DES TRACTEURS « LOW COST » POUR UNE CONDUITE PLUS BASIQUE ET MOINS CHÈRE
par CLAIRE HUE14/11/20169 min de lecture
ENTRE 25 000 € POUR LES PETITES PUISSANCES ET PLUS DE 40 000 € POUR LES PLUS DE 100 CH, CES TRACTEURS « ÉCO » FONT LEUR APPARITION SUR LE MARCHÉ. DÉMONSTRATION DANS LA MANCHE.
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SIGNE DES TEMPS, LES TRACTEURS « LOW COST » ONT VU LE JOUR.
Des tracteurs qui rappellent la conduite des années quatre-vingt avec des équipements basiques s'appuyant sur des commandes mécaniques. Ainsi, John Deere a-t-il lancé fin 2010 une gamme de 55 à 110 ch. De même, Deutz Fahr propose depuis le début de l'année une gamme Agroplus Ecoline dans la classe des 60 à 95 ch. Une démarche nouvelle pour ces grands constructeurs qui souhaitent s'adapter à la demande de matériels moins sophistiqués, sans pour autant décrédibiliser leurs tracteurs classiques haut de gamme.
D'ailleurs, ils ne parlent pas de tracteurs « low cost » mais « économiques ». Dans la Manche, leurs concessionnaires ont répondu à l'invitation de la chambre d'agriculture et du CRDA pour une démonstration mi-avril. De même, les concessionnaires pour les constructeurs japonais Kubota et tchèque Zetor se sont déplacés. Six tracteurs sont passés au banc d'essai Aile durant la demi-journée. Les résultats sont présentés dans les fiches ci-après.
LE MARCHÉ DES 80 À 100 CH VISÉ
« Un équipement minimum de base et un prix maximum étaient demandés », indique Christian Savary, spécialiste machinisme à la chambre d'agriculture de la Manche. Pour les 60 à 75 ch, les tarifs ne dépassent pas 29 000 € HT avec cabine et 24 000 € HT avec arceau. Pour les 80 à 100 ch, pas plus de 39 000 € et pour les 105 à 140 ch, un maximum de 48 000 €.
Sur les six présentés, la moitié est dans la tranche des 80 à 100 ch. « Ce n'est pas étonnant. Les low cost visent la cible des 70-99 ch, puissances courantes dans les exploitations bovines. Avec 7 800 tracteurs, cette gamme représente un quart des ventes en 2010. » Selon Christian Savary, les low cost pourraient occuper 10 à 15 % de ce marché, dans un premier temps pour des tracteurs d'appoint ou des travaux légers (pulvérisation, fenaison, désilage, etc.). Quels sont les éléments leur permettant d'être moins chers de 10 000 à 20 000 € par rapport aux matériels classiques ou aux hauts de gamme
« Leur équipement est plus basique », répond-il. La transmission est composée d'une boîte de vitesses mécanique, avec un nombre de rapports et de vitesses plus faibles. De même, l'inverseur (Zetor, Deutz-Fahr), la commande de relevage (Kubota, John Deere, Zetor, Deutz-Fahr) ou l'enclenchement de la prise de force (Zetor) sont mécaniques. Dans les six tracteurs présentés, la prise de force propose deux régimes (540 et 1000 tr/min ou 540 tr/ min et 540 économique) contre généralement quatre sur les tracteurs plus sophistiqués. « Ils sont chaussés avec des marques de pneus bon marché », note aussi Christian Savary.
L'équipement de la cabine contribue à abaisser le prix de ces modèles. Elle est seulement suspendue sur des Silentbloc qui limitent les vibrations mais sans effet amortisseur. Autres critères de simplicité : des cabines ventilées avec des sièges mécaniques. Seul Kubota met sur le marché des cabines climatisées dotées de sièges pneumatiques. Sans doute le souhait du constructeur de s'implanter dans les régions d'élevage l'incite-t-il à proposer des modèles à prix compétitifs. « La fabrication de tout ou partie du tracteur dans des pays où le coût de la main-d'oeuvre est plus faible concourt à un prix de vente plus bas, complète Christian Savary. C'est le cas de Zetor en Tchéquie et de John Deere qui utilise des composants de gammes anciennes fabriqués en Asie. »
L'expert en machinisme observe avec intérêt la sortie de cette gamme de tracteurs. « Quelle est leur fiabilité pour des utilisations intensives ? Quels frais d'entretien ils généreront ? Il est trop tôt pour répondre. Une chose est sûre : ils sont l'un des leviers pour diminuer les charges de mécanisation. Rappelons que la traction en représente 35 à 40 %. » Il a comparé l'achat d'un 85-90 ch (35 000 €) à un classique (45 000 €) et un haut de gamme (55 000 €). Les charges fixes sont supérieures de 1 674 € et 3 347 € dans le deuxième et troisième cas. La soulte reste favorable au low cost en cas de renouvellement au bout de sept ans, malgré l'application d'une décote plus forte. Elle est inférieure de 5 300 € par rapport à un classique et de 8 850 € par rapport à un haut de gamme.