ROBOT : LES ÉTAPES À NE PAS MANQUER JUSQU'AU JOUR J
Le lancement de la traite robotisée est un challenge qui peut être stressant. Établir une « check-list », période par période, évite d'être débordé.
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L'INSTALLATION D'UN OU PLUSIEURS ROBOTS NE S'IMPROVISE PAS. Avant de signer le bon de commande, une réflexion est bien sûr menée sur le but d'un tel investissement : est-ce pour gagner du temps, résoudre des troubles musculo-squelettiques, préparer le départ à la retraite d'un associé ? « Il faut se poser la question, non pas du "pourquoi" mais du "pour quoi" », indiquait il y a un an le BTPL dans L'Éleveur laitier (n° 229, p. 36).Dans un Gaec, c'est l'occasion de vérifier que les objectifs personnels des associés rejoignent le projet collectif.
UN PRÉALABLE : BIEN PENSER LE PROJET
Cette réflexion se mène généralement de concert avec le choix du robot. Il est conditionné à plusieurs critères. Les plus couramment avancés sont la circulation libre ou guidée des vaches, la qualité de service du concessionnaire et sa proximité, l'entraide possible avec des voisins déjà équipés ou la technique de nettoyage de la mamelle. « Visiter des élevages robotisés aide à prendre la décision », conseille David Perdrix, conseiller en bâtiments à la chambre d'agriculture du Calvados. « Si l'exploitation emploie un salarié, il est indispensable de l'impliquer dès le départ dans le projet. » Dans un Gaec, un tel projet bouleversera sans doute son rythme et la répartition des tâches. Le risque est que celui ou celle qui prendra en main le logiciel du robot « dépossède » les personnes qui, via la traite, étaient jusque-là les plus en contact avec les vaches. Un échange entre associés est là aussi indispensable.
Cette réflexion est le préalable au processus d'installation de la traite robotisée. Jusqu'au jour J, il faut compter un an.
J - 6 À 12 MOIS
Financer le projet. Il concerne l'achat du robot, mais aussi les aménagements à réaliser : zone d'installation et d'accès au robot, portes et barrières de tri, système de contention et d'isolement, matelas et tapis ou non dans les logettes et couloirs, bureau, laiterie, etc. L'étude économique menée avec le conseiller de gestion aidera à déterminer la faisabilité du projet. L'exploitation a-t-elle l'assise financière suffisante pour l'assumer, surtout en période de prix du lait bas ? Peut-elle en autofinancer une partie sans fragiliser la trésorerie ? Le nouveau programme d'investissement Europe-État-Région 2014-2020 pourra-t-il en financer une partie ?
Cette réflexion, la réalisation des devis, la négociation avec la banque et la demande de subventions exigent du temps.
Stocker les déjections en plus. La capacité de stockage des déjections est calculée par rapport à la présence des vaches dans le bâtiment. Si la traite robotisée s'accompagne d'un arrêt ou d'une réduction du pâturage, il faut adapter le stockage à ce temps supplémentaire en stabulation, avec un coût à la clé. Si le pâturage est maintenu, il se traduira par des aménagements parcellaires, à prévoir dans l'investissement.
Faire un bilan du bâtiment. « Les vaches passant plus de temps dans l'étable, si le robot est installé dans le bâtiment existant, il est impératif de vérifier sa ventilation par un test fumigène », indique David Perdrix. De même, contrôler le réglage des logettes. La pente est l'un des éléments clé : elle doit être de maximum 4 % en conduite tapis ou matelas lisier et de 2 à 3 % en conduite paillée.
Il faut également contrôler la profondeur et la largeur des logettes, l'arrêtoir au sol et la barre de cou (www.gie-elevages-bretagne.fr).
Des stocks fourragers suffisants. Habituer les vaches au robot nécessite de les garder dans le bâtiment pendant deux mois après la mise en service. Des constructeurs demandent même de les enfermer trois semaines avant. Il faut donc les stocks fourragers en conséquence. Cela signifie prévoir la surface de maïs adéquate. Ne pas hésiter à retarder la mise en route s'ils s'avèrent insuffisants.
Étaler les vêlages. Une fréquentation optimisée du robot passe par des vêlages étalés sur l'année. La planification de l'insémination des génisses est le premier levier à actionner pour atteindre cet objectif.
