« LA DÉTECTION DES CHALEURS N'EST QU'UNE FACETTE DU HEAT BOX »
L'utilisation d'un dispositif de détection des chaleurs a ramené une certaine sérénité à la ferme de l'Alpa. Les premiers résultats encourageants sur génisses laissent espérer une amélioration, à terme, de la fécondité toujours problématique des laitières.
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JORIS ERZEN, RESPONSABLE D'EXPLOITATION DE LA FERMEÉCOLE DE L'ALPA(1), À HAROUÉ (MEURTHE-ET-MOSELLE), a retrouvé une certaine sérénité. « Notre contexte est assez particulier, explique-t-il. La surveillance des vaches et génisses à inséminer est assurée par trois salariés, mais aussi par les 350 stagiaires qui sont en formation au centre. Compte tenu du turn-over, il est courant que l'équipe de traite du matin soit différente de celle du soir. » Pas étonnant dans ces conditions que Joris Erzen ait été intéressé par les dispositifs de détection des chaleurs de type accéléromètre 3D. Il en existe actuellement trois sur le marché français : le Heat Box de la société irlandaise Dairymaster, le Heat Phone de Médria et le Heatime vendu par Créavia. Leur principe : détecter la suractivité des vaches en période de chaleurs à l'aide d'un collier équipé d'un boîtier renfermant l'accéléromètre. Via une antenne, les informations sont transmises par des ondes radio au support central (portée de 50 à 100 m). Un logiciel informatique analyse ensuite les données des vaches susceptibles d'être en chaleur et de celles ayant une faible activité. Le choix de l'Alpa s'est naturellement porté sur le Heat Box proposé par Optival, coopérative de contrôle de performances et de conseil en élevage, intervenant dans les départements de la Meurthe-et- Moselle, la Meuse et les Vosges. Les colliers ont été installés en octobre 2010. « Pas seulement pour répondre à la particularité de notre contexte organisationnel. Cet investissement s'est fait aussi dans un objectif pédagogique pour nos stagiaires et pour tester le dispositif avant de le faire découvrir aux éleveurs de la région », précise le responsable. Après une seule année de recul, il est difficile de tirer des conclusions pour Joris Erzen. Pour autant, les premiers constats et résultats enregistrés vont dans le bon sens.
« BIEN MOINS DE VACHES INSÉMINÉES TROP TÔT »
« Avant la pose des colliers, nombreuses étaient les vaches inséminées trop tôt, bien avant le stade optimum. Cela engendrait des retours en chaleur deux jours après l'insémination et l'obligation d'inséminer une nouvelle fois. Aujourd'hui, le phénomène est devenu très rare.
Toutes les vaches détectées par le Heat Box sont véritablement en chaleur. En 2004, il n'y en avait que sept sur dix. » Le chiffrage réalisé par l'Alpa évalue entre 750 et 1 000 _ par an pour le troupeau, le gain sur les inséminations grâce à l'appui de l'accéléromètre 3D.
En pratique, les colliers ne sont posés que sur les animaux en phase de reproduction. Leur nombre doit donc être adapté à la taille du troupeau et à l'étalement des vêlages.
Dans le cas de mises bas étalées, comme ici, compter 30 à 40 % de colliers par rapport à l'effectif. Il en faut 60 % pour des vêlages plus groupés. Les trente achetés par l'Alpa lui ont coûté 5 700 € Joël Erzen relativise le montant de l'investissement « couvert avec les économies réalisées sur les inséminations, en comptant un amortissement sur sept ans, soit 815 €par an ».
« NOUS AVONS BEAUCOUP GAGNÉ EN TRANQUILLITÉ »
Avec 2,15 IA en moyenne par IA fécondante enregistrée en 2011, l'amélioration de la détection des chaleurs ne s'est pas encore franchement traduite dans les résultats de fécondité. En 2004, le troupeau était à 2,5 IA/IA fécondante. Mais pas de quoi remettre en cause, pour Joris Erzen, la pertinence de l'investissement réalisé. Et pour cause, les seulement 42 % de réussites en première IA des vaches (36 % de moyenne de 2004 à 2010) avec 38 % d'animaux à 2 IA (31 % de 2004 à 2010) et 20 % à 3 IA et plus (33 % de 2004 à 2010) ont une explication. L'hiver dernier, une épidémie de grippe a sévi dans le troupeau de vaches en lactation. D'où ces performances de fécondité encore trop décevantes.
En revanche, sur les génisses épargnées par la grippe, les résultats se montrent très encourageants. En 2011, 72 % d'entre elles ont été fécondées dès la première IA, le reste à la deuxième. Sur la période 2004- 2010, sans les colliers, 65 % des génisses étaient à 1 IA, 25 % à 2 IA et 10 % à 3 IA et plus. Joris et tous ceux qui, à l'Alpa, ont en charge l'observation des animaux apprécient la tranquillité apportée par la technologie Heat Box. « À 18 heures, on ferme les portes du bâtiment. Il n'y a plus le souci de retourner le soir observer les animaux ! À 5 h 30, mon premier réflexe est de consulter sur l'ordinateur les événements de la nuit. » Et le responsable de l'exploitation de poursuivre : « 70 % des chaleurs s'expriment la nuit avec des signes apparents toutes les 20 min. Il est donc aléatoire de les repérer toutes, en surveillant les animaux quelques minutes en soirée, d'autant que les intervenants sont souvent occupés par des tâches annexes. »
Joris apprécie aussi l'intérêt particulier des colliers quand il s'agit d'observer les génisses « Dans un lot de plus de douze génisses, lorsque deux sont en chaleur, trois ou quatre autres tournent autour tout en manifestant des signes identiques. Il est donc difficile de diagnostiquer par l'observation celles qui sont réellement en chaleur. Maintenant, l'outil s'en charge ! »
« LE DISPOSITIF FACILITE LA DÉTECTION DES CORPS JAUNES »
Il y a aussi pour lui des avantages indirects à l'utilisation d'un accéléromètre. « Le dispositif facilite la détection des corps jaunes en cas d'absence d'activité ainsi que les vaches longues à revenir en cycle. Cela peut représenter 10 à 15 % des vaches dans le troupeau ».
L'outil apparaît également intéressant pour repérer des animaux souffrant d'une boiterie des antérieures. C'est parce que l'appareil enregistre « les coups de tête ».
Joris fait néanmoins quelques recommandations aux clients potentiels. « Il est primordial que le nombre de colliers soit adapté à la taille du troupeau et à l'étalement des vêlages. Il ne faut pas sous-estimer ce point. Si leur nombre est trop restreint, il faut déplacer fréquemment les colliers d'une vache à l'autre, d'où le risque de blessures des mains lors des manipulations. »
Pour être efficace, les deux piles de l'accéléromètre doivent être vérifiées tous les deux ans. Il y a lieu d'être réactif et ne pas hésiter à les changer dès que l'intensité baisse. Joris Erzen relève un souci lors de la perte de collier au parc qui est souvent la conséquence d'une mauvaise pose. Dans le cas d'une surface de pâture importante, l'opération « recherche » risque d'être longue. Les salariés et stagiaires de l'Alpa en ont fait l'expérience. Mais là il s'agissait d'un problème de fixation sur les premiers modèles, détail aujourd'hui réglé par le fabricant.
DENIS SCHANG
(1) Association lorraine pour la promotion en l'agriculture.
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