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UN AUTOMOTEUR POUR DÉCAPER PLUS LARGE

Désormais installés sur un chariot électrique, les chalumeaux destinés au décapage thermique peuvent être couplés et couvrir plus de surface à l'heure.

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DE LOIN, ON CROIRAIT VOIR UN COSMONAUTE PILOTANT UNE JEEP LUNAIRE. Mais le chariot électrique à l'oeuvre ce jour-là dans l'élevage de Jean-Luc Coudé, à Taupont (Morbihan), est en fait un nouvel outil conçu pour assurer le décapage thermique des aires d'exercice dans les stabulations. L'engin qui tourne depuis quelques mois est le fruit de la collaboration entre Denis Gasse, ingénieur chez Air Liquide, et Luc Papeta, gérant de la société Tounet. « Il y a sept ans que je réalise du décapage thermique en élevage, en vue de redonner de l'adhérence aux bétons. La technique a donc du recul, explique ce dernier. En revanche, il y avait beaucoup à faire pour en améliorer la productivité. »

À l'instar de Luc Papeta, les pionniers de cette activité ont en effet commencé avec des chalumeaux de 25 cm de large ! « Pour un local de 600 m2, il fallait six jours de travail ! » Progressivement, la performance s'est accrue avec l'utilisation de décapeurs de 50 cm montés sur des bâtis à roulettes et poussés par l'opérateur. « Mais pour des raisons de coût, nous voulions gagner encore en efficacité et en temps d'intervention. »

JUSQU'À 1,20 M DE LARGE EN UN SEUL PASSAGE

Jusque-là, cependant, l'équipe se heurtait à des difficultés techniques difficiles à résoudre. Tout d'abord, lorsque les chalumeaux dépassent 60 cm de large, la régularité de répartition du gaz n'est plus assurée sur la totalité de la rampe.

Ensuite, la vitesse de travail ne peut pas, à ce jour, dépasser 60 m à l'heure. « C'est impératif à la chaleur de le désinfecter et d'y brûler les graisses en profondeur, jusqu'à 2,5 cm. »

Les concepteurs de la machine ont résolu ces difficultés en utilisant un chariot automoteur électrique, qui porte désormais si l'on veut un travail de qualité : la flamme, dont la température atteint 2 900°C, doit passer suffisamment lentement pour créer le choc thermique qui va en quelque sorte peler la surface du béton. Mais cela permettra aussi non pas une mais deux rampes à gaz de 60 cm chacune, installées côte à côte. Il peut donc intervenir sur une largeur de 1,20 m. Chacun des deux chalumeaux est alimenté individuellement en gaz combustible (du propylène) et en comburant (de l'oxygène), grâce à des flexibles les reliant aux bonbonnes qui restent à l'extérieur du bâtiment. Chacun d'eux possède également son circuit individuel de refroidissement. « Grâce à cette disposition, et dans certaines configurations de bâtiments, il est possible de couper l'une des deux rampes, pour éviter le recouvrement, par exemple », explique Luc Papeta. Cela donne en outre à l'engin une grande modularité : « Nous pouvons en effet combiner des rampes de tailles différentes – 40, 50 ou 60 cm, par exemple – pour s'adapter à toutes les largeurs de couloirs », poursuit-il.

L'automoteur électrique, d'une autonomie de 8 heures, peut oeuvrer indifféremment sur caillebotis ou bétons pleins. Il peut également intervenir sur des bétons initialement rainurés mais redevenus lisses en surface, par exemple du fait du passage d'un racleur à roues. L'une et l'autre technique seraient d'ailleurs plutôt complémentaires que concurrentes, assurent les tenants du décapage thermique. « Et surtout, il permet de décaper 300 m2 par jour. » Gagner de la productivité est en effet l'une des conditions pour maîtriser à terme le coût des interventions : actuellement de 5 à 10 €/ m2 selon les surfaces engagées (le prix d'un rainurage est de 2,50 à 3 _/m2).

Dans sa version finale, l'engin sera équipé d'un pare-brise pour protéger l'opérateur. Et, cerise sur le gâteau, celui-ci bénéficie d'un élément de confort essentiel : « Désormais assis, il n'a plus besoin de marcher à tout petits pas derrière sa machine… ce qui devenait vite lassant ! »

GWENAEL DEMONT

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