J - 2 À 3 MOIS
Bilan de santé des animaux. Solliciter son vétérinaire. Il identifiera les vaches susceptibles de poser des problèmes, c'est-à-dire celles à cellules et mammites, et qui souffrent de boiteries. Dans le premier cas, l'objectif avant le lancement est un comptage cellulaire moyen du troupeau sous les 200 000 cellules/ml. « En situation réelle et non au tank », précise Yann Martinot, d'Orne Conseil Élevage. Le plus important est de repérer les vaches contaminées par des bactéries contagieuses (staphylocoques dorés en particulier). Il suggère de faire un « pathoproof » sur le lait de tank et sur le seau du contrôle laitier pour les laits écartés afin d'identifier l'origine des mammites (mammaire ou d'environnement). « Dans le premier cas, une fois les vaches repérées, soit on les réforme, soit on tarit les quartiers malades. »
Pour les vaches atteintes de boiteries : réformer celles difficiles « à récupérer ».
Se former au logiciel. Pour les éleveurs mal à l'aise avec l'outil informatique, il peut être intéressant de suivre une formation à sa maîtrise générale. Pour le logiciel de gestion du robot, le concessionnaire propose une prise en main. « Il est conseillé que tous les associés et salariés la suivent », estime David Perdrix.
J - 30 JOURS
Se familiariser au logiciel. Demander au constructeur la version de démonstration qui permet de s'approprier le logiciel.
Préparer les colliers des vaches. Ils sont livrés en pièces détachées. Il faut les assembler, ce qui demande du temps. Il faut ensuite poser les colliers et saisir le numéro de chaque vache (reportage pages suivantes).
Habituer via le Dac. Delaval préconise de distribuer les concentrés au robot deux à trois semaines avant sa mise en service. Lely, lui, confronte l'animal au robot le jour J. « Dans le premier cas, cela l'habitue un peu, mais cela prend du temps. Dans le second, le contact avec le robot est plus "violent". Cette méthode a fait ses preuves aussi », analyse Yann Martinot.
Adapter la ration. La distribution des concentrés au Dac du robot est le moteur de la fréquentation. Que ce soit deux à trois semaines avant (Delaval) ou le jour J (Lely), établir une ration semi-complète pour 7 kg de lait en dessous de la moyenne du troupeau. Distribuer à toutes les vaches ou par classe de production une quantité fixe de concentrés pendant deux à trois semaines, avec un minimum de 2,5 kg/vache. Le type de concentrés peut également jouer sur l'accoutumance de l'animal. « Il a une mémoire des aliments consommés jeune. Si c'est du granulé, mieux vaut lui proposer ce type-là. Même stratégie sous forme de farine », recommande Yann Martinot. En cas d'un passage à une ration semi-complète, choisir des concentrés au profil énergétique non acidogène tel que le maïs. « Même si elle a un surcoût de 30 à 40 €/t, il est prudent d'acheter une formule bloquée de concentrés. »
Parer les vaches. Comme les vaches passeront plus de temps dans le bâtiment, les préparer à ce changement. Le parage un mois avant leur permet de s'habituer à leur nouvel équilibre (voir L'Éleveur laitier n° 238 de septembre, p. 39).
Préparer la mamelle. « Une pose sans problème des gobelets passe par la tonte et le brûlage des poils de la mamelle. Brûler aussi les poils de la queue », indique David Perdrix. Ne pas réformer une vache sur la morphologie de sa mamelle. Patienter jusqu'au jour J.
J - 7 JOURS
Un pense-bête. La mise en service approche. La chambre d'agriculture du Calvados a rédigé un pense-bête pour les derniers préparatifs : la ration à l'auge (voir J - 30 jours), étalonner les vis de distribution du Dac, prévoir des barrières pour la gestion des lots dont des barrières de guidage, habituer les vaches à circuler en lots, tarir les plus avancées en lactation ou produisant moins de 15 kg/jour, réformer les boiteuses, veiller à la grande propreté du couchage, achever tous les travaux avant le lancement quitte à repousser de quelques jours, demander à la laiterie un tank tampon.
LE JOUR J
C'est le grand jour. Tout est prêt. Il faut être bien reposé et entouré de quelques personnes de confiance, en plus des techniciens « robot ». Objectif : ne pas stresser les vaches. « Des lots de quinze peuvent être constitués pour le premier passage. » Prévoir un nettoyeur à haute pression pour laver l'espace de la traite au moins deux fois par jour.
CLAIRE HUE
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