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« UN BÂTIMENT À 1 200 €/PLACE HORS TRAITE ET FOSSE DE STOCKAGE »

Corentin (à gauche) et Thierry Simonneau ont autoconstruit un bâtiment bois avec niches à vaches pour remplacer l'aire paillée saturée.

POUR ABSORBER SEREINEMENT SON INVESTISSEMENT, L'EARL DES GARENNES A PROCÉDÉ PAR ÉTAPES ET CHOISI DES NICHES À VACHES, SOLUTION ÉCONOMIQUE ET ACCESSIBLE À L'AUTOCONSTRUCTION.

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AVEC L'AGRANDISSEMENT PROGRESSIF DU TROUPEAU, l'aire paillée de l'EARL des Garennes devenait surchargée : 24 x 20 mètres pour 70 vaches en 2011. Thierry Simonneau n'a pas attendu l'installation de son fils, Corentin, pour trouver une solution. « J'avais un réel problème de logement qui se traduisait par des taux de cellules élevés, parfois au-delà de 400 000, explique-t-il. J'ai réussi à éviter l'arrêt de collecte, dans certains cas au prix de passages en commission. Il fallait vite régler le problème ! À l'époque, sur un mois, la qualité du lait représentait le salaire d'un employé. » Avec l'installation de Corentin, en 2013, et le passage à une référence de 798 000 litres (depuis novembre 2015), l'investissement dans un bâtiment était devenu indispensable. D'autant que l'objectif est d'atteindre 900 000 litres en 2018.

Pour limiter les coûts, Thierry a choisi l'autoconstruction.

« UNE STRUCTURE EN BOIS AUTOCONSTRUITE »

« La ferme n'avait pas les moyens de faire faire et il était difficile d'attendre davantage, explique-t-il. Sans les salariés, il nous aurait été impossible d'autoconstruire. » Le choix d'un bâtiment en bois avec niches à vaches a aussi été guidé par les économies. « J'en avais visité un en Normandie, ce qui m'avait permis de me faire une idée, se souvient-il. Je voulais des logettes car l'approvisionnement en paille est parfois compliqué. De plus, elles font gagner de la place et nous sommes coincés entre des chemins départementaux et une route. Le bois (sapin et épicéa injectés) apporte de la chaleur au bâtiment et je ne voulais pas d'une grosse cathédrale. » En 2012, après avoir préparé la maçonnerie (terrassement et fondation), la première partie a été livrée en kit. Elle se compose de 52 niches à vaches, réparties sur deux rangées séparées par un couloir central. Avec ce système de bâtiment, la mise en place de « dés » en béton n'est pas utile. La charpente est directement implantée dans le sol. Les poteaux de structure sont bloqués dans des trous de 60 à 80 cm de diamètre sur 1,50 m de profondeur avec du concassé.

La deuxième partie a été installée en 2014, ajoutant ainsi une table d'alimentation de 6,80 m de large, encadrée par deux aires d'exercice. « Je voulais un couloir d'alimentation bien large pour ne pas rouler sur l'ensilage », précise Corentin.

Deux passages entre les logettes et l'aire d'exercice permettent aux animaux de circuler et de s'isoler.

La construction de la troisième partie, prévue pour 2016, a été reportée dans l'attente d'un prix du lait meilleur. Elle sera identique à la première et montera le nombre de logettes à 104. « Cette construction par étapes permet d'accompagner l'agrandissement du cheptel », signale Corentin. En pied de bâtiment, des planches bouvetées remplacent le traditionnel mur de béton tout autour du bâtiment. Au-dessus, un bardage à claire-voie sur les façades latérales, associé à un faîtage en sifflet protégé, assure la ventilation du bâtiment. « Nous avons constaté l'été dernier que les vaches souffraient moins de la chaleur, assure Corentin. Et en hiver, il y a moins de courants d'air. » Sur les pignons, un bardage suédois (bardage vertical à couvre-joint) a été mis en place. 15 % de translucides assurent une bonne luminosité. « Nous avons une étable assez claire, explique Thierry. L'ancien bâtiment était sombre. Nous ne voulions pas nous retrouver encore dans le noir. »

« C'EST UN JEU DE CONSTRUCTION »

L'assemblage des bâtiments est un jeu de construction : les fermes, les poteaux et les charpentes sont livrés en partie montés. Ainsi, les fermes de la zone logettes intègrent déjà les niches à vaches. « Les logettes sont faciles à monter, fait remarquer Corentin. Pour la table d'alimentation, c'était un peu plus compliqué car le faîtage est à près de 5 m de haut. Une fois la première travée installée, c'est bon ! » Aucun matériel spécifique n'a été acheté, sauf un niveau laser. Thierry souligne l'importance d'un minimum de matériel habituellement présent dans les exploitations, comme un télescopique. « Pour le travail en hauteur, nous avons utilisé le système D, par exemple en installant des palettes sur la remorque pour constituer un échafaudage. En revanche, hors de question d'y faire monter un salarié, la réglementation est très stricte à ce sujet. »

