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« Ensiler 38 ha de maïs, c’est rentrer l’équivalent de 75 000 € de stock »

Chaque année, Jacques et Sabine Fouquenelle ensilent entre 35 et 40 ha de maïs fourrage pour leurs 120 vaches laitières.

Au Gaec du Rutoire, l'ensilage de maïs, c'est le chantier stratégique de l'année. Choix de la date, organisation du chantier, tassement du silo, conservateurs d'ensilage... Jacques Fouquenelles, éleveur sur l'exploitation nous révèle son organisation.

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Chez Jacques et Sabine Fouquenelle au nord d’Arras, l’une des journées les plus importantes de l’année se profile. Avec 38 ha d’ensilage de maïs, c’est près des deux tiers de la ration annuelle des vaches laitières qui est rentrée en une journée et demie de travail. Alors un tel chantier, ça se prépare ! « 38 ha de maïs, c’est l’équivalent de 75 000 € de stock », aime à rappeler Laurent Fossaert, son conseiller chez Unéal

Comme pour tout évènement, il faut commencer par trouver une date ! « Par le passé, on faisait les mesures de matière sèche avec la coopérative, puis on appelait tous le même entrepreneur en sortant, et on demandait tous la même date », sourit l’agriculteur. « Aujourd’hui, je guette les stades du maïs par moi-même pour essayer d’anticiper un peu plus. »

Des techniques existent : Gaëtan François, responsable technique ruminants pour la coopérative Unéal propose de surveiller l’apparition de la « lentille vitreuse du grain ». À ce stade, le maïs est à 25 % de matière sèche plante entière. Compter ensuite « 21 degrés jours en base 6 pour gagner un point de matière sèche », soit grosso modo un point tous les trois jours. Cette année, Jacques va ensiler ses maïs le premier septembre.

https://www.dailymotion.com/video/k1w5UYFEd9X9RgDy0v8

14 tonnes sur le silo

Le jour J, toute une organisation est mise en place. L’entrepreneur vient avec une ensileuse 8 rangs dotée d’un incorporateur de conservateur, et un tracteur tasseur. La confection du silo, c’est le cœur du chantier. Pour cela, il mise sur un 200 cv avec une lame avant, des pneus arrière gonflés à l’eau pour un poids total de 14 t.

Trois bennes d’un peu plus de 30 m3 sont mobilisées sur la ferme. L’agriculteur, investi dans la Cuma, aime anticiper : « je prévois un Excel dans lequel on voit quel tracteur va sur quelle remorque ».

Je fais un plan de circulation pour les chauffeurs.

Le flux des remorques est également passé au cordeau. « J’organise les trajets pour que les chauffeurs ne se croisent pas, et je demande qu’il y ait des sorties et entrées uniques sur les champs pour ne pas trop salir les routes lorsqu’il fait mauvais », explique Jacques. Interdiction également d’aller dans les parcelles des autres : « on essaie de faire quelque chos d'un minimum organisé », sourit l’agriculteur.

Les grandes parcelles autour de la ferme sont récoltées en premier. « Les silos sont vides, on peut vider deux remorques en même temps et le tasseur a de la place pour manœuvrer ». Les parcelles plus petites et éloignées arrivent ensuite. Une manière de donner du temps au tasseur pour finaliser le silo.

L’agriculteur utilise également un conservateur d’ensilage. « Au début, on en mettait sur les débuts et les fins de silo. Aujourd’hui, avec une conjoncture laitière plus favorable, j’en mets partout ».

« On voit que ça chauffe moins l’été, c’est une manière aussi de moins jeter », note l’éleveur. « Le but du jeu, c’est de gâcher le moins possible. Lorsqu’on débâche, on peut quasiment tout prendre, il ne reste pas grand-chose à nettoyer ». Sur la ferme le conservateur revient à environ 2 € la tonne de matière brute.

244 kg MS/m3 au centre du silo

Mais les conservateurs ne sont pas là pour faire des miracles : l’essentiel reste de bien tasser. Des mesures réalisées par la coopérative montent que le silo affiche une densité de 244 kg MS/m3 en son centre, et 242 kg MS/m3 sur les côtés. De bons résultats, autour des recommandations Arvalis qui conseillent de viser un minimum de 240 kg MS/m3.

Difficile pourtant de maintenir ce niveau sur tout le silo. « En hauteur, à la caméra thermique, on voit que le silo chauffe un peu plus, avec peut-être une moindre densité », note Gaëtan. En cause : la taupinière qui s’élance au-dessus des murs. Comme sur beaucoup de fermes, la stabulation a grandi plus vite que le silo. « Dans l’idéal, il me faudrait des murs de 3 m partout pour ne plus faire dépasser la bâche » remarque l’agriculteur.

La maîtrise du front d’attaque aide également à la bonne conservation. « Je tape toujours sur les côtés pour que ça ne chauffe pas, puis je tranche sur tout le front avec mon godet de manière uniforme à chaque fois ».

Le maïs, c’est les deux tiers de ma ration

Toutes ces mesures permettent de faire du maïs le véritable carburant de l’élevage laitier. En matière brute, il représente les deux tiers de la ration. « Je mets 42 kg de maïs ensilé, 10 kg de pulpe et 7,5 kg d’ensilage d’herbe. Le tout est complété par 3 kg de correcteur (du proteifa) », précise Jacques.

Autant d’éléments qui font de la récolte du maïs fourrage un grand temps fort de l’année. « L’ensilage, c’est une période autour de laquelle il y a beaucoup d’enjeux, beaucoup de conseils… Et beaucoup de sollicitations annexes, on fait des pommes de terre en parallèle alors c’est important d’essayer de cadrer son chantier pour faire les choses bien. »

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