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Chien de troupeau : investir du temps dans l’apprentissage

Stages. Passer du temps sur l’apprentissage des comportements permet d’en gagner beaucoup sur la manipulation des animaux.

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Tels qu’ils sont aujourd’hui organisés, les stages « Chiens de troupeau », sous l’égide de l’Idèle et de la MSA, ont un message central à faire passer : « Il y a beaucoup de temps à gagner en manipulation sur des animaux au pré, sous réserve d’en investir en amont dans l’apprentissage des comportements de soi-même, de son chien et de ses animaux. » La finalité est que l’homme soit accepté à l’intérieur du troupeau et reconnu comme dominant. Cela à l’aide du chien. Quand on a atteint ce stade, on peut faire ce que l’on veut de ses animaux. Ces stages, dispensés par des formateurs agréés, se déroulent généralement en trois journées : deux matinées en salle pour le b.a.-ba théorique, deux après-midi et une journée dédiée à des exercices pratiques avec le même lot d’animaux.

Se faire accepter des animaux à manipuler

Le premier temps de ces exercices vise à travailler positivement la relation homme-animal en se faisant accepter des animaux que l’on veut, par exemple, amener dans un couloir de contention ou déplacer. Cette phase se déroule sans chien.

« Il s’agit, au parc, de s’approcher calmement des animaux. Cela, en restant toujours dans leur champ de vision mais en veillant à ne pas entrer en conflit avec eux. Éviter d’avoir un comportement et des gestes qui pourraient les apeurer. L’homme ne doit pas être reconnu comme un prédateur. Il doit attirer la curiosité des animaux et être rassurant. Une bonne façon de faire est peut-être de marcher parmi eux à reculons », détaille Bruno Banon, éleveur dans les Vosges et formateur agréé. Rappelons-nous que les bovins sont des animaux prédatés dont le premier instinct de défense est la fuite. Et le formateur d’ajouter : « Avec ou sans chien, il est essentiel de toujours avoir une bonne lecture du troupeau pour mesurer son état émotionnel et savoir s’adapter et intervenir en conséquence. »

En exploitation laitière, cette phase d’apprentissage sans chien peut se dérouler dans un bâtiment pendant les quatre à cinq premiers jours suivant la mise en lots des génisses sevrées. « Rentrez dans le parc et circulez parmi elles à un moment où elles sont calmes. Tolérez le léchage qui permet aux velles d’identifier votre odeur et de vous reconnaître par la suite. Évitez de toucher la tête et le chignon assimilés à la zone de bagarre du bovin. Préférez l’encolure ou les joues par des contacts francs. Si les velles veulent jouer avec vous (coups de tête, ruades), repoussez-les avec le bâton. Ainsi la main restera associée à la caresse », note l’Idèle. Ce n’est qu’une fois l’éleveur stagiaire identifié positivement par les animaux qu’intervient le temps des exercices pratiques avec le chien. Objectif de cet apprentissage : le faire accepter et reconnaître comme autorité par les animaux à manipuler et rassurer ces derniers. Bref, les habituer les uns aux autres lors d’exercices de contention. « Comme dans la phase précédente, il s’agit de multiplier les expériences positives pour le chien et les animaux. Le chien doit toujours être placé par son maître dans la zone de perception et de déplacement des animaux. Le moins possible dans la zone de conflit », explique Bruno Banon.

Se servir du chien comme d’une barrière

Le chien s’utilise comme une barrière qui arrête les animaux en mouvement. S’ils sont nerveux et stressés, il doit être suffisamment éloigné d’eux pour dégager moins de pression.

« Le déplacement du chien doit décrire un cercle de contention par rapport au troupeau. Placez-le à une distance qui sécurise les animaux, toujours sur le point de fuite face à ces derniers. C’est de la contention pure et dure. Les génisses étant fixées sur le chien, l’homme peut commencer à se faire accepter du troupeau en pénétrant dans le groupe », poursuit-il.

Sur le même principe, en exploitation, cette phase d’apprentissage avec un chien s’opérera en bâtiment avec les génisses au sevrage déjà habituées à l’homme. « Quand vous êtes clairement reconnu par vos animaux, entrez, muni d’un bâton, avec le chien si, et seulement si, vous le maîtrisez bien. Laissez approcher les velles curieuses vers le chien. Et quand elles sont assez proches, demandez-lui de les repousser pour asseoir son autorité. Cet exercice est à réaliser jusqu’à ce que ce soit acquis, sur huit à dix jours. Vous pouvez, par exemple, profiter du paillage de la case. Pour que ce qui a été appris devienne un acquis, il est impératif de le réaliser régulièrement », souligne-t-on à l’Institut de l’élevage.

Familiariser les animaux au couloir de contention

Le dernier exercice pratique qui consiste à faire passer les animaux dans un couloir de contention ou les faire monter dans une bétaillère s’appuie sur la même notion d’apprentissage. Mais, cette fois, du lot de bêtes à manipuler avec le matériel de contention mobile. « L’idéal est d’amener la veille, dans le parc, le couloir de contention ou la bétaillère pour qu’elles se familiarisent avec, qu’elles le découvrent sans contrainte et sans objectif de résultat. Elles viendront le flairer, circuleront autour. Au bout d’un moment, certaines pourront même prendre l’initiative d’entrer dans le couloir ou de monter dans la bétaillère », explique-t-on à l’Institut de l’élevage.

Apprendre au bétail à circuler sans stress

Une fois que les animaux ont bien identifié le matériel, l’exercice consiste à les faire passer dans le couloir ou monter-descendre de la bétaillère plusieurs fois. L’objectif est qu’ils apprennent à circuler sans stress dans ces nouvelles installations. Éviter de les bloquer la première fois dans la porte de contention ou de déplacer la bétaillère. Il est important aussi de faire passer tous les animaux, même les plus réticents ou peureux. Laisser quelques bêtes d’appel en sortie de couloir peut faciliter la manœuvre.

« Lors de cet exercice, comme dans les précédents, l’essentiel est de multiplier pour les animaux les expériences positives, rajoute Bruno Banon. Plus les animaux seront habitués et entraînés à utiliser les installations de contention, moins ils seront stressés lors des interventions, plus leur déplacement sera fluide et le travail facilité et sécurisé. »

Jean-Michel Vocoret

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