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Priorité au tassage pour garantir une meilleure conservation

Chez Anthony Cado et son frère Cyril, les tasseurs prennent suffisamment de temps pour confectionner un tas homogène et compact.

Au Gaec de l’Ardenne, les chauffeurs du tracteur et du télescopique en charge du silo donnent le tempo du chantier d’ensilage. L’objectif est de bien tasser le fourrage du début à la fin. Quitte à faire parfois attendre les remorques et l’ensileuse.

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Anthony Cado est associé en Gaec avec son père Thierry et son frère Cyril, à Drouges, en Ille-et-Vilaine. L’exploitation familiale produit 1,4 million de litres de lait avec un troupeau d’environ 145 vaches. Le maïs ensilage occupe une place importante dans la ration et le Gaec en cultive une cinquantaine d’hectares chaque année. Pour la récolte, ils font appel à la Cuma de la Vallée de l’Ardenne qui fournit l’ensileuse, un tracteur équipé d’une lame de 2,50 m de largeur pour confectionner le tas, ainsi que deux chauffeurs. « Notre organisation est désormais bien rodée, explique l’éleveur. C’est toujours le même chauffeur de la Cuma qui tasse le silo, car il a l’habitude du matériel et il sait ce qu’il a à faire. Mon père est également présent sur le tas avec le télescopique de la ferme. Vu le débit des machines aujourd’hui, il faut être deux pour suivre, mais la consigne est toujours la même : ce sont les tasseurs qui dictent le rythme du chantier. Ils indiquent aux chauffeurs quand ils peuvent benner leur remorque et à quel endroit. Et si parfois le chauffeur de l’ensileuse doit attendre un peu, ce n’est pas grave. Car la qualité du tassage est déterminante pour la bonne conservation de l’ensilage. »

Analyse d’échantillons

Pour récolter un produit de qualité, la première condition est d’ensiler au bon stade. Quand le maïs approche de la maturité, les associés réalisent des prélèvements réguliers de plantes qui sont portés à la coopérative pour être analysés. Selon le taux de matière sèche (MS) et les conditions météo à venir, ils fixent par avance la date du chantier.

Une bâche est systématiquement posée sur le long des murs pour garantir l’étanchéité à l’air et à l’eau. (© Denis Lehé)

L’objectif est de récolter aux environs de 32 ou 33 % de matière sèche. Dans cette Cuma, le planning de l’ensileuse reste relativement souple. La machine est partagée en copropriété avec un autre groupe situé dans l’ouest des Côtes-d’Armor où la récolte est plus tardive. Dès la première remorque, un nouvel échantillon d’ensilage est prélevé pour contrôler l’éclatement des grains par le test du seau (1). L’ensileuse coupe relativement haut, généralement aux alentours de 50 cm du sol. L’objectif est de concentrer la valeur énergétique de la ration. Quant à la longueur de brin, c’est le chauffeur de l’ensileuse qui l’ajuste selon le taux d’humidité.

Dédié à la confection du tas, le tracteur Class Axion 850 de la Cuma porte une masse arrière de deux tonnes. Les pneus sont gonflés à 1,5 bar. (© Denis Lehé)

Une masse de 2 t à l’arrière du tracteur

Tout est organisé pour fluidifier le chantier. Selon le parcours à suivre entre la ferme et les parcelles, un sens de circulation est établi afin d’éviter que les remorques ne se croisent sur les petites routes. Au silo, le tracteur fourni par la Cuma est un Claas Axion 850 avec une masse de 2 t à l’arrière. Les pneus sont gonflés à 1,5 bar et la lame frontale est également lestée par une masse supplémentaire. Quant au chargeur de l’exploitation, il s’agit d’un Manitou MLT 635-130 PS + avec un godet céréales à l’avant. Les deux chauffeurs sur le tas étalent des couches régulières sur de grandes longueurs. Ils chargent davantage sur les côtés et tassent fortement le long des murs pour bien expulser l’air. « Pour une bonne étanchéité, nous installons systématiquement une bâche sur toute la longueur du mur avant de commencer le chantier, ajoute Cyril Cado.

Sur le tas, tracteur et télescopique se complètent bien. Deux engins sont souvent nécessaires pour suivre le rythme d’une ensileuse. (© Denis Lehé)

Les chauffeurs sont habitués, ils font bien attention de ne pas l’accrocher quand ils s’approchent près des murs. Elle est ensuite repliée vers l’intérieur du silo puis recouverte par deux bâches individuelles posées l’une sur l’autre. »

Du poids sur le silo

Les associés préfèrent en effet doubler la protection sur le dessus en utilisant une bâche neuve puis celle de l’année passée quand elle est encore en bon état. Ils utilisent aussi parfois deux bâches neuves. Pour protéger le tout efficacement, ils déroulent ensuite une couche de couverture de type Lest’O.

Les silos sont systématiquement protégés par des bandes de textile épais qui s’alourdissent avec l’humidité et maintiennent un poids uniforme sur toute la bâche. (© Denis Lehé)

Ce textile épais de plusieurs millimètres apporte du poids sur le silo et maintient un appui permanent sur toute la bâche. Ce feutre retient l’eau de pluie ce qui le rend encore plus lourd. Il est également possible de marcher dessus sans risque d’abîmer les bâches en dessous. Le Gaec a découpé des bandes de 6 m de largeur pour les placer en travers du silo. Lors de la reprise du tas, les bandes sont reconditionnées en rouleaux au fur et à mesure de l’avancement, puis elles sont stockées jusqu’à l’année suivante. L’ensemble de la couverture est maintenu par des sangles à cliquet disposées tous les trois mètres. Les deux extrémités sont crochetées à des anneaux fixés à l’extérieur des murs. Ces sangles sont resserrées au bout de deux ou trois semaines. Afin d’assurer une pression uniforme, il est donc important de créer un dôme de silo bien bombé sur le dessus. Pour finir, les associés déposent un double cordon de sacs de graviers sur toute la périphérie.

Il est important de fluidifier les chantiers en créant des sens de circulation pour que les remorques ne se croisent pas sur des chemins étroits. (© Denis Lehé)

Ils utilisent encore quelques pneus, mais uniquement dans les pentes aux deux extrémités du tas. « C’est au moment de découvrir le tas que nous voyons si l’ensilage s’est bien conservé et si nos efforts sont récompensés, conclut Anthony Cado. La bâche est repliée régulièrement et maintenue par un cordon de sacs de graviers que nous reculons au fur et à mesure. C’est également indispensable pour éviter que le front d’attaque ne s’échauffe. »

(1) Le test du seau consiste à placer entre 1 et 2 litres d’ensilage dans une bassine d’eau pour séparer les grains des feuilles, puis d’observer si le niveau d’éclatement des grains est satisfaisant.

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