Login

Des résultats hétérogènes dans les élevages robotisés

Enquête. Les analyses de groupe révèlent toujours d’importants écarts de résultats ­entre les exploitations. C’est encore plus vrai sur les élevages robotisés qui sont ­capables du meilleur comme du pire.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Le nombre d’élevages équipés de robot de traite ne cesse de croître. Ils étaient 401 l’année dernière chez BCEL Ouest, contre 358 quatre ans plus tôt. Ils pèsent donc près de 10 % des élevages adhérents avec, en moyenne, 1,44 stalle. Dans le même temps, le troupeau moyen de ces élevages a gagné dix vaches laitières. Ils sont désormais assez nombreux pour que l’analyse de leurs performances technico-économiques ait du sens.

Les comparaisons confirment des faits déjà connus. Sur le profil des exploitations tout d’abord. Les élevages robotisés sont plus grands (84 vaches laitières contre 66 pour la moyenne des adhérents à BCELO). Les vaches y sont plus productives (9 127 kg de lait brut contre 7 912 kg), de même que les personnes (329 000 litres/UTH contre 237 000). Le temps gagné grâce au robot permet clairement de produire davantage de lait en moyenne par unité de main-d’œuvre.

Plus de lait par jour de vie avec le robot

En revanche, on découvre des éléments plus inattendus. Ainsi, les vaches produisent plus de lait par jour de vie dans les élevages robotisés (13,8 kg/j contre 12,7). « Cela est lié au niveau d’intensification. Globalement, on remarque que les élevages dont les vaches sont très productives, au moins 9 000 kg de lait/vache, se situent mieux que la moyenne sur cecritère », précise Stéphane Saillé, responsable marketing et innovation à BCELO. Effectivement, les élevages adhérents produisant entre 8 500 et 9 500 kg de lait sont à 14,2 kg par jour de vie.

Sur le plan technique, les taux sont équivalents en moyenne. Les élevages robotisés ont moins de fluctuations entre le printemps et l’hiver. Il semble se produire une compensation entre l’impact du pâturage au printemps et de l’acidose en hiver. La lipolyse, les germes et les taux cellulaires sont plus élevés avec les robots, et les éleveurs subissent un peu plus de pénalités. 75 % des élevages robotisés sont pénalisés au moins une fois dans l’année pour les taux cellulaires contre les deux tiers des élevages équipés de salle de traite. On observe un pic de cellules, qui reste à expliquer, à la fin de l’été. Au final, le prix moyen du lait s’établit chez les premiers à 298 €/1 000 litres contre 305 € pour la moyenne, sur la campagne 2016-2017. On remarque une plus grande hétérogénéité des résultats dans le groupe équipé de robots. « Cela illustre le fait que l’on peut réussir avec un robot, et atteindre le même niveau de performances que les autres. Mais il est aussi possible de déraper gravement avec un impact très négatif sur les performances », explique Stéphane Saillé.

Coûts : la différence se fait au pâturage

Malgré tout, en matière de coût alimentaire, l’écart entre les élevages robotisés et ceux qui sont également à un niveau élevé d’intensification se limite à 10 €/1 000 litres de lait vendu (voir infographie ci-contre). Cette valeur est constante d’une année sur l’autre. « La différence se fait au printemps avec le pâturage. En hiver, les élevages robotisés sont au même niveau de coût alimentaire que les autres. »

D’ailleurs, les résultats des élevages robotisés pratiquant le pâturage se rapprochent de la moyenne. Ceux qui valorisent 30 à 40 ares de pâturage par vache obtiennent une marge sur coût alimentaire de 221 € aux 1 000 l. Mais ils ne sont que onze.

D’autres charges sont systématiquement plus élevées en élevage robotisé. Le parage, par exemple, est indispensable quand les animaux ne sortent pas. Plus globalement, les vaches conduites de manière intensive sont plus fragiles. Mais les éleveurs possédant un robot de traite disposent de plus de données pour suivre la santé de leurs animaux. BCELO constate un écart de 10 €/vache sur les frais vétérinaires au détriment des élevages robotisés.

Il existe une autre différence majeure : en présence d’un robot de traite, la structure est généralement saturée. « Sur le plan économique, la saturation de l’outil est intéressante », précise Stéphane Saillé. Mais les comparaisons exprimées en euros par tonne de lait ne font pas ressortir cet avantage. Maximiser la production par vache en jouant sur l’alimentation peut ainsi permettre de produire davantage de lait par place et d’éviter d’investir dans le bâtiment. Cette conduite entraîne une élévation du coût alimentaire par tonne de lait, mais elle améliore la rentabilité par place. Dans ce contexte, les calculs en euros par 1 000 litres de lait touchent leur limite. Pour mieux refléter la réalité, BCELO travaille donc à des présentations de chiffres calculés par vache ou par jour.

Pascale Le Cann

© Claudius Thiriet - Saturation. Les élevages robotisés parviennent souvent à saturer leurs outils, ce qui offre un avantage économique que réflètent mal les indicateurs exprimés en euros/1 000 litres. Claudius Thiriet

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement