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« LA VENTILATION AUTOMATISÉE DU BÂTIMENT NOUS A SÉDUITS »

De 220 000 l de quotas, Ghislaine et Pascal Roussel sont à 540 000 l en transformant leurs quarante cinq droits à produire des vaches allaitantes en lait.

GHISLAINE ET PASCAL ROUSSEL VISAIENT UNE AMBIANCE MAÎTRISÉE DE LA STABULATION LAITIÈRE QUELLES QUE SOIENT LES CONDITIONS CLIMATIQUES. OBJECTIF ATTEINT AVEC CE BÂTIMENT « TUNNEL ».

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« NOUS CHERCHIONS UN BÂTIMENT avec une excellente ventilation. Le bâtiment à multichapelles automatisées répond à cette exigence », confient Ghislaine et Pascal Roussel. Le quasi-doublement du troupeau laitier rendait la stabulation paillée insuffisante. De plus, le passage au régime de déclaration des installations classées les obligeait à mettre leurs ouvrages de stockage des déjections aux normes. « Notre exploitation n'étant pas en zone vulnérable, nous n'étions pas encore engagés dans cette démarche », déclarent-ils. Ils ont construit en 2008 une stabulation réservée aux vaches laitières. Les bâtiments existants accueillent aujourd'hui les élèves.

Le couple a fait le pari de l'innovation. Il a été séduit par le système de régulation de la ventilation que la société Richel, basée dans les Bouches- du-Rhône et spécialisée dans les serres, propose depuis 2005 au secteur de l'élevage.

La toiture est divisée en trois parties ouvrantes ou chapelles automatisées. Ces dernières sont commandées à partir de trois variables climatiques : la vitesse du vent, la température mesurée à l'intérieur du bâtiment et la pluviométrie. Un mini-ordinateur paramétré par les éleveurs réagit à ces critères en ouvrant davantage (amplitude maximum d'un mètre) ou en fermant les ouvrants. Il reçoit les informations d'une sonde de température placée au-dessus des logettes et d'un capteur de pluie et d'un anémomètre à l'extérieur du bâtiment.

Ce dispositif n'est efficace que si, en amont, la stabulation est bien isolée pour éviter les écarts de température entre l'intérieur et l'extérieur. La couverture a été conçue en conséquence. Une lame d'air est entretenue entre deux parois lastics grâce à une turbine qui se déclenche toutes les 30 min (voir p. 60 et 61).

UN FAÎTE PLUS BAS

Autre condition : un renouvellement de l'air important. « Il sera d'autant plus rapide et efficace que le toit n'est pas très haut », avance Jean-Claude Delange, de la chambre d'agriculture du Calvados. La société Richel applique ce principe : le dôme des trois chapelles est à 6,20 m contre 8 m en charpente classique pour une surface identique. Le renouvellement de l'air est assuré par des filets brise-vent posés sur les quatre façades. Ils permettent aussi une stabulation lumineuse.

« Ce type de bâtiment doit être complètement fermé pour éviter l'engouffrement du vent à l'intérieur », précise Jean-Claude Delange. C'est aussi pour cette raison que les ouvrants sont programmés pour une fermeture complète lorsque la vitesse du vent dépasse les 50 km/h. À la construction, ils ont été orientés à l'est pour être adossés aux vents dominants.

« Avec des filets brise-vent, cette exposition ouest-est des longs pans présente un inconvénient, constate Pascal Roussel. En conditions très pluvieuses, l'eau pénètre dans le couloir de distribution. » Les éleveurs et la société Richel étudient la possibilité de poser, sur la façade ouest, un film transparent à dérouler en cas de fortes pluies. Cette implantation répond aussi au souci de Pascal et Ghislaine de préserver la salle de traite existante. Ils ont préféré passer de 2 x 4 à 2 x 6 postes plutôt que la déplacer. À l'opposé, une fosse en géomembrane de 1 200 m3 accueille les produits de raclage et les eaux sales.

FACE À LA CRISE, UN INVESTISSEMENT TROP LOURD

Par soucis d'économie, les éleveurs ont installé eux-mêmes l'électricité sauf la mise à la terre de la charpente métallique, des cornadis et des logettes. De même, ils ont réalisé les bétons et posé les logettes et cornadis. « L'investissement total s'élève à 290 000 € empruntés sur quinze ans pour 20 000 € d'annuités. Même si nous apprécions le confort du bâtiment, nous ne nous serions pas lancés dans une telle aventure avec un prix du lait aussi bas. Heureusement, notre étude prévisionnelle réalisée en 2007 porte sur un prix du lait à 290 €/1 000 l. Seulement, l'investissement plus élevé que prévu, à cause du terrassement et de la maçonnerie, fragilise l'exploitation. Nous avons déposé un dossier pour la prise en charge des intérêts d'emprunts dans le cadre du plan d'urgence. Nous espérons aussi un allongement de la durée de remboursement de 3 ans pour réduire le poids des annuités. »

CLAIRE HUE

Le bloc de traite aménagé. La salle de traite était en 2 x 4 postes pour 40 vaches. Les éleveurs ont souhaité la conserver en l'agrandissant à 2 x 6 postes. De la stabulation, les vaches la rejoignent en traversant une petite aire bétonnée. Elles sont abritées sous un parc d'attente aéré et lumineux grâce à la pose de filets brisevent.

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