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« Le prix du lait obtenu est très motivant »

Stockage. Marie-Pierre et Alain Le Moel stockent les betteraves dans un silo-couloir. Elles sont reprises avec le godet du télescopique. ­D.G.

L’augmentation des taux est très nette pour atteindre l’an dernier 43 de TB et 33,4 de TP. Les contraintes liées au stockage et à la distribution sont faibles. Le recours à une entreprise pour le semis et la récolte simplifie la culture.

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Marie-Pierre et Alain Le Moel sèment chaque année 2,5 hectares de betteraves depuis huit ans. Dans la ration hivernale, les racines sont associées à l’ensilage maïs (11 kg de matière sèche) et à l’ensilage d’herbe (2,5 kg de MS), à raison de 2,5 kg de MS/vache.« Nous avons introduit la betterave en 2010 sur les conseils du technicien BCEL Ouest avec, pour objectif, l’augmentation des taux. Comme nous sommes équipés d’un bol mélangeur et d’un télescopique, la distribution ne posait aucun problème. Les résultats sont là et pour rien au monde, nous ne ferions marche arrière. Pendant la période de distribution de la betterave, nous estimons gagner 3 à 4 points de TB et 2 à 3 points de TP. »

Les résultats d’analyse le confirment : en novembre et décembre 2017, le TB s’affiche à 43,5 et le TP à 34. En 2017, sur toute la période hivernale, la moyenne du TB était à 43, celle du TP à 33,4. Le coût alimentaire est tout aussi bluffant : 70 €/1000 litres pour une production moyenne de 9200 kg/vache et un IVV de 386 jours. La betterave participe à ces performances, mais pas seulement. Les époux Le Moel ont une excellente maîtrise du pâturage (tournant dynamique), souvent de mi-février à octobre. La gestion des vaches taries et les préparations au vêlage sont aussi particulièrement soignées. « Attention, pas de betteraves pour les taries », plaisante Marie-Pierre. La betterave entre dans la ration des laitières à partir de fin septembre.

Deux périodes de récolte à l’automne

« Nous récoltons en deux temps, d’abord deux ou trois remorques fin septembre, le reste fin octobre-début novembre. Il faut choisir une période favorable pour avoir des tubercules assez propres. Dès la mise à l’herbe, on cesse la distribution. » Les betteraves sont toujours placées derrière une prairie de ray-grass anglais avec, pour seule fumure minérale, 80 kg de 18/46 en localisé. Une fois le sol préparé, Alain fait appel à une entreprise pour le semis : semoir 6 rangs, 120 000 graines par hectare. En 2017, la variété était Fortimo, en 2016, Jamon, toutes deux moyennement riches en matière sèche. Même sans roues étroites sur le tracteur, l’espacement de 50 cm ne pose pas de problème pour trois passages de pulvérisateur (deux désherbages et un apport de bore). « Le plus délicat est de réussir le désherbage. J’ai suivi le programme de ma coopérative avec une association Betanal (1,5 l/ha), Goltix (0,4 l/ha) et Calanque (0,2 l). Pour un semis le 19 avril, j’ai fait un premier passage le 23 mai et le second, dix jours après. L’important est de passer au bon moment avec la bonne météo et la bonne hygrométrie, donc tôt le matin ou tard le soir. Il faut se rendre disponible pour ne rater aucun créneau favorable », explique Alain.

La récolte est réalisée par une entreprise et les betteraves sont stockées en extérieur dans un ancien silo-couloir. Avec un rendement de 120 t/ha, la hauteur du tas est assez impressionnante. « On voit que ça chauffe, mais nous n’avons jamais eu de problème de conservation. Et chez nous, il gèle rarement très fort. »

Distribution au bol mélangeur

Les tubercules sont repris au godet, directement dans le bol mélangeur. « Il y a bien quelques cailloux qui tombent au fond du bol et que nous récupérons à l’auge. » La distribution de la ration se fait à 10 h et elle est repoussée à 13 h 30 et à 19 h. « Les cornadis autobloquants sont bien utiles pour éviter les bagarres. L’appétence pour la betterave est telle que ça les incite à venir à l’auge. Une vache qui ne se lève pas, c’est que quelque chose ne va pas. Il est préférable d’être mécanisé pour repousser le fourrage car même si les tubercules sont en partie coupés, ça reste lourd », expliquent les éleveurs. Ils reconnaissent avoir des vaches en bonne santé, mais est-ce l’unique effet betterave ? « C’est surtout le prix du lait qui est motivant, à condition d’être équipé pour distribuer. Cela réclame aussi un peu de place pour le stockage. C’est quand même une culture qui coûte cher : 71 €/ha pour le semis, 310 € pour la récolte, 216 € de semences et 160 € de désherbage. Il faut éviter de se louper au semis. »

D. G.

© D. Grémy - D. Grémy

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