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« NOS GÉNISSES DE 0 À 12 MOIS SONT LOGÉES SOUS LE MÊME TOIT »

Philippe Traché, l'un des associés du Gaec du Pont RougePHOTOS : © N.L.

Le Gaec du Pont Rouge a aménagé un bâtiment « tout en un fonctionnel » pour assurer le confort à ses génisses de la naissance jusqu'à un an. Les associés pensent améliorer la croissance de leurs animaux et, à terme, réduire l'âge du vêlage.

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JUSQU'AU MOIS D'OCTOBRE 2008, NOS PETITS VEAUX étaient logés sous le même toit que nos vaches. Ce logement était peu fonctionnel mais surtout mal ventilé. Nous étions parfois confrontés à des problèmes respiratoires », confie Philippe Traché, membre du Gaec du Pont Rouge. Les associés décident alors de construire un nouveau bâtiment. Il a la particularité d'être divisé en deux et abrite non seulement les veaux de 0 à 3 mois mais accueille aussi les génisses jusqu'à 12 mois et parfois plus.

La nursery mesure 18 m de long sur 14,50 m de large. À l'intérieur, Philippe a aménagé des niches à veaux surélevées et mobiles pour les élever jusqu'à huit jours. « Cela me facilite le curage car le sol estrecouvert de caillebotis en plastique. Les excréments peuvent s'écouler le long d'une rigole et se déversent dans une fosse extérieure d'une capacité de 10 m3recouvert de caillebotis en plastique. Les excréments peuvent s'écouler le long d'une rigole et se déversent dans une fosse extérieure d'une capacité de 10 m. » Après huit jours, les animaux sont transférés dans deux cases de 6 m x 7 m. Ils sont alimentés grâce à un Dal équipé de deux stations. Afin de maintenir une bonne hygiène, ces stations sont installées sur des caillebotis. « Dans tout le bâtiment, j'ai pris soin d'installer les abreuvoirsà l'extérieur des cases pour ne pas souiller la paille et éviter de les arracher lors du curage. » Les veaux sont sevrés à soixante jours et sont ensuite déplacés dans deux cases situées à proximité. Ils restent encore un mois dans cette partie du bâtiment.

Pour assurer un confort optimal dans cette nursery, Philippe n'a pas lésiné sur les moyens. Le long-pan exposé au sud-ouest est équipé d'une double protection. L'extérieur est protégé par une bâche translucide amovible qui s'enroule de bas en haut. Elle est reliée à une sonde intérieure et commence à se relever automatiquement dès que la température devient supérieure à 15 °C. « L'ouverture se fait progressivement, elle est totale lorsque la température atteint25 °C. » Pour éviter les courants d'air, l'éleveur a également installé un filet brise-vent intérieur le long de cette bâche.

Le long-pan exposé au nord-est protégé par un bardage en bois. Au-dessus, l'éleveur a posé des claires-voies sur 30 cm de hauteur pour laisser passer l'air. « J'ai dû ajouter un filet brise-vent par-dessus pour éviter les courants d'air. » Quant au pignon, il est abrité par une bâche sur 1 m de haut, puis par un filet brise-vent sur 2,50 m. « Je vais peut-être ajouter une bâche d'1 m de haut pour protéger davantage les animaux », ajoute Philippe Traché.

« L'AIR DOIT ENTRER MAIS SANS ACCÉLÉRER »

La seconde partie du bâtiment est réservée aux génisses de 3 à 12 mois. La séparation est réalisée à l'aide d'un filet brisevent intérieur amovible. « Je l'ai installé un an après l'entrée des animaux pour limiter les courants d'air dans la nursery. Il se lève ou se baisse pour faciliter le curage. » Ce logement mesure 30 m de long sur 11 m de large. Cinq cases de 6 m x 7 m peuvent accueillir jusqu'à 60 génisses. Cette fois-ci, le long-pan exposé au sud-ouest est seulement protégé par une bâche qui, elle aussi, se relève automatiquement dès que la température dépasse 15 °C.

L'éleveur n'est pas totalement satisfait de la pose de cette bâche. Trop éloignée du mur, elle laisse passer de l'air, même lorsqu'elle est totalement baissée. « Un bardage plein entraîne toujours une importante différence de pression entre l'intérieur et l'extérieur du bâtiment, analyse Benoît Dudant, de la chambre d'agriculture du Nord-Pas-de- Calais. Le vent s'engouffre alors dans le moindre trou et provoque des courants d'air. On conseille donc de mettre une bâche ajourée sur 40 cm de hauteur. L'air peut ainsi rentrer mais sans être accéléré. » Le long-pan exposé au nord-est est protégé par un bardage à claire-voie.

Autre détail important : l'ensemble de la toiture est isolé avec du polyuréthane de 4 cm d'épaisseur. Ce matériau se révèle très utile et empêche l'effet « cocotte-minute » à l'intérieur lors de fortes chaleurs.

Une faîtière pare-vent a aussi été installée pour favoriser les sorties d'air. Philippe a pris soin de fixer un chapeau par dessus pour éviter que la pluie ne tombe à l'intérieur.

« En réalité, ce chapeau est inutile. Il est recommandé d'en poser un lorsque l'axe de la faîtière est positionné dans le sens des vents dominants, ce qui n'est pas le cas ici. Ce chapeau risque même de limiter les sorties d'air », complète Benoît Dudant.

« UNE MEILLEURE SURVEILLANCE DES ANIMAUX »

Deux ans après sa mise en service, l'éleveur est satisfait de son investissement. Très perfectionniste, il pense encore réaliser quelques travaux pour améliorer le confort de ses animaux. Le fait qu'ils soient tous sous le même toit facilite leur surveillance. Le confort de travail s'est aussi nettement amélioré. Le bâtiment est curé tous les quinze jours en un peu plus d'une heure (paillage compris). Toutes les cases peuvent être séparées en deux dans le sens de la profondeur grâce à un jeu de barrières. Philippe peut ainsi bloquer les génisses sur un côté pour curer l'autre. L'éleveur a aussi profité de la mise en service de ce bâtiment pour modifier ses pratiques.

Les fourrages et les concentrés sont désormais apportés manuellement. « Je maîtrise ainsi totalement les quantités. Le maïs est d'abord versé dans un chariot avec le télescopique puis distribué à la fourche. Je sais que chacune correspond à 6 kg. » Même s'il est trop tôt pour faire un bilan de ce logement, l'éleveur pense qu'il va lui permettre d'améliorer la croissance de ses génisses. À terme, son objectif est d'avancer l'âge du vêlage à 24-30 mois.

Le bâtiment a coûté 100 000 euros. Une partie des travaux a été réalisée en autoconstruction (bardage en bois, maçonnerie, pose des tubulaires, électricité et eau…). Certes, cet investissement est conséquent mais Philippe est conscient qu'il prépare l'avenir de ses futures laitières.

NICOLAS LOUIS

Un brise-vent intérieur amovible Les veaux de 0 à 12 mois n'ont pas besoin des mêmes conditions d'ambiance. Pour limiter les courants d'air dans la nursery, un filet brise-vent intérieur a été installé pour couper le bâtiment en deux. Il se relève ou s'abaisse afin de faciliter le curage d'un bout à l'autre du bâtiment.

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