Intelligence artificielle : Alex arrive dans les étables
Futur.Grâce à la reconnaissance faciale et à des algorithmes, des troupeaux de grande taille peuvent être surveillés en permanence. L’objectif vise à optimiser la conduite.
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Imaginez un système informatique capable de surveiller les vaches en continu, de reconnaître chacune, et de repérer toute déviation suspecte de son comportement. L’éleveur est alors informé qu’une de ses protégées a peut-être un problème. Cette ferme digitale existe en Californie. Le système s’appelle Alex et s’appuie sur un logiciel qui reconnaît, sans erreur, chacune des 5 000 vaches du troupeau.
Dans un premier temps, le logiciel de reconnaissance faciale observe le troupeau via des caméras. Il repère la couleur de la robe de chacune des vaches laitières et mesure aussi des données plus subtiles et plus individuelles, telle la distance entre les yeux ou les oreilles. Autant d’informations propres à chaque animal, et difficilement perceptibles par l’homme. Cette précision permet d’identifier des animaux au pelage sans tache, comme les jersiaises. Une quinzaine de jours est nécessaire pour cette reconnaissance.
Un système capable d’apprendre
Ensuite, le système observe les vaches en permanence. Les caméras sont placées au plafond du bâtiment, au-dessus des auges, des abreuvoirs, des logettes. Elles prennent trente images par seconde. Celles-ci sont envoyées sur un serveur placé sur la ferme et traitées localement.
Alex apprend progressivement à reconnaître les comportements et les habitudes de chacune. Il sait si une vache prend le temps de trier la nourriture ou pas, si elle préfère manger peu mais souvent, ou l’inverse. Le logiciel peut ensuite calculer l’ingestion ou encore évaluer la note d’état. Ces données sont collectées sans aucun capteur, ce qui est original.
Sur la base de ces images, le système repère les écarts de comportement et les signale à l’éleveur. Les premiers essais montrent qu’Alex détecte les boiteries à un stade précoce, mais aussi les chaleurs. Au-delà, l’analyse des images permet de vérifier la régularité de la distribution de la ration, d’évaluer les refus, d’identifier les vaches les plus efficaces. Alex peut révéler des défauts de conduite ou des équipements inadaptés : une ration trop hétérogène ou un manque d’abreuvoir, par exemple.
« L’objectif est de conduire le troupeau en fonction du comportement des animaux, sans stress pour eux, et de réagir aux incidents avant que la production ne soit affectée », explique David Hunt, promoteur de ce système conçu par Cainthus, une entreprise irlandaise spécialisée dans l’imagerie.
Vers une automatisation totale
Sur la ferme californienne où il a été testé, Alex a permis un gain de 200 $/vache/lactation, soit environ 160 €. La commercialisation devrait démarrer en Europe cette année. D’ici à cinq ans, l’objectif est d’augmenter l’autonomie. « Nous voulons concevoir une étable complètement automatisée, avec des robots commandés par Alex », conclut David Hunt. Vaste programme !
Pascale Le CannPour accéder à l'ensembles nos offres :