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LA CLÔTURE ÉLECTRIQUE : PLUS TECHNIQUE QU'IL N'Y PARAÎT

0,8 à 1 joule par km La puissance des électrificateurs proposés dans le commerce peut varier de 1 à 15 joules. Pour des vaches laitières, la puissance recommandée est de 0,8 à 1 joule par kilomètre de clôture. PHOTOS © D.L.

ÉQUIPEMENTS, MONTAGE, ENTRETIEN... EN MATIÈRE DE CLÔTURE ÉLECTRIQUE, LES NOTIONS DE BASE SONT PARFOIS MAL CONNUES. TOUR D'HORIZON DES PRINCIPAUX ASPECTS À MAÎTRISER POUR CONCEVOIR UNE INSTALLATION PERFORMANTE.

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CHOISIR SON ÉLECTRIFICATEUR , c'est un peu comme choisir son tracteur, explique un commercial d'une grande marque. L'éleveur doit d'abord déterminer de quelle puissance il a besoin puis, selon son budget, s'intéresser aux options supplémentaires. » Pour les électrificateurs de clôture, la puissance, ou énergie d'impulsion, s'exprime en joules (J). Les principaux fabricants (Lacmé, Patura, Gallagher...) proposent des appareils allant de 1 à 15 joules dans des gammes de prix de 100 à 700 €. La puissance nécessaire est dictée par la longueur de la clôture, le nombre de fils et le risque de fuite de courant dû à la végétation.

Pour des vaches laitières, les vendeurs recommandent une puissance d'environ 0,8 à 1 joule par kilomètre de clôture. Avec une clôture à deux fils, il ne faut pas multiplier la puissance par deux, mais tenir compte d'un risque de pertes plus important par le fil du bas. Les appareils fonctionnant sur secteur en 230 volts (V) présentent tous les avantages : plus puissants, plus économiques et sans baisse de performance dans le temps. Toutefois, quand le raccordement au secteur n'est pas possible, il faut opter pour un modèle autonome.

4 000 V EN TOUT POINT DU CIRCUIT

En entrée de gamme, les appareils à pile 9 V conviennent surtout aux installations temporaires. Ils sont légers et faciles à déplacer, mais avec une autonomie et une puissance limitées. Pour du plus long terme, un modèle sur batterie de 12 V est préférable. Avec un panneau solaire en complément, il peut fonctionner pendant plusieurs années.

Les électrificateurs les plus simples disposent de lampes, rouges ou vertes, indiquant le bon fonctionnement. Sur les modèles plus haut de gamme, un écran digital affiche avec précision la tension de sortie réelle dans le circuit. Très pratiques, certains appareils disposent, en cas de chute de tension, d'une alarme lumineuse ou sonore, pouvant même être reliée au téléphone mobile de l'éleveur (à condition de se connecter à une ligne fixe ou de souscrire à un abonnement mobile). Un électrificateur fournit un courant de quelques millièmes d'ampère (A) pour une tension souvent comprise entre 5 000 et 10 000 V. Cette valeur peut paraître importante, mais en réalité le choc électrique, bien que douloureux, n'est pas comparable aux 5 ou 10 A, voire davantage, que reçoit une victime d'électrocution domestique à 230 volts.

La tension, ou voltage, est la mesure utile pour connaître l'efficacité de la clôture. Elle doit être supérieure à 2 000 V en tout point du circuit et, si possible, au-dessus de 4 000 V afin de disposer d'une certaine réserve. En effet, les pertes dues à la végétation, à la vétusté des isolateurs ou à une mauvaise conductivité du fil entraînent une baisse de la tension avec la distance. Le seul moyen efficace de s'en apercevoir est d'utiliser un testeur de clôture (voir encadré).

PRISE DE TERRE : UN POINT TROP SOUVENT NÉGLIGÉ

Mais le meilleur électrificateur ne vaut rien s'il n'est pas bien installé. Le point le plus souvent négligé est la prise de terre. Les spécialistes conseillent souvent d'enfouir verticalement au moins trois piquets de terre en acier galvanisé d'une longueur de 1 à 2 m. Placer de préférence les piquets de terre dans un endroit humide en les reliant par un câble, également en acier galvanisé d'au moins 2,5 mm de diamètre. Pour garantir une bonne prise de terre, certains conseillent 1 m de piquet enterré par joule fourni. Le premier piquet est relié à l'électrificateur, le deuxième piquet au premier, le troisième au deuxième... La distance conseillée entre les piquets est de 3 m au minimum. L'éleveur qui utilise plusieurs électrificateurs doit créer autant de prises de terre indépendantes, en les éloignant d'au moins 10 m les unes des autres. Relier un électrificateur de clôture à la prise de terre du circuit EDF de l'exploitation est par ailleurs interdit. Cela peut entraîner de graves dysfonctionnements, notamment si la foudre tombe sur la clôture. L'efficacité de la prise de terre peut être régulièrement mesurée selon un protocole précis : en premier lieu, vérifier au moyen d'un testeur de clôture que la tension à 100 m de l'électrificateur est au minimum de 2 000 V. Créer alors en ce point un court-circuit en appuyant un piquet métallique contre la clôture. La tension doit baisser en dessous de 1 000 V. Dans le cas contraire, cela signifie que la prise de terre n'est pas suffisante. Contrôler alors les connexions et si tout est en ordre, allonger la prise de terre en enterrant un piquet supplémentaire. Recommencer le test jusqu'à l'obtention d'une chute de tension au niveau du point en court-circuit. Ensuite, un second test est nécessaire. Il consiste à laisser le piquet de court-circuit en place à 100 m de l'électrificateur et à mesurer à l'aide d'un voltmètre la tension entre le sol et le dernier piquet de terre. Si la tension dépasse les 500 V, la prise de terre devra encore être améliorée, soit en ajoutant des piquets, soit en humidifiant le sol. Une mesure inférieure à 500 V signifie que la prise de terre est efficace.

Pour les liaisons de l'électrificateur à la clôture ou à la prise de terre, les éleveurs utilisent très souvent d'anciens câbles de récupération en cuivre. Mais ils ne sont pas conçus pour les hautes tensions et s'oxydent aux connexions avec l'acier galvanisé. C'est pourquoi les fabricants proposent du câble spécifique haute tension, supportant jusqu'à 20 000 V et adapté aux passages souterrains ou aériens. Ainsi, au niveau d'une ouverture avec une poignée isolée, un câble doit relier les deux côtés afin d'assurer une bonne alimentation, que la porte soit ouverte ou fermée.

UN CONDUCTEUR POUR CHAQUE USAGE

Les fils en acier galvanisé de 2,5 mm de diamètre sont adaptés aux installations permanentes. La qualité de la galvanisation détermine la durée de vie du fil. La rouille est en effet un isolant qui diminue l'efficacité de la clôture. Attention donc aux réparations et aux noeuds, car le fil s'oxyde plus rapidement quand il a été tordu. Les fils synthétiques, plus souples, sont très pratiques à utiliser pour les clôtures temporaires. Ils sont constitués de plusieurs brins métalliques (acier, inox ou cuivre), entremêlés avec des brins plastifiés plus visibles par l'animal. Là aussi, la gamme est large. Les fils de premier prix ne comportent généralement que des brins en inox. S'ils sont résistants, ils sont moins bons conducteurs et donc non adaptés aux grandes longueurs. Pour les grands parcellaires, mieux vaut opter pour un conducteur comportant des brins en acier galvanisé ou bien un mélange de brins d'inox pour la résistance et de cuivre pour la conductivité. Les fabricants indiquent en principe sur la bobine la longueur maximale d'utilisation. Quel que soit le type de fil employé, celui-ci doit être suffisamment tendu pour être maintenu à hauteur. Les fils de type high sensible supportent jusqu'à plus de 100 kg de tension selon les diamètres. Mais pour les fils classiques, la résistance est souvent inférieure. Il existe des tendeurs rotatifs ou des ressorts adaptés à tout type de fil.

GRAND CHOIX DE PIQUETS ET D'ISOLATEURS

Les poteaux en bois ou en acier sont couramment employés dans les clôtures permanentes. Pour les installations temporaires, le choix est large : les piquets en plastique sont les moins onéreux mais aussi les plus fragiles et les plus sensibles aux UV. Plus résistants, les piquets en fibre de verre sont également très légers. Un atout pour une clôture à déplacer régulièrement. La fibre de verre est aussi un très bon isolant, ce qui limite les risques de perte. Malgré un poids plus élevé, les piquets en acier restent les plus courants car plus résistants. La marque Lacmé commercialise un piquet à base plastique isolée qui se termine par une tige et une boucle en acier où passe le fil. La partie haute du piquet est électrifiée, dissuadant ainsi les vaches de s'approcher. Du côté des isolateurs, la matière détermine la qualité et aussi le prix. Les plus résistants sont en porcelaine et sont bien adaptés au départ de fil, ou bien aux angles, là où la traction mécanique est la plus forte. Dans la large gamme des isolateurs en matière synthétique, il est préférable de choisir un modèle résistant aux UV dont la durée de vie sera plus longue.

NE PAS INSTALLER L'APPAREIL À PROXIMITÉ DES FOURRAGES

Quand c'est possible, il vaut mieux réaliser une boucle complète en ramenant la fin du fil jusqu'à l'électrificateur. Cela évite qu'en cas de coupure du fil en un point, la fin du circuit ne soit plus sous tension. Pour éviter le vol d'un appareil sur batteries, les constructeurs proposent des caissons de protection qui se ferment au moyen d'une clé isolée. Une fois verrouillé, le caisson et même le panneau solaire sont sous tension. En cas d'orage, la foudre peut tomber sur la clôture et faire brûler l'électrificateur. C'est pourquoi, l'appareil ne doit pas être installé à proximité du fourrage. Par ailleurs, pour un montant d'environ 20 €, un système parafoudre assure une protection relativement efficace. Ce dispositif s'installe en extérieur et est relié également à une prise de terre indépendante pour dévier la foudre vers le sol.

POSER DES PANNEAUX AVERTISSEURS

Pour chaque clôture, l'éleveur doit poser au minimum un panneau avertisseur de préférence au niveau des chemins d'accès. Si un sentier longe la clôture, des panneaux supplémentaires doivent être placés tous les 50 m. Ne jamais brancher plusieurs électrificateurs sur la même clôture. Car en cas de contact, l'animal ou la personne subirait plusieurs impulsions au lieu d'une seule, avec des risques potentiels sur son rythme cardiaque. Pour cette même raison, la réglementation stipule que deux clôtures électriques doivent être éloignées d'au moins 2,50 m. Un point à prendre parfois en compte avec son voisin.

DENIS LEHÉ

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