Circulation libre ou guidée pour nos vaches avec un robot de traite ?
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QUESTION D'ÉLEVEUR
Nous projetons de nous équiper d'un robot de traite, mais ne savons pas quel système de circulation est préférable vu nos contraintes : grand bâtiment existant, cahier des charges imposant un minimum de parcours sur prairie, peu de temps disponible… Comment faire son choix ?
LA RÉPONSE DE L'EXPERT. YVES DEBEAUVAIS, VÉTÉRINAIRE DE VACHES LAITIÈRES EN HAUTE-SAVOIE
« Un robot nécessite d'abord de repenser son organisation. Pour le reste, faites confiance aux vaches si elles ont le confort nécessaire à leur adaptation (circulation fluide et sûre, repos productif…). »
Votre démarche est intéressante, car elle recherche en amont la meilleure adaptation possible aux contraintes et aux atouts de l'existant. Des études récentes comparant la production et le comportement des vaches en système libre ou avec circulation guidée du type feed first montrent que les secondes sont un peu moins productives, mais surtout moins dynamiques. Elles se déplacent moins souvent entre les différents équipements (traite, couchage, auge…). Les périodes d'inactivité en station debout (derrière les portes !) sont plus nombreuses et surtout durent plus longtemps, augmentant le risque de boiteries. Leurs repas sont plus gros (car moins nombreux), les exposant aux altérations du fonctionnement ruminal (acidose, fourbure, boiteries…).
• MAIS SI LA CIRCULATION LIBRE PRÉSENTE DES AVANTAGES (pas d'arrêt contraint des animaux, comportements « normaux »), elle nécessite un positionnement central du robot, des accès confortables (sols) et larges pour limiter les phénomènes de compétition, et d'assez grandes quantités d'aliments appétents (souvent achetés) pour motiver les animaux à venir se faire traire. Depuis 2005, différentes études montrent que les systèmes guidés permettent une fréquentation correcte, en réduisant le nombre de vaches à pousser, sans qu'il soit nécessaire de leur apporter de grandes quantités de concentrés au robot. Par contre, les vaches n'apprécient pas plus les obstacles, les culs de sac, les virages serrés et l'attente en station debout. Des vaches dominantes peuvent profiter du système pour faire valoir leur place, créant des bouchons dans la circulation, un phénomène exacerbé dans les grands lots (plus de 70 à 80 vaches laitières).
• SI VOUS ÉQUIPEZ UN BÂTIMENT EXISTANT, faites en sorte que le robot soit installé le plus au centre possible, visible 24 heures sur 24 et facilement accessible depuis n'importe quel endroit. Si le bâtiment ne permet pas cette proximité indispensable à la fréquentation en système libre, et si vous ne pensez pas consacrer une part du temps libéré (par l'arrêt de la traite) à pousser quelques récalcitrantes, si vos objectifs de production sont modérés, si votre maîtrise de la mobilité des animaux (soins aux pieds…) n'est pas parfaite, le feed first est possible. Il va en quelque sorte imposer un sens de circulation en privilégiant le passage à l'auge, et assurer une fréquentation correcte sans intervention importante. Il peut même assurer la gestion de la sortie (et du retour) à une aire d'exercice extérieure, voire à un petit pâturage de proximité intercalé entre la porte intelligente (sortie des vaches traites) et les couchages, eux-mêmes séparés de l'auge par de simples barrières antiretour.
• SI VOUS OPTEZ POUR LE LIBRE INTÉGRAL, pour utiliser le pâturage, ajouter au système une porte de régulation liée au robot, ne laissant sortir que les vaches traites. Cependant, la parcelle ne devra être ni trop grande ni trop distante pour ne pas prolonger les intervalles de traite, préjudiciables à la qualité du lait plus qu'à la quantité produite, au moins dans un premier temps.
© PIERRE SOISSONS
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