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Epizootie MHE : « On espère des vaccins pour fin 2024 »

Pour David Ngwa-Mbot, vétérinaire au GDS, « on espère un vaccin pour fin 2024 ». En attendant, il faudra composer avec la MHE.

En 2023, la maladie hémorragique épizootique a fait ses premiers dégâts dans les cheptels français. Avec le printemps et la reprise d’activité des moucherons piqueurs qui la transmettent, à quoi faut-il s’attendre, comment en limiter les risques ?

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Actuellement, la protection contre la MHE passe uniquement par la prévention. Le seul vaccin efficace contre la maladie hémorragique épizootique l’est sur le sérotype présent au Japon. Avec l’arrivée des beaux jours, la recrudescence des culicoïdes — et de la maladie — est à craindre, mais le monde de la santé animale espère offrir une perspective aux éleveurs. « Pour le sérotype présent en France, des recherches sont en cours, avance David Ngwa-Mbot, vétérinaire au GDS. On espère des vaccins pour fin 2024, ce qui permettrait, à l’échelle individuelle, de protéger son troupeau et à l’échelle collective, de continuer à exporter ».

En attendant, il va falloir composer avec la maladie. MHE, un sigle qui a fait son apparition dans le vocabulaire des éleveurs français. Depuis septembre 2023, la maladie hémorragique épizootique est présente dans l’hexagone. D’abord décelée dans des élevages allaitants du Sud-Ouest, cette maladie virale non contagieuse transmise par des moucherons piqueurs a gagné un quart sud-ouest jusqu’à la Bretagne avec un cas à Belle-Ile. L’hiver doux a à peine calmé les ardeurs des moucherons culicoïdes, vecteurs de la maladie. La remontée des températures joue à la fois sur la multiplication des moucherons mais aussi sur la réplication du virus. « On voit des moucherons actifs, les animaux sont sortis. Il faut s’attendre à une reprise des risques », prévient Grégoire Kuntz, vétérinaire conseil chez Innoval.

En attendant, freiner la diffusion du virus

L’an dernier, la MHE s’est étendue rapidement. Mais qu’en sera-t-il cette année ? « Suite à la première vague de 2023, une partie des bovins ont développé une immunité », espère Grégoire Kuntz. Comme nous n’avons pas de recul, on ne sait pas si ça suffira à freiner la maladie. En Espagne, la MHE est présente depuis un peu plus longtemps qu’en France. Comme pour la FCO, il semble ne pas avoir d’extinction mais une maladie qui pourrait rester présente à bas bruit ».

Le front peut avancer de 15/20 km par semaine

« La lutte contre une maladie vectorielle est compliquée », reconnaît David Ngwa-Mbot. Le premier conseil est celui de la vigilance, en se tenant informé des zones de présence de la maladie. « Le front peut avancer de 15/20 km par semaine, prévient Grégoire Kuntz. Voire plus avec le transport d’animaux contaminés. S’il y a des cas à proximité, il faut redoubler de vigilance et surveiller quotidiennement tous ses animaux, y compris ceux qui sont éloignés, comme des génisses ou des animaux en pâture ».

À ce jour, la seule prévention passe par la protection face aux moucherons vecteurs. « Même s’il est impossible complètement de se protéger des moucherons dans les conditions habituelles d’élevage », prévient Grégoire Kuntz. Il peut être judicieux de limiter les zones de rétention d’eau, de stockage de matières organiques où les moucherons se reproduisent. Les traitements insecticides sur les animaux sont à réfléchir avec son vétérinaire, selon le contexte local. La désinsectisation est à prioriser lors des mouvements. Celle des animaux et des camions est obligatoire s’il y a un mouvement entre la zone réglementée, celle où des cas ont été détectés, et la zone indemne. Les animaux doivent aussi présenter un test PCR négatif. « Cette stratégie a été prise pour freiner la maladie tout en continuant à commercer », rappelle David Ngwa-Mbot.

Pour éviter que la MHE n’arrive sur un troupeau affaibli, il est recommandé de revoir avec son vétérinaire, sa politique vaccinale, notamment face à la FCO.

Reconnaître la maladie

Les observations de l’an dernier ont montré une grande variabilité dans l’expression des symptômes. 2 à 100 % des bovins adultes d’un troupeau touché ont été malades. La mortalité des bovins adultes varie de 0 à 10 %. A noter également que sur 70 % des troupeaux observés, aucune mortalité n’a été constatée. « Dans les premiers troupeaux pyrénéens, 90 % des animaux qui ne présentaient pas de symptômes étaient pourtant infectés », partage David Ngwa-Mbot, vétérinaire conseil pour GDS France.

Les premiers signes de la maladie sont une baisse d’appétit et de la fièvre. La MHE se caractérise par des ulcères au niveau des jonctions peau/muqueuse, sur le mufle, les yeux, des œdèmes, des bourrelets coronaires entraînent des boiteries. « Ce qui donne des animaux qui vont avoir du mal à se déplacer, à s’alimenter et s’abreuver », détaille David Ngwa-Mbot.

« En cas de doute, d’autant plus s’il y a des cas à proximité, il est nécessaire d’appeler son vétérinaire sanitaire », conseille Grégoire Kuntz. Les symptômes étant proches de ceux de la FCO, les deux maladies seront testées. Les tests PCR et les frais de prélèvement pour la MHE sont pris en charge par l’Etat. En cas de maladie avérée, les frais vétérinaires sont pris en charge par l’Etat à hauteur de 90 %. En cas de mort d’un animal, une indemnisation de 90 % de la valeur est prévue.

Des impacts sur la reproduction ont été observés mais ils n’ont pu être mesurés à ce jour.

Les animaux atteints, malades ou ayant une analyse positive, doivent être isolés et désinsectisés.

Il n’y a pas de traitement curatif face à la MHE. Des anti-inflammatoires pourront soulager les animaux. Il faudra veiller à faciliter l’abreuvement et l’alimentation des animaux malades.

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