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S’équiper Les nombreux atouts des valets de ferme

Manutention. Maniable, économe en carburant, performant au chargement, polyvalent grâce à pléthore d’accessoires, un valet de ferme peut rendre bien des services.

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Valets de ferme, chargeuses compactes, mini-chargeurs… Plusieurs termes existent pour dénommer ces petits et moyens engins de manutention, de plus en plus souvent articulés, qui servent à tout faire dans une exploitation. Très appréciés pour leur gabarit réduit et leur maniabilité, ils remplacent idéalement un tracteur avec fourche dans de nombreuses applications, et les plus gros modèles concurrencent directement les chargeurs télescopiques. Même si dans bien des situations, il est nécessaire d’avoir un autre engin de manutention plus conséquent pour les gros travaux ou pour aller dans les champs. Voici un tour d’horizon des principaux critères à prendre en compte avant d’investir.

Puissance et largeur vont de pair

« La plupart des acheteurs de valets de ferme ont avant tout un problème d’accès dans un bâtiment, explique un vendeur de concession. Plutôt que de s’engager dans des frais importants de construction, ils préfèrent acheter ce genre d’engin qui passera facilement partout. Ensuite, ils se rendent compte qu’ils peuvent faire pratiquement tous les travaux de manutention. Avec l’avantage de pouvoir monter et descendre plus facilement que dans un tracteur ou un chargeur télescopique, qui sont des engins bien plus hauts. »

Plusieurs constructeurs sont présents sur ce marché (Weidemann, Schaffer, Pichon, Thaler, Avant Tecno, MultiOne…). On retrouve chez la majorité d’entre eux des premiers modèles de 25 à 30 ch, pour une largeur d’environ 1,10 ou 1,20 m et une capacité de levage de 700 à 800 kg. Dans cette catégorie, une version équipée d’un arceau vaut entre 20 000 et 30 000 €, selon les équipements. Pour lever plus d’une tonne, il faut opter pour un modèle de 50 à 60 ch. Le prix d’achat pour un modèle avec cabine varie alors entre 40 000 et 50 000 €. Ce que l’on gagne en performances, on le perd en largeur puisque la plupart des valets de cette tranche de puissance mesure au moins 1,40 m, voire davantage, en fonction de la monte de pneumatiques choisie. Ramenée à la puissance du moteur, la capacité de levage d’un valet est plus intéressante que celle d’un tracteur avec chargeur. La consommation de carburant est également moins importante.

Le choix de l’articulé pour passer partout

Les petits chargeurs à châssis fixe de type Bobcat, couramment utilisés par le passé, ont toujours leurs adeptes. Assez économiques à l’achat et robustes à l’usage, ils sont performants pour charger. Cependant, le mode de conduite similaire à celui d’une pelle à chenilles oblige le chauffeur à faire riper les pneus au sol. Les engins articulés, eux, n’ont pas cet inconvénient. C’est ce qui explique l’engouement pour ces appareils. « Ils sont très maniables et simples d’utilisation car ils possèdent un volant, un inverseur et un levier pour commander le bras, souligne un conseiller machinisme. Attention toutefois à la sécurité avec ces chargeurs articulés. Il suffit de lever la charge un peu trop haut et de tourner les roues pour décaler le centre de gravité et entraîner immédiatement le basculement. C’est pourquoi tous les déplacements doivent se faire en plaçant le bras au plus près du sol. »

Pour lever le bras avec une charge au bout, le chauffeur doit impérativement remettre les quatre roues dans le même axe. La conduite réclame une prise en main au préalable pour maîtriser les capacités du valet et les masses de contrepoids à l’arrière ne sont pas superflues. Dans la gamme des articulés, la marque finlandaise Avant Tecno se distingue par sa configuration. En effet, le poste de conduite est solidaire de la partie avant de l’engin, contrairement aux autres marques où le chauffeur est assis sur la partie arrière. Quand le chargeur tourne d’un côté, le chauffeur pivote de l’autre, restant ainsi toujours bien en face du bras. « Au départ, cela peut perturber et il ne faut pas confier la conduite à n’importe qui, explique un éleveur des Vosges. C’est une habitude à prendre mais pour la visibilité, je trouve que c’est mieux. De plus, pour nous qui avons une cour en pente, ce système est plus stable car l’articulation est rigide, c’est-à-dire que l’avant n’oscille pas par rapport à l’arrière. » Les quatre roues sont en effet toujours dans le même plan. Un choix de conception sur lequel insistent souvent les vendeurs de la marque, puisque la partie arrière retient la partie avant au cas où une charge l’entraîne sur le côté.

