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« NOTRE BÂTIMENT MULTICHAPELLE EST LUMINEUX ET TEMPÉRÉ »

Antoine et Benjamin Monnier constatent que leur bâtiment atteint les objectifs qu'ils s'étaient fixés en termes de coût et de confort.PHOTOS © P.L.C.

AVEC DES OBJECTIFS DE COÛTS ET DE CONFORT, LE GAEC DES PENSÉES, EN MAYENNE, A CHOISI DE CONSTRUIRE UN BÂTIMENT DE TYPE MULTICHAPELLE POUR SES 110 VACHES.

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EVELYNE ET ANTOINE MONNIER ONT ÉTÉ REJOINTS sur leur exploitation par leurs deux fils, Benjamin et Pierre-Édouard qui se sont installés en 2005 et 2011. L'arrivée de Pierre-Édouard, qui a repris 35 ha et 300 000 litres de lait, a rendu nécessaire une réflexion autour du bâtiment. L'ancien était saturé et ne pouvait pas accueillir davantage d'animaux. Et il fallait faire la mise aux normes. L'élevage livre son lait à Agrial, qui offre des perspectives d'augmentation des livraisons de 3 % par an dans les cinq ans. « Nous pouvons donc prévoir de monter à 1 Ml », précise Benjamin. Cette opportunité les intéresse et implique une spécialisation dans le lait. Car le plan d'épandage ne passera pas sur la même surface si les boeufs sont conservés. Ces animaux valorisent des prairies éloignées et leur surveillance prend beaucoup de temps.

« Notre priorité était de maîtriser l'investissement », expliquent les éleveurs. Mais avec un troupeau qui ne sort en pâture que quatre mois par an du fait d'un parcellaire morcelé, le confort des animaux et des personnes était également important. C'est ce qui les a conduits à renoncer aux niches à vaches, qui les avaient tentés au début. Ils ont visité différents types de bâtiments, notamment aux Pays-Bas et en Allemagne. Ils ont été séduits par les structures de type tunnel. « Nous avons vu des serres dans lesquelles la température était beaucoup trop élevée en été. Mais dans les tunnels, il faisait plus frais que dehors. » Et ces chapelles coûtent 30 % moins cher que les bâtiments classiques. C'est donc sur ce type d'équipement, qui concilie maîtrise des coûts et ambiance, que s'est porté leur choix. Il s'agit d'une structure légère composée d'une ossature métallique habillée de filets brise-vent fixes sur les pignons et le côté nord.

« NOTRE TROUPEAU EST CONDUIT EN LOTS »

Au sud, des panneaux sandwich ont été posés sur une hauteur de 2 m. Ils sont surmontés de filets brise-vent. Le bâtiment se compose de deux chapelles accolées. Il est conçu pour conduire le troupeau en deux lots (deux tiers d'un côté, un tiers de l'autre). Le toit est composé de deux bâches de camion séparées par de l'air ou de la laine de verre. L'enjeu est d'isoler le bâtiment et d'éviter la condensation. Les éleveurs ont hésité entre les deux options pour finalement choisir la laine de verre au-dessus de la salle de traite et de la nurserie, et l'air au-dessus de la stabulation. Le coût est identique et à l'usage, les éleveurs ne voient pas de différence. La toiture peut s'ouvrir du côté nord pour ventiler. Le système est couplé à une station météo qui mesure la température et le vent. La programmation est faite par les éleveurs. Le toit se ferme automatiquement dès que la vitesse du vent dépasse 30 km/h. La nurserie se trouve dans le nouveau bâtiment, mais dans un espace séparé. Quinze cases individuelles accueillent les veaux jusqu'à l'âge de deux mois. Ils sont nourris au lait entier. Ils passent ensuite en cases collectives où ils restent jusqu'à l'âge de six mois.

Pour dimensionner leur nouveau bâtiment, les éleveurs se sont fondés sur l'effectif actuel. « En logeant les taries dans l'ancienne étable, il est possible de monter jusqu'à 120 laitières en production », précise Benjamin.

