« L’analyse vidéo nous aide àconfectionner un silo au top »
Ensilage. Littoral Normand a posé une caméra face au silo de maïs du Gaec du Gournay pour analyser le chantier de confection. Les associés veulent mettre toutes les chances de leur côté pour distribuer un maïs de qualité et améliorer leurs services en ETA.
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En plus de leur ferme de 55 vaches laitières et 147 hectares de céréales, Michel Couture et ses trois fils Arnaud, Mickaël et Gaëtan sont à la tête d’une entreprise de travaux agricoles située à Villy-Bocage dans le Calvados. Chaque année, ils ensilent le maïs dans une trentaine d’exploitations avoisinantes. Dans la moitié, ils tassent le silo.
Ils ont accepté que Littoral Normand pose sa caméra time-lapse en face de leur propre silo de maïs les 24 et 25 septembre 2018. Durant vingt-quatre heures, toutes les dix secondes, la caméra a pris un cliché en plan large du silo, ce qui a conduit à produire une vidéo de dix minutes. Le silo est large de 12 mètres et long de 60 mètres grâce à des plaques en béton de 1,90 mètre de haut. Deux tracteurs tasseurs opèrent dessus, l’un de 280 ch et 12 tonnes équipé d’une lame, conduit par Gaëtan, l’autre de 120 ch et 9 tonnes avec un chargeur, conduit par un voisin. Mickaël, lui, assure l’ensilage avec une dix rangs.
« Les deux tracteurs sont conformes aux préconisations : deux tonnes de tracteur par rang d’ensileuse », souligne d’emblée Stanislas Desvois, de Littoral Normand. « En plus d’améliorer la confection de notre silo et la qualité du fourrage, l’évaluation de nos pratiques va permettre de perfectionner la qualité de notre service chez nos clients », se félicitent, de leur côté, les quatre associés. Les observations seront vérifiées par des carottages dans les zones repérées moins tassées. Littoral Normand prévoit de les réaliser courant février.
Quatre pratiques qu’il faut conserver
Le débit des bennes bien régulé grâce à deux décisions
Quatre parcelles pour un total de 26 ha ont été ensilées. La plus éloignée est à 7 km du silo, la plus proche à 4 km. « Quant on est dynamiques le matin et fatigués en fin de journée, nous sommes tentés de commencer le chantier par les plus éloignées. Nous commençons par la plus proche. » La vidéo met en évidence un rythme d’arrivée plus rapide des bennes : 2 à 4 minutes en début du chantier contre 4 à 7 minutes dans la journée, voire 8 à 10 minutes pour les capacités plus élevées. « Nous savons que le maïs des parcelles plus proches est moins bien tassé mais comme il l’est en début de silo, le travail effectué dans la journée corrige ce défaut. »
L’autre décision qui concourt à la bonne régulation du débit des bennes concerne leur capacité. Les onze utilisées sont homogènes. Elles ont quasi toutes une charge de 14 à 15 tonnes. « Les deux plus petites étaient de 12 tonnes, la plus grande de 18 tonnes », précise Arnaud. « Elles sont intercalées entre deux à la capacité plus élevée, pointe Stanislas Desvois, ce qui donne un peu plus de temps aux deux tasseurs pour absorber les grosses quantités. »
Les bennes vidées sur le côté du silo favorisent un silo concave
Le visionnage du chantier met en évidence la vidange des bennes sur le côté, et non au milieu, ce qui favorise la constitution d’un silo concave. De ce fait, le tasseur monte d’abord le maïs sur le côté avant de l’étaler vers le centre. « Cette forme concave conduit à un meilleur tassage des bordures. Les roues longent le mur et le tracteur se penche légèrement vers le centre, ce qui assure un travail de qualité sur les deux derniers mètres », décrypte le conseiller. Si les chauffeurs avaient benné au milieu, l’étalement serait parti du centre, aboutissant à un silo bombé, plus difficile à tasser sur les côtés. Il attribue à Gaëtan cette bonne gestion. « Il anticipe l’arrivée des bennes. Comme il assure la finition, il se positionne de façon à inciter les chauffeurs à aller vers le côté qu’il souhaite. »
Un tracteur à lame efficace
La vidéo confirme le travail efficace du tracteur à lame. Cette dernière crée des fines couches. Grâce au poids et à la puissance du tracteur, elles sont bien tassées. « Dans un silo très tassé, on peut stocker trois à quatre hectares de plus », rappelle Stanislas Desvois. Gaëtan maîtrise la lame : à la fin de la journée, le silo rectiligne ne réclame pas de nivellement avant le bâchage.
