Panneaux solaires Produire plus d’électricité pour vendre plus de lait
Avec l’arrivée d’un second robot de traite en janvier, Fabien Lepoder, éleveur à La Baconnière (Mayenne), prévoit d’augmenter son volume de lait de 50 %. Il a réalisé un audit énergie électrique avec Seenovia dans l’objectif d’accroître dans la même proportion sa production d’électricité photovoltaïque pour l’autoconsommation.
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Le premier robot de traite est arrivé chez Fabien Lepoder en 2010 tandis que l’élevage ne comptait encore que 60 vaches en lactation. « J’ai fait ce choix au moment du départ à la retraite de mes parents avec qui je travaillais en Gaec, explique l’éleveur. J’étais contrôleur laitier avant de m’installer et je suis attaché à la performance. Ce n’était pas facile de trouver un associé, et l’option robotisation me convenait bien.» Avec ce nouvel outil toutefois, la consommation d’électricité augmente par rapport à l’ancienne salle de traite. Le robot utilise aujourd’hui 28 700 kWh par an, soit 35 % du total. Il faut ajouter, pour le fonctionnement du bloc de traite, 12 100 kWh/an pour le tank (15 % du total) et 6 600 kWh/an (8 %) pour le chauffe-eau. C’est pourquoi, lorsque la rénovation d’une toiture orientée au sud-ouest s’est révélée nécessaire quelques années plus tard, Fabien Lepoder décide d’installer des panneaux solaires pour la production et l’autoconsommation d’électricité.
En 2017, il investit 50 000 € dans 180 m2 de toiture photovoltaïque d’une puissance de 27 kW crête. «Avec un coût de 8 centimes par kWh produit, alors que j’achète actuellement l’électricité 16 centimes en heures creuses et 20 centimes en heures pleines à EDF, je rentabilise chaque jour cette installation », estime l’éleveur. La production des panneaux s’élève à 30 000 kW par an environ, dont 18 000 sont autoconsommés (60 %) et 12 000 revendus à un tarif de 13,50 cts/kW (ce qui génère environ 1 600 € de revenu par an).
15 € d’électricité pour mille litres de lait
La consommation électrique de la ferme s’est depuis encore accrue. En 2019, Fabien Lepoder acquiert un robot d’alimentation dont les besoins s’élèvent à 5 500 kWh/an (7 % du total). Puis, à la suite d’un épisode de chaleur important en 2022, il équipe son bâtiment d’une ligne de douche et de douze ventilateurs verticaux nécessitant 12 300 kWh/an (15 % du total), soit autant que le tank. Enfin, un second robot de traite est installé en janvier 2024 avec l’objectif de monter à 110-120 vaches traites et 1,5 million de litres de lait.
En 2023, la consommation totale des équipements s’élève ainsi à 81 000 kWh et le volume facturé à 63 000 kWh, soit une autonomie de 22 %. Les achats mensuels sont plus importants de décembre à mars (plus de 6 000 kWh/mois) en raison d’une moindre disponibilité de l’autoproduction photovoltaïque. Tandis qu’en été, les besoins élevés pour le refroidissement du lait et les ventilateurs sont mieux couverts par l’autoproduction. C’est ce qu’indique, notamment, l’audit énergie électrique réalisé par l’entreprise de conseil Seenovia, dans la perspective d’un nouveau projet photovoltaïque pour 2024. D’après cet audit, l’achat d’électricité représente pour l’EARL Vilhermay une charge de 15 € par mille litres de lait (elle était à moins de 6 € avant l’arrivée du robot en 2010). « Ce chiffre est supérieur à la moyenne des élevages robotisés de Seenovia qui est de 11 €, observe Alexis Boisneau, conseiller Seenovia ayant réalisé l’audit. Cela s’explique par la consommation élevée des ventilateurs et du tank, ainsi que par des tarifs d’achat peu favorables notamment pour l’acheminement de l’électricité représentant 10 % de la facture.» Seenovia estime en outre qu’avec l’évolution à venir du prix de l’électricité, cette charge pourrait atteindre 26 € par mille litres de lait d’ici à dix ans.
Autoproduire tout en restant au tarif bleu
L’éleveur étudie donc l’installation de 45 m2 supplémentaires de panneaux photovoltaïques sur un autre bâtiment bien orienté, utilisé pour le stockage d’aliments. D’après l’audit, cela fournirait une production annuelle de 18 000 kWh, apportant 21 % d’autonomie supplémentaire vis-à-vis des achats actuels d’électricité. L’investissement de 44 000 €, financé par un prêt à 4 % sur douze ans, serait rentabilisé au terme de la dixième année, avec un gain cumulé estimé à 106 000 € au bout de vingt-cinq années d’exploitation. «L’enjeu pour moi est de bien dimensionner ce nouveau projet pour rester au tarif bleu avec une puissance de compteur de 36 kVA (kilovoltampères), souligne Fabien Lepoder. Je ne peux pas installer une centrale photovoltaïque d’une puissance supérieure à celle de mon compteur, au risque de basculer en tarif jaune. »
En parallèle de l’autoproduction d’électricité, l’éleveur doit donc trouver aussi des leviers de réduction de sa consommation. Déjà équipé d’un prérefroidisseur de lait, il projette d’acquérir un tank à lait Opticool de 15 000 litres. «Avec l’augmentation de la production laitière, je dois changer de tank. C’est l’occasion d’acheter mon propre matériel. Le surcoût par rapport à un tank traditionnel est de 15 000 € avec un retour sur investissement en sept ans grâce aux économies d’énergie de 40 % sur le tank et de 50 % sur le chauffe-eau via la récupération de calories. »
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