« MA STABULATION PAILLÉE PEUT S'OUVRIR SUR TROIS CÔTÉS L'ÉTÉ »
GILDAS MOREAU A INSTALLÉ DES FILETS BRISE-VENT SUR LES DEUX LONGS-PANS ET LE PIGNON DE SON BÂTIMENT POUR FAVORISER LES ENTRÉES D'AIR, SURTOUT L'ÉTÉ. IL A AUSSI POSÉ DU BITUME SUR LES AIRES D'EXERCICE ET DE COUCHAGE.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
EN 2008, LORSQUE LE GAEC DES TERRIERS A DOUBLÉ SON QUOTA avec l'arrivée de deux nouveaux associés, la construction d'un nouveau bâtiment laitier s'est vite imposée. « Nous sommes passés d'une référence laitière de 440 000 l à 717 000 l. Notre ancienne stabulation paillée était trop petite pour regrouper les deux troupeaux dans de bonnes conditions. Nous en avons donc construit une nouvelle », déclare Gildas Moreau, l'un des associés. Les éleveurs n'hésitent pas et optent à nouveau pour une aire paillée. Ce mode de logement offre davantage de confort pour les vaches et s'avère aussi moins coûteux que des logettes. « Nous ne voulions pas passer en système lisier et continuer à valoriser le fumier sur nos terres. Nous sommes largement auto-suffisants en paille avec nos 145 ha de céréales. »
Ce bâtiment a l'originalité de s'ouvrir sur trois côtés. Des filets brise-vent mobiles ont été placés sur les deux côtés mais aussi sur l'un des pignons. « Nous voulions ouvrir totalement la stabulation pour assurer une bonne ventilation, surtout en été. » Le bâtiment mesure 96 m de long. Pour qu'il s'intègre dans le paysage, les longs pans ont été divisés en deux par un bardage en bois sur 6 m. Deux filets brise-vent ont donc été posés sur chaque longueur. Ils peuvent s'ouvrir du bas vers le haut à l'aide d'un enrouleur électrique. « Ces filets peuvent se remonter sur une longueur maximale de 85 m et une hauteur de 5 m », précise Arnaud
Lesage, de la société Celloplast. Les brise-vent mesurent 4,70 m de haut mais deux qualités de filets ont été choisies. En bas, sur une hauteur de 2,20 m, le filet laisse très peu passer l'air et réduit la vitesse du vent de 98 %. S'il est exposé à un vent de 10 m/s, seulement 0,2 m/s passe au travers. Au-dessus, le filet mesure 2,30 m de haut et affiche une réduction du vent de 95 %. Plus précisément, il a un coefficient multiplicateur de 5,5. Cela signifie qu'une surface de 5,5 m2 correspond à une entrée d'air d'1 m2. « Le filet donne sur le couloir d'alimentation et est exposé au sud. Lorsqu'il pleut contre cette façade, on peut observer un peu d'eau qui passe au travers du brise-vent mais sans que cela soit gênant », souligne l'éleveur.
Ces filets sont en polyester tissé et enduit de PVC. Ils sont traités par un produit antistatique pour éviter que la poussière ne s'incruste. « La toile est garantie dix ans contre les ultraviolets. Ils sont aussi traités contre la pluie. Toute la difficulté est de laisser passer l'air sans que l'eau passe au travers pour autant », détaille Arnaud Lesage.
UN MOTEUR ÉLECTRIQUE POUR MONTER LES FILETS
Chaque filet se remonte automatiquement à l'aide d'un moteur électrique. Au total, quatre sont installés sur les deux longs-pans. Le moteur est placé à l'extérieur du tube de l'enrouleur, et non à l'intérieur comme c'est souvent le cas. Il actionne un boîtier qui entraîne l'arbre pour obtenir une démultiplication de la puissance. « Vu la longueur et la hauteur à remonter, un moteur tubulaire n'aurait pas suffi », analyse Arnaud Lesage.
UN INVESTISSEMENT PLUS COÛTEUX D'ENVIRON 30 %
Concrètement, l'éleveur ouvre les deux faces du bâtiment en permanence de juin à septembre. « Sauf en cas d'orage, de tempête ou de fortes pluies, pour qu'il n'y ait pas d'eau sur l'aire de couchage ou la table d'alimentation », déclare Gildas. Durant cette période, les vaches peuvent pâturer dehors. En cas de forte chaleur, elles préfèrent rester sous le bâtiment. Ce n'est que la nuit qu'elles sortent d'elles-mêmes. Durant l'hiver, même lorsque les températures sont négatives, l'éleveur ouvre la face exposée au sud lorsque le temps est ensoleillé. Par contre, celle exposée au nord reste en permanence fermée. « Les vaches ont un rayon de soleil sur le dos. Elles se sentent bien. Elles ne sont pas toutes concentrées à un endroit pour se protéger », déclare l'éleveur. Grâce à ces filets qui assurent de bonnes entrées d'air, l'éleveur note beaucoup moins de problèmes pulmonaires dans son troupeau. La situation cellulaire s'est aussi améliorée. Les comptages sont passés de particularité de s'ouvrir de gauche à droite et de droite à gauche. Aux extrémités du couloir d'alimentation, des portes d'enroulement protégées par des brise-vent sont également installées. Elles sont toutes les deux équipées d'une télécommande pour les ouvrir à distance et faciliter le passage des tracteurs.
Ce bâtiment a aussi une autre originalité : l'aire d'exercice et l'aire de couchage sont recouvertes de bitume. « Ce matériau présente l'avantage de ne pas être glissant pour les vaches. On 400 000 à 200 000 cellules. Malgré un investissement plus coûteux d'environ 30 % qu'un bardage classique en tôle ou en bois, Gildas est satisfait de son équipement. Il apprécie également de travailler dans un bâtiment plus lumineux. Coût total du bâtiment pour 100 places : 450 000 € dont 43 200 € de filets et portes d'enroulement. Le filet brise-vent qui équipe le pignon est fixé sur un rail et coulisse latéralement. Il a la pourrait croire qu'il provoque une usure prématurée de l'onglon mais ce n'est pas le cas. » Le coût est moindre comparé à du béton : compter 11,20 €/m2 contre 16 à 17 €.
SEPT CENTIMÈTRES DE BITUME SEULEMENT
Cette différence provient essentiellement de l'épaisseur à poser. Seulement 7 cm de bitume ont été déposés alors qu'une hauteur de 12 cm est nécessaire pour du béton là où circulent les animaux. « Les vaches peuvent circuler dessus dès le lendemain alors que pour un béton, un délai d'attente de trois semaines est nécessaire. » De l'asphalte a aussi été posé sur l'aire d'attente. L'éleveur note qu'elle est très facile à nettoyer, contrairement à un béton rainuré. L'aire de couchage est aussi recouverte de bitume. Seul inconvénient, Gildas est obligé de curer sa stabulation tous les quinze jours. « Au-delà, l'accumulation du fumier provoque une élévation de la température et dégrade le bitume. Ce n'est pas un gros inconvénient, car le curage et le paillage de la stabulation se font en une demi-heure seulement. »
NICOLAS LOUIS
Les aires d'attente, d'exercice et de couchage sont recouvertes de bitume Ce revêtement a été réalisé par une entreprise de travaux publique de la région. Aucune préparation du sol particulière n'a été nécessaire pour poser le bitume. L'aire d'exercice est nettoyée tous les jours à l'aide d'un racleur automatique. L'éleveur a dû fixer le rail dans du béton (photo du bas).
Pour accéder à l'ensembles nos offres :