La hauteur des murs du silo
Les quatre associés veulent une hauteur qui dépasse légèrement celle des murs. « Notre principal objectif est un avancement rapide du front d’attaque. Elle est une garantie d’un meilleur tassage mais également de sécurité pour les deux chauffeurs », expliquent-ils. De plus, un silo de 2 mètres de haut limite les risques d’éboulement durant l’année.
Trois pistes d’amélioration
Une pente douce pour démarrer le silo
Le maïs-ensilage 2017 n’est pas totalement consommé. Fin septembre, il restait encore deux mois de stocks. Les associés ont décidé de confectionner le silo 2018 dans son prolongement. C’est par cette partie qu’ils l’entameront après avoir fini de distribuer le maïs 2017. La vidéo révèle que les quatre premiers mètres ne sont pas idéaux pour la transition alimentaire entre les deux fourrages, le second étant plus sec et moins riche en sucres que le premier. Le maïs y est monté en grosses couches et atteint rapidement les 2 mètres, au détriment du tassage. Il faut trouver l’explication dans la préparation du chantier. « L’un d’entre nous a eu un problème de santé huit jours avant le chantier. Nous avons eu seulement le temps de bâcher l’un des deux murs la veille. Les chauffeurs ont logiquement vidé les premières bennes du côté bâché puis ont complété l’autre partie une fois faite le lendemain matin. » Il aurait fallu étaler le front d’attaque du maïs 2017 sur 4 mètres et le recouvrir progressivement. Comme le Gaec désile 1 mètre de silo par semaine, la transition entre les deux maïs aurait pu se faire sur un mois (infographie page suivante). Pour qu’elle puisse malgré tout avoir lieu, Stanislas Desvois leur a conseillé de diviser en deux le front d’attaque et de décaler une partie par rapport à l’autre pour désiler les deux maïs. « Le 2018 étant adossé au 2017, il faut également être vigilant au risque d’éboulement lorsque le désilage atteindra la zone de passage entre les deux », conseille Stanislas Desvois
Alterner les tracteurs à lame et à fourche
Autre constat : les tracteurs à lame et à fourche restent toujours du même côté. « Les mesures de densité le diront mais il y a fort à parier que le côté « tracteur-lame » est plus tassé que le « tracteur-fourche », commente-t-il. Le premier est plus lourd et fait des couches plus fines. Le second est plus agile. Stanislas Desvois suggère de les alterner pour profiter de ces avantages et limiter l’effet de leurs défauts.
Un peu plus de puissance quand le rythme s’accélère
Si le poids cumulé des deux tracteurs rentre dans les clous des préconisations (2 tonnes par rang d’ensileuse), il ne suffit pas pour absorber les pics de défilé des bennes. Il faut en effet 400 kg de tracteur par tonne de matière sèche rentrant à l’heure. « Nous avions 21 tonnes alors que nous avions besoin de 22 tonnes en période de pointe », calcule le Gaec. Même si l’écart peut paraître minime, ce déficit de poids et de puissance se voit entre 17 h et 17 h 30. Le tracteur-fourche étale d’épaisses couches car l’équivalent de 70 tonnes de matière sèche par heure arrive. La solution réside dans un tracteur-fourche un peu plus puissant pour le prochain chantier.
Claire HuePour accéder à l'ensembles nos offres :