Kramer KL 55.8 TUne chargeuse nerveuse pour un usage intensif
Manutention. Les chargeuses ont le vent en poupe dans les exploitations laitières. Leurs atouts ? Plus de capacités qu’un tracteur chargeur, une meilleure visibilité et davantage de rendement qu’un télescopique... Focus sur le modèle KL 55.8 T de Kramer, non articulé mais équipé de quatre roues directrices.
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D’ici à quelques semaines, le Gaec Hardy, à Saint-Aubin-d’Aubigné, en Ille-et-Vilaine, mettra en service son unité de méthanisation. Chaque jour, l’approvisionnement de la nouvelle installation nécessitera de manipuler entre 15 et 20 tonnes de matières diverses (fumier, ensilage de seigle ou de sorgho…). Des besoins importants en manutention, qui s’ajouteront aux travaux courants de cette exploitation de 200 vaches laitières : curage de la stabulation des génisses, approvisionnement de la cuisine du robot d’alimentation, manipulation des bottes…
Anticipant ce changement de pratiques, les associés ont investi, en avril 2020, dans une chargeuse Kramer KL 55.8 T. Il s’agit d’un modèle de 156 ch, équipé d’un bras télescopique qui s’élève à 5,20 mètres. « Une chargeuse à pneus nous paraissait plus adaptée aux travaux intensifs qu’un chariot télescopique, estime Émeric Hardy associé en Gaec avec son père Éric. En comptant les méteils, nous récoltons environ 150 ha d’ensilage par an. À l’automne dernier, j’ai utilisé cette chargeuse pour faire le tas, et elle s’en est bien sortie. Je n’aurais pas été aussi vite avec un télescopique pour remonter l’ensilage sur le dessus et le répandre. Nous utilisons une large fourche de 3 m qui transporte un volume important sans que la machine ne peine. L’ensemble chargeuse et fourche pesant près de 13 t, c’est également utile pour tasser. »
Le Gaec a investi dans plusieurs autres accessoires : un godet coupe-cube, un autre à céréales de 3600 l, un pique-bottes à trois doigts avec réhausse et une benne multiservice.
L’une des particularités de la marque Kramer est de proposer des chargeuses à châssis fixe équipées de quatre roues directrices.
Châssis fixe plus stable, donc plus sécurisant
« Au départ, j’avais essayé un modèle articulé d’une marque concurrente, mais cela ne m’a pas plu. Les performances au chargement étaient équivalentes, mais pas le mode de conduite. À chaque coup de volant, les deux parties pivotent, notamment la cabine : un aspect auquel je n’ai pas réussi à m’habituer. Avec la Kramer, je me sens aussi plus en sécurité grâce à son châssis fixe, plus stable. Je crains moins de la voir basculer sur un côté, quand je travaille sur un sol un peu en dévers. Attention toutefois à sa hauteur sous cabine qui dépasse légèrement les trois mètres. Sur notre exploitation, elle passe partout, mais j’ai des collègues qui ont préféré une autre marque proposant un modèle moins haut. »
Les quatre roues directrices offrent une grande maniabilité de l’engin. Cette chargeuse possède aussi une fonction marche en crabe, très utile pour se remettre en ligne. Elle est homologuée pour rouler à 40 km/h, mais cette vitesse ne peut être atteinte qu’en repassant en mode deux roues motrices. Le constructeur annonce un rayon de braquage de 3,87 m, ce qui inférieur à celui des modèles concurrents de même gabarit, articulés pour la plupart. Attention toutefois aux fausses conclusions : dans un bâtiment biscornu, une chargeuse articulée se faufilera toujours plus facilement entre les obstacles qu’un modèle à châssis fixe. En effet, même si le rayon de braquage est un peu plus élevé, en faisant pivoter la partie avant avec le godet à chaque coup de volant, le chauffeur d’une machine articulée aura besoin de moins de place pour manœuvrer.
Gros débit hydraulique
Côté performances, la chargeuse affiche de très bons résultats. Les utilisateurs interrogés reconnaissent qu’elle lève sans problème de gros godets de fumier. Son bon débit hydraulique et la réponse rapide du circuit assurent des rendements au chargement importants. La fonction de retour à la position de départ est très utile pour gagner du temps à chaque cycle de chargement. La fourche de la chargeuse monte moins haut que celle d’un chariot télescopique, mais les utilisateurs ne s’en plaignent pas car la plupart travaillent avec des bottes rectangulaires. En les empilant par trois ou quatre et en piquant celle du bas, ils arrivent toujours à remplir le hangar. Comme l’indique la lettre T du nom KL 55.8 T, le modèle choisi par le Gaec Hardy possède un bras télescopique, qui lève à 5,20 m, contre 4,47 m pour la version à bras fixe. Cette fonction est particulièrement utile avec le coupe-cube. En effet, cet outil étant moins large que la chargeuse, le chauffeur doit se placer en biais quand il veut prendre l’ensilage sur les bords du tas. Il allonge alors le bras pour s’approcher au plus près sans que les pneus viennent frotter contre le mur. La chargeuse du Gaec est équipée d’un freinage hydraulique à double ligne comme sur les tracteurs, et elle est pré-équipée pour un freinage pneumatique. L’été dernier, Émeric Hardy l’a utilisé pour transporter des bottes de paille.
La vitesse chute dans les côtes
« La machine passe relativement bien dans les champs car les gros pneus amortissent les soubresauts dus aux ornières. Je regrette toutefois qu’il n’existe pas de versions à cabine suspendue. Sur la route, je peux atteindre 40 km/h. Mais avec sa transmission hydrostatique, la chargeuse est moins réactive qu’un tracteur : à la première côte, la vitesse chute et à chaque carrefour, il faut du temps pour repartir et franchir la route. »
Dans son ensemble, la cabine est jugée agréable avec une très bonne visibilité de part et d’autre. Les commandes sont également bien notées : bonne disposition, faciles à prendre en main, y compris par un chauffeur qui n’aurait pas l’habitude de l’engin. Les éleveurs interrogés se demandent cependant pourquoi Kramer ne propose pas de siège passager alors qu’il y a suffisamment de place pour cela. Autre défaut parfois signalé : la porte latérale ne s’ouvre pas à 180 degrés. Impossible donc de travailler en été en la gardant ouverte : un détail qui serait pourtant très apprécié. Le constructeur répondant de son côté qu’il est plus sécurisant de travailler avec la porte fermée.
L’entretien ne pose pas de problème particulier. Les radiateurs à l’arrière sont accessibles. Kramer propose en option l’inversion du sens de rotation. « C’est très pratique quand je tasse des silos de seigle, car il y a beaucoup de particules qui viennent se coller à la grille, commente Émeric Hardy. Cette fonction n’était pas disponible sur les modèles concurrents que j’avais testés. Même chose, d’ailleurs, pour le graissage centralisé. J’ai également choisi cette option pour être certain que tous les roulements et les axes soient bien graissés en permanence. Le temps de travail de cette chargeuse est estimé à près de 1500 h par an, alors nous devons bien l’entretenir pour qu’elle dure dans le temps. »
Denis LehéPour accéder à l'ensembles nos offres :