« NOUS ÉPANDONS DE LA FARINE DE PAILLE DANS LES LOGETTES »

Pour des raisons pratiques et parce qu'ils trouvent le système plus propre, les éleveurs ont choisi de fonctionner totalement en lisier. Les racleurs passent sept fois par jour. Les logettes sont équipées de matelas sur lesquels est épandue de la farine de paille. Il s'agit d'un produit issu d'un broyage très fin et qui possède un pouvoir absorbant de 400 %. Les éleveurs l'achètent en big-bag de 900 kg au prix de 277 €/t. Il faut 10 min/jour pour en mettre manuellement dans les logettes. Le coût a également été déterminant dans le choix de l'installation de traite, une 2 x 14 postes en simple équipement. La fosse est prévue pour pouvoir monter à 2 x 19 postes. La main-d'oeuvre est suffisante sur l'exploitation, l'investissement dans un robot ou un roto ne se justifiait pas. La traite est généralement réalisée à deux en une heure. Mais pendant le week-end, une personne l'effectue seule, ce qui prend un quart d'heure de plus. Cependant, des problèmes de dermatites, qui n'existaient pas auparavant en aire paillée, sont apparus. Les éleveurs les ont attribués au béton neuf. Pierre-Édouard s'est formé au parage et l'exploitation a acheté une cage de contention. Toutes les vaches qui boitent sont ainsi examinées et soignées. Cela permet de traiter le problème avant qu'il ne s'aggrave. Les taux cellulaires sont maîtrisés, même si le seuil de pénalisation est parfois franchi.

« NOTRE BÂTIMENT EST ÉVOLUTIF »

Il reste quelques vieilles vaches plombées dans le troupeau mais elles devraient bientôt être réformées. Trois ans après la mise en service, les éleveurs ne cachent pas leur satisfaction. « Notre bâtiment est tempéré toute l'année, très lumineux, et nous n'avons quasiment pas de mouches. » L'alimentation, distribuée à l'auge au godet désileur, est un peu gourmande en temps. Il s'agit d'une ration complète pour laquelle tous les ingrédients sont d'abord apportés au silo puis mélangés. La ration comprend aussi de l'affouragement en vert. Au total, les éleveurs consacrent trois heures par jour à ces tâches. Cela est gérable quand tous les associés sont présents. Mais si l'un manque, les autres peuvent se trouver débordés : « Nous réfléchissons à l'achat d'une mélangeuse automotrice. »

Au total, l'investissement se monte à 430 000 €, soit 4 000 €/vache. Ceci comprend le terrassement, la stabulation et ses équipements, la nurserie et le bloc traite, sachant que les éleveurs ont participé aux travaux. La charge de remboursement s'élève à 32 €/1 000 l, ce qu'ils jugent raisonnable. Le bâtiment est évolutif puisqu'il est possible d'y accoler une troisième chapelle. Les éleveurs n'ont pas de projets précis.

« Pour l'instant, nos objectifs sont atteints. Les évolutions sont très rapides et difficiles à prévoir. Nos parents prendront leur retraite d'ici à quelques années et nous avons le temps de réfléchir à notre future organisation », souligne Benjamin.

PASCALE LE CANN

Bâtiment Composé d'une structure métallique habillée de filets brise-vent sur les côtés et de bâches de camion sur le toit, le bâtiment multichapelle coûte un tiers de moins que les constructions classiques.

Couloir d'alimentation Le bâtiment offre 107 logettes et 115 places au cornadis. Il est divisé en deux zones pour permettre une conduite en lots. La ration est apportée au godet désileur mais les éleveurs envisagent d'acquérir une mélangeuse automotrice pour gagner du temps.

Salle de traite Pour des raisons de coûts, les éleveurs ont choisi l'équipement simple. Ils ont installé 14 postes mais peuvent monter à 19. Le sol de la fosse est bombé, ce qui permet au trayeur de s'incliner naturellement vers la vache, d'où un meilleur confort.

Nurserie Intégrée au bâtiment tout en étant séparée des vaches, elle accueille les génisses jusqu'à l'âge de six mois, d'abord dans des cases individuelles puis dans des box collectifs.

Logettes Les éleveurs ont opté pour des matelas. Ils y épandent de la farine de paille, un produit très absorbant, facile à mettre en place, et qui se mélange bien au lisier.

Cage de contention L'un des associés s'est formé au parage. Grâce à la cage de contention, il examine et soigne les pieds des animaux dès qu'une boiterie est détectée.

Toiture et station météo Le toit s'ouvre pour ventiler le bâtiment en fonction de la température et du vent. Le système est relié à une station météo qui mesure ces paramètres. Ceci permet de maintenir une température agréable en été, tout en évitant la condensation.

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