« NOUS AVONS BÂTI ENTRE LA TRAITE DU MATIN ET CELLE DU SOIR »

Du côté des instructions, père et fils s'accordent à dire que la notice fournie par Intrabois était très bien faite. « Il faut la suivre scrupuleusement et être un peu bricoleur, mais c'est bien conçu : tout s'emboîte facilement, signale Thierry. Le plus fastidieux était probablement de poser lebardage à claire-voie qu'il faut clouer planche par planche en étant bien régulier. »

La construction s'est étalée sur plusieurs mois, trois pour la deuxième partie. « Comme il faut continuer de s'occuper des vaches, nous l'avons fait à la petite journée, entre la traite du matin et celle du soir. » Le fait de construire le bâtiment en plusieurs étapes a aussi aidé à intégrer l'autoconstruction au planning de l'exploitation. Pour isoler chaque partie en attendant la construction de la suivante, les logettes puis le couloir d'alimentation ont été bordés de filets brise-vent et de tôles. De plus, sans table d'alimentation entre 2012 et 2014, des auges en métal ont été installées près des logettes : « Pas l'idéal, car elles n'étaient pas protégées des intempéries. » Et comme souvent avec ce type de logement, les vaches ont eu quelques difficultés à s'y habituer. « Au début, nous avions mis la barre au garrot trop en arrière, explique Corentin. Pour familiariser les vaches, il vaut mieux l'avancer, quitte à ce qu'elles défèquent dans la logette dans un premier temps. »

La consommation de paille, de 600 kg par jour avec l'aire paillée, a baissé à 600 kg par semaine l'hiver. « La pailleuse passe dans les logettes, souligne Thierry. L'idéal serait d'avoir une dérouleuse sur le télescopique. Ce sera peut-être pour plus tard. Le plan d'épandage tient encore, à la condition d'apporter beaucoup de paille pour épaissir les effluents. Nous stockons ainsi du lisier pailleux dans la fumière (35 x 24 m) que nous pouvons entasser sur 1,50 à 1,80 m de haut, selon la quantité de liquide. Nous n'avons pas eu à changer la fumière construite lors de la mise aux normes en 1998. À l'époque, nous l'avions surdimensionnée car nous

avions la place. »

« UN CONFORT QUI SE VOIT AU TANK »

Quatre ans après la mise en service des premières logettes, les résultats se font sentir. Le nombre de cellules a diminué pour s'établir autour de 300 000 actuellement. « Même si nous n'avons pas encore la prime qualité, nous nous en approchons, se réjouit Thierry. De plus, nous avons beaucoup moins de pics qu'avant. Notre incidence cellules sur le prix du lait est passée de - 8,30 €/1 000 litres en 2012-2013 à - 3. » Et la production laitière individuelle, de 6 450 à 7 300 litres par vache.

Le gain de confort ne se limite pas aux vaches. « Quand nous voyons cette petite progression, le moral va mieux, divulgue Corentin. De plus, les conditions de travail sont meilleures. Par exemple, nous ne manoeuvrons plus dans la boue. »

En attendant la construction de la troisième partie, les vaches en lactation sont réparties entre l'aire paillée et les logettes en fonction de l'ordre de sortie de salle de traite. « Mais nous avons mis en place des barrières entre les deux, car il nous est déjà arrivé de retrouver 80 vaches dans l'aire paillée ! » signale Thierry. Des box ont été installés provisoirement pour les taries dans l'aire d'exercice non encore accolée à des logettes. « À l'avenir, nous ferons peut-être deux lots distincts en fonction du stade de lactation, note Corentin. Cela nous permettra de différencier l'alimentation selon les besoins. Le bâtiment s'y prête bien et l'aire d'attente deviendra probablement trop petite pour l'ensemble du troupeau. »

ÉMILIE AUVRAY

Aire paillée L'ancienne aire paillée continue d'être utilisée en attendant que la dernière partie du nouveau bâtiment soit construite. Une fois finalisée, des box y seront aménagés pour accueillir les vêlages et l'infirmerie.

Niches Les vaches sont maintenant habituées aux niches. Grâce à ces dernières, l'approvisionnement en paille n'est plus problématique.

Aire d'exercice L'aire d'exercice est raclée avec le tracteur.

Circulation Plusieurs passages permettent aux vaches de circuler facilement des logettes à l'aire d'exercice.

Table d'alimentation La table d'alimentation large évite de rouler sur l'ensilage.

Les nouveaux bâtiments ont été placés près des anciens, facilitant ainsi les trajets notamment pour la traite.

Combinée au bardage à claire-voie, l'ouverture en faîtière permet la circulation et le renouvellement de l'air.

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