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Manutation Le recours à la Cuma pour l’alimentation et la manutention

François Baron, Christophe Courilleau et leur troisième associé ont organisé leur exploitation depuis vingt ans pour fonctionner avec pratiquement aucun matériel en propriété.

Au Gaec La Madeleine, dans les Deux-Sèvres, l’essentiel des travaux de manutention est réalisé avec le télescopique de la Cuma. Le pâturage et l’utilisation d’une automotrice de désilage, partagée avec trois autres exploitations, limitent les besoins en matériels sur l’exploitation.

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Créé en 2003, le Gaec La Madeleine, à Nueil-le-Aubiers (Deux-Sèvres), associe trois éleveurs qui privilégient, depuis le départ, le travail avec leurs voisins plutôt que les achats de tracteurs et autres matériels. Installés sur une SAU de 100 ha, ils se sont convertis au bio en 2019 et ont toujours favorisé le pâturage. Sur le plan des équipements, les trois éleveurs sont investis dans la Cuma communale L'Argencie qui leur fournit l’essentiel des tracteurs, automoteurs et autres outils. Pour l’alimentation du troupeau, par exemple, le Gaec utilise, avec trois autres exploitations, une désileuse automotrice Autospire 120 de marque Lucas.

© D.Lehé La désileuse automotrice est partagée entre quatre exploitations sur un petit périmètre géographique.

« C’est déjà notre deuxième machine en commun, précise Christophe Courilleau, l’un des membres du Gaec. Le groupe fonctionne ainsi depuis 2008. Auparavant, nous travaillions avec une distributrice traînée utilisée en entraide avec notre voisin. L’arrivée de l’automotrice a nettement simplifié le travail et réduit le temps quotidien consacré à l’alimentation. Nous n’employons pas de chauffeur, chacun l’utilise sur son exploitation, puis va la conduire sur la ferme suivante. Cela implique une logistique bien rodée, car le chauffeur revient ensuite chez lui avec la voiture de l’autre agriculteur, mais cela se passe bien. »

© D.Lehé Cette Autospire 120 est déjà la deuxième machine utilisée par le groupe depuis 2008. C’est un modèle roulant à 40 km/h pour optimiser les temps de déplacements entre exploitations.

Fermeture de silos

Sur les quatre fermes utilisant l’automotrice, trois sont situées dans le même périmètre géographique, entre 200 et 900 m de distance. La quatrième est plus éloignée, à environ 5 kilomètres. D’où l’intérêt de ce modèle circulant à 40 km/h. Le Gaec La Madeleine ainsi qu’une autre exploitation du groupe ferment leurs silos en périodes de fort pâturage, si bien qu’à certaines époques de l’année la désileuse ne nourrit que deux ou trois troupeaux. La facturation comprend une part fixe de 7 € pour 1 000 l de lait produit annuellement, à laquelle s’ajoute un montant variable de 30 €/h d’utilisation sur la ferme. Seul le temps passé sur l’exploitation est comptabilisé via un boîtier 365FarmNet placé sur la machine. Il géolocalise sa position et enregistre les durées d’utilisation. Le temps passé sur la route est donc mutualisé dans le coût global. « C’est un tarif tout compris, incluant le carburant, précise François Baron, un autre associé. Chez nous, le prix final sur l’année était jusqu’à présent de l’ordre de 14 €/1 000 l. Mais, avec l’augmentation du GNR, il devrait grimper un peu. Cela reste abordable, et la désileuse automotrice nous fait surtout gagner du temps. En moyenne, elle passe vingt minutes par jour chez nous. Quand nous avions notre machine tractée en entraide avec le voisin, il fallait un second tracteur pour charger. Avec tout le temps passé à monter et descendre d’une machine à l’autre et à se déplacer d’un silo à l’autre, une personne seule y passait près d’une heure. »

Trois télescopiques partagés

La stabulation est équipée de logettes, paillées quotidiennement à la main. Les bottes sont stockées dans un couloir central. Une fois par mois environ, les associés utilisent le télescopique de la Cuma pour remplir le couloir de paille. Au total, la Cuma possède cinq tracteurs et trois télescopiques partagés. Les associés du Gaec sont impliqués dans la gestion du matériel, notamment en tant que responsables d’un des télescopiques stationné sur l’exploitation. Il s’agit d’un JCB 527 d’une portée de 6 m. C’est principalement celui-ci qu’ils utilisent. Ils s’en servent au moment de la récolte ou pour vider les fosses, ainsi qu’occasionnellement pour de la manutention. Le tout, pour une durée d’utilisation annuelle comprise entre 130 et 150 heures. Le montant facturé pour ce matériel (entretien, assurance et GNR compris) était de 28 €/h en 2022 et vient de passer à 32 €/h cette année pour tenir compte de l’augmentation des pièces et du carburant.

© D. Lehé La Cuma propose trois chargeurs télescopiques dont celui-ci que le Gaec utilise 130 à 150 h par an environ.
© D. Lehé Un compteur horaire dans la cabine du téléscopique enregistre le temps d’utilisation de chaque adhérent.

Le tarif est assez élevé comparativement à ce qui peut se pratiquer dans d’autres groupes. Mais l’explication tient au fait que les trois télescopiques ne font que 400 à 500 heures chacun par an. La Cuma privilégie la disponibilité avec trois chargeurs, alors que deux suffiraient sans doute pour réaliser les heures demandées. Toutefois, le planning serait plus compliqué à gérer.

Un seul vieux tracteur en propriété

« Nous avons tout de même un tracteur en propriété sur la ferme, précise Christophe Courilleau. Ce Case 845 XL date des années 1980. Il est équipé d’un chargeur frontal, utilisé principalement pour repousser l’ensilage à l’auge ou mettre une botte de foin dans le râtelier. S’il ne sert même pas une demi-heure par jour, et uniquement pour de petits travaux dans ou autour des bâtiments, il est tout de même indispensable de l’avoir sous la main. » Pour les trois associés, ce mode de fonctionnement avec exclusivement du matériel partagé est parfaitement adapté à leurs besoins.

© D. Lehé Le seul tracteur du Gaec est un Case IH 845 XL des années quatre-vingt qui sert à peine une demi-heure par jour.

La Cuma leur facture, par exemple, 450 heures de tracteur par an. Ils ont accès à cinq tracteurs de tailles et de puissances différentes, pour un montant qui ne leur permettrait d’en financer qu’un seul à l’achat. « L’automotrice de désilage nous simplifie aussi profondément l’organisation logistique, souligne François Baron. Sans cette machine, nous aurions une mélangeuse attelée derrière un tracteur et un second automoteur pour la charger. Cela nous reviendrait forcément plus cher en charges de mécanisation. L’autre levier est celui du pâturage. Chez nous, les vaches ne restent totalement enfermées que deux ou trois semaines par an et elles sont nourries exclusivement à l’herbe durant trois à cinq mois. Le niveau de pâturage conditionne le temps passé en bâtiment, ce qui joue directement sur les besoins en manutention pour nourrir les animaux et curer les étables. Nous faisons donc en sorte de réduire cette charge logistique pour avoir moins de coûts en matériels. »

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