
C’était un vendredi en fin de journée, presque le week-end. Le chantier de bûcheronnage de Boris Debourg est à peu près terminé, il a juste oublié un élément à couper. « J’y retourne, je ne remets pas la paire de lunettes de protection, et c’est là que je me prends de la sciure dans l’œil. » Quelques gouttes de sérum physio pour apaiser la douleur et c’est fini. Mais voilà qu’au bout d’une semaine, il commence à perdre la vue, il faut aller consulter.
« L’accidentologie intervient souvent en fin de journée ou en fin de semaine, quand on travaille dans la précipitation et la fatigue, quand on relâche l’attention », commente le formateur en élagage et aménagements paysagers au centre de formation du Lycée agricole Le Fresne, à Angers (Maine-et-Loire). Au fond, la première des consignes de sécurité, c’est sans doute de ne jamais relâcher l’attention, et ne pas sous-estimer son état de fatigue.
« Il ne faut jamais travailler dans la précipitation », complète Séverine Giacomini, conseillère prévention à la MSA de Maine-et-Loire.
Un chantier organisé et balisé
Un chantier de bûcheronnage sécurisé, c’est avant tout un chantier organisé. Cela commence par la prise en compte de l’environnement, c’est-à-dire l’évaluation des contraintes, la présence d’un bâtiment à proximité par exemple. Déployer de la rubalise si c’est en bord de chemin, demander à la mairie de fermer les accès routiers si besoin, prendre en compte la présence de lignes électriques. La règlementation impose des distances de sécurité en fonction de la puissance électrique. Il faut tenir compte également de la météo, des risques d’orage par exemple.
Sécuriser un chantier de bûcheronnage, c’est aussi prévoir un accès pompiers, avoir une trousse de secours dans son tracteur. Avant de commencer, il faut observer l’état des arbres, les directions de chute des branches, les risques de chutes aléatoires. Un "homme de pied", au sol, doit être toujours présent pour sécuriser la zone, retenir les cordes, pour les opérations de mouflage et pour tirer les branches s’il y a du broyage à faire. « On ne se lance pas seul dans un chantier, il faut toujours être au moins deux », prévient Séverine Giacomini.
Un équipement adapté, des outils en bon état
On ne se lance pas non plus dans un chantier de bûcheronnage habillé comme un touriste, en espadrilles, short et t-shirt. Les professionnels portent des « EPI », des équipements de protection individuelle composés d’un pantalon anticoupure adapté à la puissance de la machine, des protections pour les oreilles et les yeux et si possible des manchettes pour les bras. Comme les pantalons, elles sont composées de kevlar. Lorsque la tronçonneuse se prend dedans, de la fibre se déploie, se prend dans la chaîne et la stoppe. Et la tête ? Port du casque obligatoire, plus d’un accident sur dix concerne la tête, d’après la MSA. Attention aussi aux pieds, également touchés dans plus d’un accident de bûcheronnage sur dix. Les chaussures ou bottes de sécurité sont impératives.
Un chantier de bûcheronnage doit être réalisé avec des outils adaptés et en bon état. « Une tronçonneuse mal affûtée coupe moins droit, fait plus de bruit et accroît le risque de rebonds donc d’accidents. Elle impose aussi de forcer davantage et peut entraîner des troubles musculo-squelettiques », met en garde Boris Debourg. Une chaîne mal tendue, c’est un risque de cassure et donc d’accident, Une chaîne se tend quand la machine est froide, donc avant le chantier.
« Il faut toujours garder les deux mains sur sa machine », insiste Séverine Giacomini. La tronçonneuse qui se tient à une seule main, autrement appelée élagueuse, est réservée aux opérations effectuées dans l’arbre, il est interdit de l’utiliser lorsque l’on est à terre. Pas moins de mille accidents de tronçonneuse surviennent chaque année en France, dont près de 150 accidents graves.
En ce qui concerne les outils emmanchés, pour fendre des billons avec le merlin ou la masse et le coin, il faut toujours se placer sur le côté du billon, jamais à cheval. Si le fer de la hache a tendance à bouger, attention aux accidents. Surtout ne plantez pas de clou pour le bloquer, mieux vaut faire tremper le haut du manche quelque temps dans l’eau ou l’huile de lin pour que le bois se dilate un peu.
Regarder la cime de l’arbre
Avant d’abattre un arbre, il faut nettoyer le périmètre du tronc en prévoyant une zone de repli à l’opposé de la zone de chute (ou plus exactement à 135°). « Il ne faut pas qu’il y ait de lierre ou de branchage à traîner par terre qui pourrait empêcher l’évacuation », explicite le formateur en élagage. La zone à baliser doit s’étendre sur deux fois la hauteur de l’arbre. S’il s’agit d’élagage, la zone de sécurité ne s’étend que sur une fois la taille du houpier. « Il faut toujours se faire un petit scénario des accidents qui pourraient survenir », recommande Séverine Giacomini.
Pour l’abattage, une entaille de direction donne à l’arbre l’orientation de la chute choisie. Pour les arbres légèrement penchés dont on veut contrarier la chute (en raison d’un obstacle par exemple), il faut utiliser des coins d’abattage, leviers voire un treuil si le penchant est trop prononcé. Le risque principal au cours de l’abattage d’arbres penchés est l’éclatement de la bille avant que le trait d’abattage ne soit terminé (notamment pour les hêtres, peupliers ou frênes).
Pendant le chantier d’abattage, l’homme de pied doit prendre le temps de regarder, reculer, se repositionner, les yeux en l’air pour scruter les mouvements à la cime de l’arbre. « Le plus grand risque, c’est de ne pas maîtriser la direction dans laquelle l’arbre va tomber », avertit le directeur du CFPPA le Fresne Lionel Aubert. « Quand on manque de certitude sur le point de chute, il faut s’aider de cordes, attacher », propose Boris Debourg.
Dans l’arbre, le bûcheron doit se positionner de manière la plus sécurisée possible, « trouver un point d’ancrage de façon à rester attaché en cas de perte d’équilibre ». Mais de toute façon, grimper dans un arbre est périlleux, Séverine Giacomini « déconseille complètement à un non-professionnel de le faire ».
Pour accéder à l'ensembles nos offres :