Certains modèles de la gamme MultiOne sont également conçus ainsi.

Arceau, toit ou cabine ?

Tout dépendra d’abord des conditions d’utilisation et du confort recherché. La cabine est pratiquement indispensable si l’engin sert tous les jours en extérieur. Cette option rallonge tout de même la facture de 4 000 à 10 000 € supplémentaires suivant le niveau d’équipements avec, parfois, un délai de livraison plus long. La protection du chauffeur reste bien entendu obligatoire compte tenu des risques évoqués ci-dessus. Un simple arceau peut être efficace en cas de retournement, à condition qu’il soit bien homologué « ROPS »(1). Mais si le chargeur manipule aussi des bottes de fourrage en hauteur ou des charges susceptibles de basculer sur le chauffeur, l’arceau de base ne suffit plus. Il faut opter pour une protection homologuée « FOPS »(2) comme un toit ou une cabine résistants à l’écrasement.

Pour résoudre les problèmes de hauteur, certaines marques proposent des toits ou des arceaux amovibles qui permettent, par exemple, de passer sous une porte trop basse. Malheureusement, des utilisateurs imprudents sont tentés de les déposer « juste une journée » pour finalement ne jamais les remettre en place. C’est pourquoi le constructeur Thaler commercialise depuis peu un chargeur avec un toit qui s’abaisse hydrauliquement de vingt-cinq centimètres le temps de passer sous l’obstacle. Le chauffeur doit ensuite le remettre en position. Sinon, il est contraint de travailler en étant plié en deux.

Un circuit hydraulique performant

C’est un aspect dont parlent moins les vendeurs, mais qui a pourtant une grande importance à l’usage, surtout pour l’éleveur qui souhaite avoir plusieurs accessoires (voir encadré). En effet, le débit de la pompe hydraulique détermine la vitesse de réaction des outils, et donc les performances de l’ensemble.

Pour ne pas avoir l’impression de travailler au ralenti, il faut souvent 40 litres par minute de débit sur un modèle de 30 ch, et au moins 60 l/min pour un moteur de 50 ch. S’il utilise un outil animé, comme une balayeuse ou une pailleuse, l’acheteur doit s’assurer que la pompe fournit un débit suffisant et que le chargeur dispose d’un nombre suffisant de fonctions hydrauliques, ainsi que d’une fonction retour libre si nécessaire. La plupart des valets sont souvent bien fournis de ce côté-là. Un éleveur interrogé explique qu’il utilise même le sien pour faire fonctionner une enrubanneuse à poste fixe sur son exploitation.

Peu à l’aise dans les champs ou sur la route

Toutes les marques ont équipé leurs appareils d’une transmission hydrostatique, très souple d’emploi grâce à l’avancement continu et l’inversion de sens. Mais les valets de ferme ne sont pas conçus pour de longs déplacements. La vitesse de pointe est souvent limitée entre 20 et 30 km/h. De plus, avec les petites roues, sans système de suspension, hormis sur le siège, le chauffeur ressent toutes les secousses de la route. Mêmes limites dans les champs ou sur terrains accidentés, en raison notamment des risques évoqués ci-dessus. À moins d’installer un jumelage sur leur valet de ferme pour gagner en stabilité, de nombreux éleveurs disposent d’un second outil de manutention, en propriété ou en Cuma, pour aller chercher les bottes ou pour reprendre du fumier en tas, par exemple.

Des bras télescopiques pour plus de hauteur

Qui dit compact sous-entend petites dimensions, y compris en hauteur de levage. Conçu pour charger, un valet de ferme soulève généralement la moitié de son poids à une hauteur de 2 à 3 m. Dans certains cas, cela ne permet pas de verser du fourrage dans le bol d’une mélangeuse ou d’empiler plus de trois hauteurs de bottes. Deux solutions à cela : aménager un petit quai pour gagner les quelques centimètres manquants, ou opter pour un modèle à bras télescopique. Selon les marques, le bras télescopique est disponible sur les plus petits modèles ou à partir seulement des moyennes puissances. Le valet peut alors lever une charge à plus de 4 m, combinant les mêmes avantages qu’un télescopique classique, avec la maniabilité en plus.

denis Lehé

(1) ROPS : Roll over protection security = structure de protection en cas de retournement.

(2) FOPS : Fall over protection security = structure de protection en cas de chute d’objet sur le toit.

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